L’Etat, le Rif et le reste par Pr. Abdelmoughit B. TREDANO
L’Etat, le Rif et le reste:
entre les besoins socio-économiques et la théorie du complot …
Par : Pr. Abdelmoughit B. TREDANO
“L’art de gouverner et plus difficile que l’art de la politique
.Tant qu’on n’a pas de responsabilité, on peut multiplier les discours et
théoriser .Mais à l’heure de gouverner, il faut le faire en fonction de
l’argent disponible, des possibilités concrètes".
Luis Ignacio Da
Silva dit Lula (ancien président brésilien)
“Sous toutes les formes de gouvernement, un Etat peut prospérer
s’il est bien administré .On a vu des nations s’enrichir sous des monarchies
absolues, on en a vu se ruiner sous des conseils populaires"
Jean-Baptiste
Say, Economiste français (1767-1832)
Le mouvement de
contestation dans le Rif est entré dans son 7e mois ; il ne fait que
se compliquer davantage.
L’Etat emploie
tous les moyens (promesses, engagements et endiguement) pour l’apaiser et les
dirigeants du mouvement s’ingénient à le perdurer.
Ce face-à-face
dangereux, vu la faiblesse des moyens d’intermédiation, risque de déraper vers
le pire. Et cela n’est pas exclu.
Deux thèses
s’affrontent :
1- L’Etat qui
considère que le mouvement est animé par des intentions autres que le social et
l’économique (soutien étranger et velléités séparatistes), quand les dirigeants rifains ne font plus
confiance aux responsables gouvernementaux et attendent un signal fort de la
plus haute autorité de l’Etat.
Personne ne
sait jusqu’où chaque partie ne peut pas aller ; mais personne ne peut
éviter le dérapage de trop.
2- Le gouvernement
rappelle que l’essentiel des demandes a été satisfaite ; celles déjà
réalisée, celles qui sont en cours d’exécution et une troisième catégorie qui
demande du temps.
Dans ces
conditions pourquoi le mouvement dure ?
Il importe de
rappeler aux dirigeants de la contestation qu’il y a plusieurs Rifs dans le
Maroc d’aujourd’hui, 60 ans après son indépendance !!
La précarité,
la marginalité, et l’exclusion n’est pas le propre de la contrée de Khattabi.
Est-ce une
raison pour ne pas prendre en considération sérieusement des doléances de cette
population ? D’autant plus que la
province d’Al Hoceima retient moins l’attention de l’Etat que la Province de
Nador qui elle concentre l’essentiel des investissements publics affectés à
cette région du Maroc.
Est-ce une
raison pour laisser pourrir le mouvement 6 mois durant ?
Au fait, au-delà des problèmes concrets du Rif et d’ailleurs, il y
a un sentiment d’injustice et de la Hogra , diffus, ressenti mais de plus en
plus exprimé, chez les Rifains et toutes les populations des
différentes “ périphéries ″ et des
différents Maroc dit "inutiles″.
La plus grande
des injustices, c’est l’absence de l’école qui forme, qui éduque et entretient
le sentiment de la citoyenneté, de l’appartenance et de l’amour à la nation.
La plus grande
des injustices, c’est que le constat est fait depuis plus de vingt ans et rien de durable, de viable de
valable n’a été entrepris ; ni la COSEF et le conseil actuel ne peut répondre
au défi de la réforme. La réponse n’est pas technique mais politique.
La plus grande
des injustices c’est de laisser l’arabisation bâclée et faite au rabais, continuer
à faire des dégâts sans bouger le moindre petit doigt.
La plus grande
des injustices et la myopie politique, c’est de continuer à entretenir un système
politique où moins de 7 millions participent sur 26 en âge de voter.
La plus grande
des injustices, c’est l’accaparement des richesses par une petite minorité.
La plus grande
des injustices, c’est la généralisation de la corruption, de la rente et des prébendes.
Au temps du
net, de l’image et de la communication, cela ne peut continuer
indéfiniment.
Entre ceux qui
ne veulent rien changer et ceux qui veulent tout bousculer, le chemin de la
réforme existe. Il faut tout simplement le vouloir.
Entre la
stabilité et la réforme, il ne faut pas choisir mais les
réaliser toutes les deux ; la tâche est immense mais possible et
réalisable, si la volonté politique existe.
“ Les grandes
nations le sont parce qu’elles l’ont voulu", aimait dire le Général De
Gaule.
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