#Mahi Binebine est un peintre internationalement reconnu, également un sculpteur et un écrivain tout aussi talentueux, auteur notamment de dix romans. Certains -tel « Cannibales » (« Ed. Fayard 1999) – ont été traduits dans plus de dix langues . D’autres ont fait l’objet d’adaptation cinématographique. C’est le cas notamment pour « Les étoiles de Sidi Moumen » (Ed. Flammarion 2010) dont Nabil Ayouch a tiré un film qui a été sélectionné au Festival de Cannes en 2012, « Les Chevaux de Dieu« .
Avec « #le Fou du Roi »
(Ed. Stock) qui vient de paraître, Mahi Binebine nous offre sans doute
la clef essentielle de toute son œuvre de plasticien comme d’écrivain,
une souffrance jamais éteinte, apaisée mais indélébile. Celle d’une
famille écartelée entre un père -conteur et poète, fin lettré marrakchi,
devenu le « fou du Roi » l’intime de Hassan II, jusqu’à ces derniers
instants- et un fils ainé, Aziz, enfermé dans le lointain bagne-mouroir
de Tazmamart où le monarque avait décidé de laisser mourir, à petit feu
et dans le silence le plus absolu, les officiers qui avaient pris part à
la tentative de coup d’Etat de Skhirat en 1971.
Aziz Binebine en témoignera dans un livre poignant « #Tazmamort » (Ed. Denoël).
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D’un côté , un père courtisan d’un autocrate, durant trente-cinq ans « serviteur
dévoué, amuseur à l’imagination intarissable, consultant littéraire, sa
référence incontestée dans l’univers fabuleux de la poésie ». De
l’autre une mère, Mina, qui se tait mais ne renoncera jamais à attendre
ce fils, l’un des rares survivants de ces dix-huit longues années
d’enfermement absolu qui reviendra, incapable de marcher, soutenu par
deux gendarmes. Au milieu, les frères et soeurs, qui voient la Mère
mettre chaque jour l’assiette de l’absent. Tout autour le Maroc des
années de plomb, de la monarchie et du pouvoir absolu, le Makhzen, le
Palais. Là, écrit Mahi Binebine, « on entre au palais royal comme
dans une secte; l’adhésion est pleine entière, irréversible. Une fois
adepte, il n’y a plus de retour possible. Ou alors;… il se fait à
genoux. Ou bien les pieds devant« . Car, « c’est un pacte qu’on signe avec le diable ».
Le ton est donné, il est shakespearien. Sans rajout. Avec une rare finesse d’intelligence des mécanismes du pouvoir. De ce pouvoir, mais aussi de tout pouvoir, de cette « aveuglante et irrésistible lumière du pouvoir » à laquelle tant de courtisans succombent.
Le ton est donné, il est shakespearien. Sans rajout. Avec une rare finesse d’intelligence des mécanismes du pouvoir. De ce pouvoir, mais aussi de tout pouvoir, de cette « aveuglante et irrésistible lumière du pouvoir » à laquelle tant de courtisans succombent.
Roman familial, document sur une époque,
réflexion sur le pouvoir, les dérives et perversions qu’il induit
d’autant qu’il est plus absolu, chant d’amour et d’empathie dans une
famille que la haine et l’incompréhension auraient pu déchirer, « Le Fou
du Roi » est un livre intense, superbement écrit, jamais triste, qui
atteste de la riche contribution que les écrivains du Maghreb –
notamment marocains- apportent à la vitalité de la langue française.
Illustration: Mahi Binebine, Le Cercle. 2015 – Bronze
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