L’ancienne
cité minière avait été secouée par un mouvement de protestation après
la mort de deux mineurs dans des puits abandonnés.
La justice marocaine a condamné neuf personnes à des peines allant de trois à cinq ans de prison ferme, en lien avec le mouvement de protestation dans l’ancienne cité minière de Jerada, dans le nord-est du pays, a-t-on appris auprès de leur avocat, vendredi 9 novembre.
Le tribunal de première instance d’Oujda a condamné jeudi cinq
d’entre eux à cinq ans de prison ferme et quatre autres à trois ans,
notamment pour « destruction de bien publics, incitation à commettre des crimes et délits ou participation à une manifestation non autorisée »,
a dit à l’AFP leur avocat, Abdelhak Benkada. Tous étaient incarcérés
depuis mi-mars à la suite d’affrontements lors d’une manifestation
interdite ayant fait 312 blessés chez les forces de l’ordre et 32 chez
les protestataires, selon un bilan officiel.
Trois prévenus comparaissant libres ont par ailleurs écopé de peines allant d’un à six mois de prison avec sursis, a précisé Me Benkada.
95 personnes arrêtées
La ville sinistrée de Jerada a été secouée par un mouvement de
protestation après la mort de deux mineurs dans des puits abandonnés,
fin décembre 2017, suivie de deux autres décès accidentels dans des
conditions similaires. Mercredi, un jeune de 18 ans est décédé après
l’effondrement d’un puits de charbon désaffecté à Jerada, où il était
descendu chercher du charbon.
Face aux protestations, qui ont duré de décembre 2017 à avril 2018, les autorités avaient annoncé une série de mesures pour relancer l’économie locale, promis de fermer les puits abandonnés, avec un plan de reconversion pour les mineurs clandestins, et interdit toute « manifestation illégale ». Selon Me Benkada, 95 personnes ont à ce jour été arrêtées à la suite de ces manifestations, dont 25 ont déjà été jugées.
Avant la fermeture à la fin des années 1990 d’une importante mine
jugée non rentable, l’activité minière employait quelque 9 000 ouvriers
et constituait la principale source économique de Jerada. Les habitants
réclamaient depuis une alternative aux mines clandestines, dans
lesquelles s’aventurent des centaines de mineurs pour extraire du charbon de façon artisanale, afin de le vendre à des négociants locaux, surnommés localement les « barons » et dotés de permis de commercialisation.
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