La chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca a décidé, en fin de journée de ce mardi, de reporter les audiences d’Omar Radi et de Soulaimane Raïssouni au 22 juin. Tenues simultanément aux 7e et 8e chambres du tribunal, les séances de ce 15 juin n’ont pu se dérouler jusqu’au bout, l’état de santé des deux journalistes ne permettant pas leur comparution, rapporte leur entourage.
Prévue dans la mi-journée, l’audience de Raïssouni n’a pu commencer qu’en milieu d’après-midi. Durant les heures d’attente, ses proches ont exprimé leurs inquiétudes sur les versions contradictoires au sujet de son état de santé et de sa capacité à faire acte de présence au tribunal. A la suite d’une visite des avocats de la défense en prison, le 9 juin dernier, son comité de soutien a alerté que le journaliste risquait une insuffisance rénale, voire des complications pouvant causer un arrêt cardiaque.
A son 69e jour de grève de la faim aujourd’hui, il aurait «refusé» de faire acte de présence, selon le procureur. A ce sujet, un document de la direction de la prison d’Oukacha et un rapport médical ont été présentés en début d’audience, soulignant que l’ancien rédacteur en chef d’Akhbar Al Yaoum pouvait tenir debout. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, le procureur général du roi près la Cour d’appel de Casablanca a insisté que «le concerné à l'origine des retards des procédures de sa poursuite et de l’examen de son dossier, avec des reports à sa demande et sous différents prétextes».
Pour sa part, la défense de Soulaimane Raïssouni a soutenu que le concerné avait fait parvenir «une lettre manuscrite» soulignant son incapacité de parler, de se concentrer ou d’assister au tribunal, ce que les avocats ont considéré différent du refus. Dans ce sens, une expertise médicale indépendante a été requise. Après ce report, ses soutiens ont rapporté qu’une demande de liberté provisoire, la douzième du genre, avait été rejetée.
Parallèlement, la séance d’Omar Radi prévue ce mardi a été consacrée aux réponses du parquet à la suite des requêtes et des interventions de la défense, ainsi qu’aux réponses sur les vices de procédure. Les avocats de la partie civile ont notamment défendu le droit de la plaignante à ne pas faire acte de présence, avant que les tensions ne conduisent à des altercations verbales entre les représentants des deux parties. L’audience a finalement été reportée au 22 juin également.
En détention depuis mai 2020, Soulaimane Raïssouni est poursuivi sur la base d’une plainte d’un jeune homme, qui s’est dit victime d’agression sexuelle. Pour sa part, Omar Radi, incarcéré depuis juillet 2020, est poursuivi pour viol et attentat à la pudeur, sur sa collègue au site Le Desk. Parallèlement, il est visé pour un dossier de soupçons de «financements étrangers» et «atteinte à la sécurité de l’Etat».
Ce mardi, le Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs de la presse, des médias, de la culture et du spectacle en France a exprimé son soutien aux deux journalistes, réclamant «leur libération immédiate et sans condition, ainsi que l’abandon des poursuites». Pour sa part, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a indiqué avoir adressé une lettre au roi Mohammed VI, pour «la libération immédiate du journaliste Soulaimane Raïssouni, dont l’état de santé extrêmement préoccupant nécessite des soins immédiats».
Par ailleurs, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé avoir saisi Irene Khan, rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression pour les Nations unies depuis août 2020, ancienne secrétaire générale d’Amnesty international entre 2001 et 2010, au sujet des deux journalistes.
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