© AFP 2021 FADEL SENNA
Le
magazine politique américain Foreign Policy a publié une analyse sur la
crise que traverse la diplomatie au Maroc. Samia Errazzouki,
journaliste marocaine et doctorante à l’université de Californie, estime
que Rabat ne jouit plus du soutien indéfectible de Washington. Le
responsable de ce marasme serait le chef de la diplomatie Nasser
Bourita.
Contrairement
à l’image véhiculée par les autorités et les médias du Maroc, la
diplomatie de l’unique royaume du Maghreb traverse une véritable crise.
C’est en tout cas ce qu’affirme Samia Errazzouki dans une analyse
publiée mardi 4 janvier 2022 dans le magazine politique américain
Foreign Policy. Journaliste et cofondatrice du collectif féministe
Khmissa, Samia Errazzouki est actuellement doctorante en histoire à
l’université de Californie à Davis. C’est sous cette casquette
d’universitaire qu’elle a rédigée cette analyse qui s’appuie sur une
série d’événements et d’éléments qui prouvent, selon elle, que la
diplomatie marocaine s’est empêtrée dans un "bourbier" (morass dans le titre anglais).
"Pendant
longtemps, le Maroc a été le chouchou des cercles politiques de
Washington. Le pays est souvent salué comme le premier à avoir reconnu
l'indépendance des États-Unis [en 1777, ndlr], et peu de choses ont fait
obstacle aux relations maroco-américaines depuis. Les efforts de
lobbying du royaume n'ont historiquement pas nécessité beaucoup de
travail pour convaincre les législateurs américains des deux bords
[républicains et démocrates, ndlr] d'adopter une législation alignée sur
ses intérêts. Aujourd'hui, cependant, le consensus bipartite autrefois
inébranlable des États-Unis sur le Maroc s'est éloigné du principe du
soutien indéfectible", écrit Samia Errazzouki.
La colère de Trump
Selon elle, la reconnaissance de
la "marocanité du Sahara occidental" par l’ex-Président Donald Trump
n’a été qu’un simple détail dans la relation entre les deux pays. "Malgré
la volte-face de Washington sur le Sahara occidental, l'ancien chouchou
des cercles politiques américains est plus isolé que jamais", note
l’universitaire. Samia Errazzouki considère que les soucis de Rabat ont
débuté durant de la campagne présidentielle américaine de 2016, lorsque
"le roi Mohammed VI avait promis 12 millions de dollars à la Fondation Clinton en 2015". Le monarque s’était donc opposé à Donald Trump.
"Pendant
toute la durée du mandat présidentiel de Trump, il n'a eu aucune
réunion officielle avec le roi Mohammed VI. L’unique fois où des deux
chefs d'État étaient proches c’était en 2018 lors de la cérémonie du
centenaire de l'armistice en France lorsque leurs images sont devenues
virales: Trump regardait alors Mohammed VI assoupi", ironise-t-elle.
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