1er Mai. Le mouvement social ne tourne pas la page
Inondant les villes françaises, 2,3 millions de manifestants ont rappelé, lors d’un 1er Mai enthousiaste, leur opposition à la réforme. Une démonstration de force alors que le gouvernement rêve de l’effondrement de la mobilisation.
Emmanuel Macron espérait sans doute que la promulgation de sa loi – instaurant le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite – signerait une bonne fois pour toutes la fin du mouvement social, vieux de quatre mois et de treize journées de mobilisation.
Le gouvernement s’est d’ailleurs déjà attaché à dérouler son agenda social et politique, tentant d’enterrer la hache de guerre. C’était compter sans la détermination intacte des Français, pleinement engagés à faire tomber le texte délétère par la grève et la manifestation.
Un 1er Mai « historique », « trente ans qu’il n’y a pas eu d'aussi fort dans notre pays »
Malgré sa – vaine – tentative d’« apaisement », le président de la République a obtenu comme réponse à son terrible entêtement une déferlante de manifestants partout en France, faisant de ce 1er Mai, Journée internationale des travailleuses et travailleurs, un jalon d’ampleur dans la lutte contre la réforme. « On a un 1er Mai historique, je peux le dire », a glissé Laurent Berger, de la CFDT, dans le cortège parisien. « Ça fait au moins trente ans qu’il n’y a pas eu de 1er Mai aussi fort dans notre pays », confirme son homologue de la CGT, Sophie Binet.
Selon l’intersyndicale, 100 000 personnes ont en effet battu le pavé à Toulouse, autant qu’à Bordeaux. À Brest, ce sont 33 000 personnes qui se sont élancées contre la réforme du gouvernement ; elles étaient 20 000 à Caen et 48 000 à Grenoble. Paris, avec 550 000 manifestants, flirte avec les records. Échauffés par plusieurs semaines de casserolades, 2,3 millions de manifestants en tout, selon la CGT, ont su faire de cette date une démonstration de force.
Beaucoup de manifestants ont en tête le précédent du CPE
Massifs, joyeux et familiaux, les défilés ont toutefois été la scène de quelques tensions et affrontements entre black blocs et policiers. À Nantes ou Lyon, des dégradations et interpellations se sont produites aux alentours des manifestations. À Paris également, des échauffourées – violentes mais courtes – se sont déroulées en tête de cortège.
Visé par quelques personnes à l’avant du défilé, le stand du PCF a même été la cible d’un tir d’un objet explosif. Ces épisodes n’ont pas entaché la ténacité des participants à ce 1er Mai unitaire, le premier depuis 2009. Après cette journée placée sous le signe de la lutte déterminée, enthousiaste et festive, les regards sont tournés vers la suite.
Beaucoup de manifestants ont en tête le précédent du contrat première embauche (CPE) en 2006, et le retrait du texte obtenu à force de manifestations. Une proposition de référendum d’initiative partagée (RIP), visant à conserver l’âge de départ à la retraite à 62 ans, sera également examinée par le Conseil constitutionnel, mercred 3 mai.
À Paris, des militants PCF touchés par les tirs de mortier des black blocs
Le stand du PCF a été pris à partie par les black blocs, lors de la manifestation du 1er Mai à Paris. « Ils ont lancé des feux d’artifice et des tirs de mortier en ciblant directement deux de nos stands. Nous avons reçu des éclats de tirs. Ian Brossat, porte-parole du PCF, a été brûlé à la main. Il y a eu une bousculade et deux militants âgés ont été conduits aux urgences », raconte Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe communiste au Conseil de Paris. Ces violences ont eu lieu alors que l’accueil-sécurité des communistes s’était en partie dispersé dans les stands pour se protéger des fortes pluies. Les forces de police ont reculé devant les black blocs avant que l’affrontement n’explose devant les tables du PCF. Les black blocs ont alors crié des slogans hostiles à Fabien Roussel, secrétaire national du parti : « Non, Roussel n’est pas un camarade » et « Tout le monde déteste Fabien Roussel ». Cette attaque contre les stands du PCF, très engagé dans la bataille contre la réforme des retraites, confirme le comportement contre-productif et violent des black blocs dans les manifestations.
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