Marouane Tabet, H24 Info, 26/12/2024
Said Aït Mehdi, président de la «Coordination des victimes du séisme d'Al-Haouz», lors d'une conférence organisée par le Parti marocain libéral à Rabat. © DR
Said Aït Mehdi, président de la «Coordination des
victimes du séisme d’Al Haouz», va comparaître devant la justice lundi
prochain à Marrakech
Cette comparution fait suite à une décision du procureur du Roi près le tribunal de première instance de la ville, qui a ordonné son maintien en détention et son incarcération à la prison d’Oudaya.
Said Aït Mehdi est poursuivi en raison de plusieurs plaintes déposées contre lui, notamment pour «agression physique et verbale d’un agent de l’autorité lors de l’exécution de ses missions dans le cadre du recensement des populations», «attaque contre le bureau du vice-président de la commune de Talat N’Yaaqoub», «diffamation et injures à l’encontre du gouverneur de la province d’Al Haouz» et «incitation à des manifestations et rassemblements non autorisés».
La prolongation de sa détention a ravivé le débat parmi les observateurs et les acteurs de la société civile suivant le dossier de la reconstruction dans les zones affectées par le séisme d’Al Haouz. La Coalition civile pour la montagne (CCM) a révélé que l’arrestation de l’activiste, surnommé «Saïd Am-Marrakchi», a eu lieu dimanche dernier dans son village natal de Tadfilt, dans la commune d’Ighil, par la Gendarmerie royale d’Asni.
«Saïd était la voix des opprimés, des victimes du séisme, et il est désormais lui-même victime des restrictions de son droit légitime à s’exprimer et à défendre les droits des populations sinistrées», déplore la CCM, soulignant que «le seul « crime » de l’activiste Saïd Aït Mehdi est d’avoir participé sans tarder aux manifestations pacifiques devant la préfecture de la province d’Al Haouz à Tahanaout et devant le Parlement».
« Une indemnisation équitable »
La coalition considère qu’Aït Mehdi «ne demandait que ce qu’il considérait être un droit légitime pour les victimes: une indemnisation équitable, ainsi que la justice sociale et spatiale, qui ont fait défaut après la catastrophe». Lors de sa participation à la conférence en ligne organisée par la Coalition, la veille de son arrestation, il avait annoncé qu’il serait convoqué lundi 23 décembre devant les autorités suite à une «plainte mystérieuse», avant d’être arrêté avant même de répondre à cette convocation.
La CCM exprime sa solidarité avec Aït Mehdi, réaffirmant que la solution réside dans l’écoute et dans l’adoption du dialogue avec les populations des zones montagneuses sinistrées, et non dans le fait de museler leurs voix. Elle appelle ainsi les responsables à faire preuve de sagesse, car la situation actuelle nécessite du courage pour corriger les dysfonctionnements qui entravent le processus de reconstruction et garantir la justice pour les victimes, en plus de demander la libération immédiate d’Aït Mehdi.
Une minorité a reçu 140.000 dirhams
Dans une déclaration à la presse, le coordinateur national de la CCM, Mohammed Dich, qui suit le dossier du séisme depuis 15 mois, a affirmé que «l’escalade dans ce dossier à de tels niveaux ne fait qu’aggraver la situation, car il s’agit principalement d’un des militants qui tentait de faire entendre la voix des habitants touchés par le séisme du 8 septembre 2023 auprès des autorités et de veiller à ce que tout le monde en bénéficie».
Il a ajouté qu’il est préférable «de privilégier le principe du dialogue et de l’écoute des victimes de la catastrophe naturelle dans plusieurs zones où la souffrance est encore évidente et ne peut être niée», en précisant que «le rythme des travaux reste lent, et les victimes vivent aujourd’hui un hiver particulièrement rigoureux».
Le coordinateur national a enfin lancé une bombe en soulignant: «Nous constatons également qu’une minorité des victimes a bénéficié des 140.000 dirhams mentionnés dans le communiqué royal du 14 septembre 2023. La majorité a reçu 80.000 dirhams, tandis que d’autres n’ont rien reçu».
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