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lundi 30 juin 2025

KENNETH WALTZ
Pourquoi l’Iran devrait obtenir la bombe
L’équilibre nucléaire serait synonyme de stabilité


Kenneth N. Waltz, Foreign Affairsjuillet/août 2012

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Cet article, paru en juillet 2012 alors que le troisième round de négociations venait de sachever à Moscou entre l’Iran et le groupe dit P5+1 (USA, Russie, Chine, Allemagne, France, Royaume-Uni) avait, lors de sa publication par la prestigieuse revue Foreign Affairs, suscité bien des controverses. Or, à le lire aujourd’hui, on ne peut que constater qu’il relève d'un certain bon sens dystopique mais somme toute réaliste. Son auteur, mort en 2013 à 89 ans, était un théoricien des relations internationales, fondateur du courant dit néoréaliste dans les sciences politiques aux USA. Un article qui n’a rien perdu de son actualité.-FG

 

Carlos Latuff, 2012

Ces derniers mois ont été marqués par un débat houleux sur la meilleure façon pour les USA et Israël de répondre aux activités nucléaires de l’Iran. Alors que le débat faisait rage, les USA ont renforcé leur régime de sanctions, déjà musclé, à l’encontre de la République islamique, et l’Union européenne a annoncé en janvier qu’elle commencerait à imposer un embargo sur le pétrole iranien à partir du 1er juillet. Bien que les USA, l’Union européenne et l’Iran soient récemment revenus à la table des négociations, un sentiment palpable de crise plane toujours.


Bibi après les bombardements sur l’Iran : “ ça pourrait signifier la fin du régime
Ben-Gvir : “Il parle bien de l’Iran, hein ?
Smotrich :“Oui, oui
Dessin de David Rowe, The Australian Financial Review, 17/6/2025

Cela ne devrait pas être le cas. La plupart des commentateurs et des décideurs usaméricains, européens et israéliens avertissent qu’un Iran doté de l’arme nucléaire serait la pire issue possible de l’impasse actuelle. En fait, il s’agirait probablement de la meilleure issue possible : celle qui est la plus susceptible de restaurer la stabilité au Moyen-Orient.

LA PUISSANCE NE DEMANDE QU’À ÊTRE ÉQUILIBRÉE

La crise liée au programme nucléaire iranien pourrait prendre fin de trois manières différentes. Tout d’abord, la diplomatie associée à des sanctions sévères pourrait convaincre l’Iran d’abandonner sa quête de l’arme nucléaire. Mais ce résultat est peu probable : l’histoire montre qu’il est rarement possible de dissuader un pays de se doter d’armes nucléaires. Punir un État par des sanctions économiques ne fait pas inexorablement dérailler son programme nucléaire. Prenons l’exemple de la Corée du Nord, qui a réussi à fabriquer ses armes en dépit d’innombrables séries de sanctions et de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Si Téhéran décide que sa sécurité dépend de la possession d’armes nucléaires, il est peu probable que les sanctions le fassent changer d’avis. En fait, l’ajout de sanctions supplémentaires aujourd’hui pourrait faire en sorte que l’Iran se sente encore plus vulnérable, ce qui lui donnerait encore plus de raisons de rechercher la protection de la force de dissuasion ultime.

La deuxième possibilité est que l’Iran ne teste pas d’arme nucléaire mais développe une capacité de rupture [breakout capability, capacité de sortir de l’état de désarmement nucléaire], c’est-à-dire la capacité de construire et de tester une arme nucléaire assez rapidement. L’Iran ne serait pas le premier pays à se doter d’un programme nucléaire sophistiqué sans construire de véritable bombe. Le Japon, par exemple, dispose d’une vaste infrastructure nucléaire civile. Les experts estiment qu’il pourrait produire une arme nucléaire à brève échéance.

Une telle capacité pourrait satisfaire les besoins politiques internes des dirigeants iraniens en assurant aux partisans de la ligne dure qu’ils peuvent bénéficier de tous les avantages de la bombe (comme une plus grande sécurité) sans les inconvénients (comme l’isolement et la condamnation de la communauté internationale). Le problème est qu’une capacité de rupture pourrait ne pas fonctionner comme prévu.

Les USA et leurs alliés européens sont principalement préoccupés par la militarisation, et pourraient donc accepter un scénario dans lequel l’Iran ne parviendrait pas à se doter d’une arme nucléaire. Israël, en revanche, a clairement indiqué qu’il considérait une capacité d’enrichissement iranienne significative comme une menace inacceptable. Il est donc possible qu’un engagement vérifiable de l’Iran à ne pas se doter d’une arme puisse apaiser les grandes puissances occidentales mais laisser les Israéliens insatisfaits. Israël serait moins intimidé par une arme nucléaire virtuelle que par une arme réelle et poursuivrait donc probablement ses efforts risqués de subversion du programme nucléaire iranien par le sabotage et l’assassinat, ce qui pourrait amener l’Iran à conclure qu’une capacité de rupture est finalement un moyen de dissuasion insuffisant et que seul l’armement peut lui apporter la sécurité qu’il recherche.

La troisième issue possible de l’impasse est que l’Iran continue sur sa lancée et devienne publiquement nucléaire en testant une arme. Les responsables usaméricains et israéliens ont déclaré que cette issue était inacceptable, arguant du fait qu’un Iran nucléaire constituait une perspective particulièrement terrifiante, voire une menace existentielle. Ce langage est typique des grandes puissances, qui se sont historiquement énervées chaque fois qu’un autre pays a commencé à développer sa propre arme nucléaire. Pourtant, jusqu’à présent, chaque fois qu’un autre pays a réussi à se frayer un chemin dans le club nucléaire, les autres membres ont toujours changé d’avis et décidé de s’en accommoder. En fait, en réduisant les déséquilibres en matière de puissance militaire, les nouveaux États nucléaires renforcent généralement la stabilité régionale et internationale, au lieu de la réduire.


Équilibre fragile, par Thiago Lucas, Brésil

Le monopole nucléaire régional d’Israël, qui s’est avéré remarquablement durable au cours des quatre dernières décennies, a longtemps alimenté l’instabilité au Moyen-Orient. Il n’existe dans aucune autre région du monde un État nucléaire isolé et incontrôlé. C’est l’arsenal nucléaire d’Israël, et non le désir de l’Iran d’en avoir un, qui a le plus contribué à la crise actuelle. Après tout, la puissance ne demande qu’à être équilibrée. Ce qui est surprenant dans le cas israélien, c’est qu’il ait fallu tant de temps pour qu’un équilibreur potentiel émerge.

Bien entendu, il est facile de comprendre pourquoi Israël veut rester la seule puissance nucléaire de la région et pourquoi il est prêt à recourir à la force pour garantir ce statut. En 1981, Israël a bombardé l’Irak pour éviter que son monopole nucléaire ne soit remis en cause. Il a fait de même avec la Syrie en 2007 et envisage maintenant une action similaire contre l’Iran. Mais les actes qui ont permis à Israël de conserver son avantage nucléaire à court terme ont prolongé un déséquilibre insoutenable à long terme. La capacité avérée d’Israël à frapper impunément ses rivaux nucléaires potentiels a inévitablement incité ses ennemis à développer les moyens d’empêcher Israël de recommencer. Ainsi, les tensions actuelles ne doivent pas être considérées comme les premières étapes d’une crise nucléaire iranienne relativement récente, mais plutôt comme les dernières étapes d’une crise nucléaire qui dure depuis des décennies au Moyen-Orient et qui ne prendra fin que lorsque l’équilibre des forces militaires sera rétabli.

DES CRAINTES INFONDÉES

L’une des raisons pour lesquelles le danger d’un Iran nucléaire a été largement exagéré est que le débat qui l’entoure a été faussé par des inquiétudes mal placées et des malentendus fondamentaux sur la manière dont les États se comportent généralement dans le système international. La première préoccupation majeure, qui sous-tend de nombreuses autres, est que le régime iranien est intrinsèquement irrationnel. Malgré l’idée largement répandue du contraire, la politique iranienne n’est pas le fait de “mollahs fous”, mais d’ayatollahs parfaitement sains d’esprit qui veulent survivre, comme n’importe quel autre dirigeant. Bien que les dirigeants iraniens se laissent aller à une rhétorique incendiaire et haineuse, ils ne montrent aucune propension à l’autodestruction. Les décideurs politiques des USA et d’Israël commettraient une grave erreur s’ils pensaient le contraire.

Pourtant, c’est précisément ce que de nombreux responsables et analystes usaméricains et israéliens ont fait. Présenter l’Iran comme un pays irrationnel leur a permis d’affirmer que la logique de la dissuasion nucléaire ne s’appliquait pas à la République islamique. Si l’Iran se dote d’une arme nucléaire, préviennent-ils, il n’hésitera pas à l’utiliser dans une première frappe contre Israël, même si, ce faisant, il s’expose à des représailles massives et risque de détruire tout ce qui est cher au régime iranien.

Bien qu’il soit impossible d’être certain des intentions iraniennes, il est beaucoup plus probable que si l’Iran souhaite se doter d’armes nucléaires, c’est pour assurer sa propre sécurité et non pour améliorer ses capacités offensives (ou s’autodétruire). L’Iran peut se montrer intransigeant à la table des négociations et défiant face aux sanctions, mais il agit toujours pour assurer sa propre préservation. Les dirigeants iraniens n’ont par exemple pas tenté de fermer le détroit d’Ormuz, bien qu’ils aient lancé des avertissements fanfarons à ce sujet après l’annonce par l’UE de son projet d’embargo pétrolier en janvier. Le régime iranien a clairement conclu qu’il ne voulait pas provoquer ce qui aurait certainement été une réponse usaméricaine rapide et dévastatrice à une telle action.

Néanmoins, même certains observateurs et décideurs politiques qui admettent que le régime iranien est rationnel craignent qu’une arme nucléaire ne l’enhardisse, en fournissant à Téhéran un bouclier qui lui permettrait d’agir de manière plus agressive et d’accroître son soutien au terrorisme. Certains analystes craignent même que l’Iran ne fournisse directement des armes nucléaires aux terroristes. Le problème de ces inquiétudes est qu’elles contredisent les antécédents de tous les autres États dotés d’armes nucléaires depuis 1945. L’histoire montre que lorsque des pays acquièrent la bombe, ils se sentent de plus en plus vulnérables et prennent conscience que leurs armes nucléaires font d’eux une cible potentielle aux yeux des grandes puissances. Cette prise de conscience décourage les États nucléaires d’agir de manière audacieuse et agressive. La Chine maoïste, par exemple, est devenue beaucoup moins belliqueuse après avoir acquis des armes nucléaires en 1964, et l’Inde et le Pakistan sont tous deux devenus plus prudents depuis qu’ils se sont dotés de l’arme nucléaire. Il y a peu de raisons de croire que l’Iran sortira de ce moule.

En ce qui concerne le risque de transfert à des terroristes, aucun pays ne pourrait transférer des armes nucléaires sans courir un risque élevé d’être découvert. Les capacités de surveillance des USA constitueraient un obstacle sérieux, tout comme leur capacité impressionnante et croissante à identifier la source des matières fissiles. En outre, les pays ne peuvent jamais contrôler entièrement ni même prévoir le comportement des groupes terroristes qu’ils soutiennent. Une fois qu’un pays comme l’Iran aura acquis une capacité nucléaire, il aura toutes les raisons de maintenir un contrôle total sur son arsenal. Après tout, la fabrication d’une bombe est coûteuse et dangereuse. Il serait insensé de transférer le produit de cet investissement à des parties qui ne sont pas dignes de confiance ou qui ne peuvent pas être gérées.

Une autre crainte souvent évoquée est que si l’Iran obtient la bombe, d’autres États de la région lui emboîteront le pas, ce qui entraînera une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient. Mais l’ère nucléaire a maintenant près de 70 ans et, jusqu’à présent, les craintes de prolifération se sont révélées infondées. Au sens propre, le terme “prolifération” signifie une propagation rapide et incontrôlée. Rien de tel ne s’est produit ; en fait, depuis 1970, l’émergence d’États nucléaires s’est nettement ralentie. Il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que cette tendance change maintenant. Si l’Iran devenait la deuxième puissance nucléaire du Moyen-Orient depuis 1945, ce ne serait pas le début d’un glissement de terrain. Lorsqu’Israël a acquis la bombe dans les années 1960, il était en guerre avec nombre de ses voisins. Ses armes nucléaires représentaient une menace bien plus grande pour le monde arabe que le programme iranien ne l’est aujourd’hui. Si un Israël atomique n’a pas déclenché de course aux armements à l’époque, il n’y a aucune raison pour qu’un Iran nucléaire le fasse aujourd’hui.

LE REPOS ASSURÉ

En 1991, l’Inde et le Pakistan, rivaux historiques, ont signé un traité par lequel ils s’engageaient à ne pas prendre pour cible leurs installations nucléaires respectives. Ils ont compris que l’instabilité engendrée par les défis lancés à la dissuasion nucléaire de leur adversaire était bien plus inquiétante que cette dernière. Depuis lors, même face à de fortes tensions et à des provocations risquées, les deux pays ont maintenu la paix. Israël et l’Iran feraient bien de tenir compte de ce précédent. Si l’Iran se dote de l’arme nucléaire, Israël et l’Iran se dissuaderont mutuellement, comme l’ont toujours fait les puissances nucléaires. Il n’y a jamais eu de guerre totale entre deux États dotés de l’arme nucléaire. Une fois que l’Iran aura franchi le seuil nucléaire, la dissuasion s’appliquera, même si l’arsenal iranien est relativement petit. Aucun autre pays de la région ne sera incité à acquérir sa propre capacité nucléaire, et la crise actuelle se dissipera enfin, conduisant à un Moyen-Orient plus stable qu’il ne l’est aujourd’hui.

C’est pourquoi les USA et leurs alliés ne doivent pas se donner tant de mal pour empêcher les Iraniens de développer une arme nucléaire. La diplomatie entre l’Iran et les grandes puissances doit se poursuivre, car des lignes de communication ouvertes permettront aux pays occidentaux de mieux s’accommoder d’un Iran nucléaire. Mais les sanctions actuelles contre l’Iran peuvent être abandonnées : elles nuisent principalement aux Iraniens ordinaires et ne servent pas à grand-chose.

Plus important encore, les décideurs politiques et les citoyens du monde arabe, de l’Europe, d’Israël et des USA devraient être rassurés par le fait que l’histoire a montré que l’émergence de capacités nucléaires s’accompagne d’une stabilité accrue. En matière d’armes nucléaires, aujourd’hui comme hier, le plus peut être le mieux.

Pour un autre son de cloche, lire sur le même thème


“Zero Nukes”, la pièce centrale de l'exposition Amnesia Atómica NYC, de l'artiste Pedro Reyes, New York 2022, Mexico 2024

dimanche 29 juin 2025

Panique à l’aéroport de Bologne : un Marocain échappe à l’expulsion

Cette vidéo fait le buzz sur les médias en ligne italiens et internationaux depuis samedi 28 juin: elle montre un Marocain en voie d'expulsion se faisant la malle sur la piste de l'aéroport Marconi de Bologne et échappant aux policiers lancés à sa poursuite. Le ministère de l'Intérieur italien devrait dispenser des formations à la course dans les dunes de sable à ses fonctionnaires...


Voici ce que rapportent les médias italiens :

Il s’enfuit avant l’embarquement à Marconi pour éviter l’expulsion : il est recherché. Deux vols détournés

L’homme, un Marocain de 29 ans, a mis le feu à des broussailles pour semer les agents qui le poursuivaient. Conséquences pour le trafic aérien

BOLOGNE – Un Marocain de 29 ans, faisant l’objet d’une mesure d’expulsion, qui était sur le point d’être embarqué dans un avion pour être raccompagné dans son pays d’origine, a réussi à échapper aux contrôles des agents de police et à s’enfuir. Tout s’est passé peu après 18 heures samedi à l’aéroport Marconi de Bologne, lorsque, quelques minutes avant l’embarquement, l’homme s’est enfui en courant le long d’une des pistes de l’aéroport.

Pour tenter de semer les agents, l’homme a mis le feu à des broussailles. L’incendie a été immédiatement maîtrisé par les pompiers, mais cette diversion lui a permis de s’éloigner.

Des désagréments pour les voyageurs

Les vols ont subi quelques retards, car de 18 heures à 18 h 30, l’activité a été suspendue par mesure de précaution. Une fois les flammes éteintes, tout est revenu à la normale, mais à la suite du blocage, plusieurs vols ont enregistré des retards et deux, l’un en provenance d’Istanbul et l’autre de Palerme, ont été détournés et ont atterri respectivement à l’aéroport de Rimini et à celui de Forlì.

Le fugitif venait du CPR* de Gradisca

La police est toujours à la recherche du jeune homme de 29 ans. Il avait été retrouvé fin mai à Venise, sans permis de séjour. Il avait donc été expulsé, sur ordre du préfet de Venise, et conduit au CPR de Gradisca. Samedi, il a été conduit de Gradisca à Bologne par le personnel de la préfecture de police de Gorizia et a réussi à s’échapper alors qu’il s’apprêtait à monter dans l’avion.

 *Les Centri di permanenza per i rimpatri sont les centres de rétention d’étrangers en instance d’expulsion, institués par la “gauche” en 1998 sous le nom de Centri di Permanenza Temporanea et rebaptisés Centri di Identificazione ed Espulsione en 2002. Le gouvernement Meloni a allongé en 2023 la durée maximale de rétention à 18 mois et introduit une "innovation" : l’étranger en attente d’expulsion peut rester en liberté s’il paie une somme de 4 938 € [+ 52 000 Dirhams marocains]...

samedi 28 juin 2025

Durable pour qui ?
Énergie renouvelable, écoblanchiment, et justice environnementale sous occupation

Le rapport de l’Observatoire Sahraoui des Ressources Naturelles et de la Protection de l'Environnement [Sahrawi Observatory for Natural Resources and Environmental Protection, SONREP], qui vient de paraître en arabe et en anglais, fournit une analyse complète de l'exploitation continue par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental, en se concentrant sur les projets d'énergie renouvelable à grande échelle. Ces activités constituent une violation du droit international et renforcent l'occupation illégale du Maroc. Le rapport examine les implications juridiques des décisions judiciaires clés, y compris l'arrêt du 4 octobre 2024 de la Cour de justice de l'Union européenne, qui a réaffirmé que les accords UE-Maroc ne peuvent légalement s'appliquer au Sahara occidental sans le consentement explicite de son peuple. De plus, il souligne la décision de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, qui a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et a condamné l'exploitation continue des ressources par le Maroc dans le territoire occupé du Sahara occidental.

Au-delà des dimensions légales, le rapport explore les conséquences économiques et environnementales plus larges de ces activités extractives, y compris leur impact sur les systèmes écologiques mondiaux et les moyens de subsistance locaux. En outre, il évalue de manière critique le rôle des mécanismes financiers internationaux et de la complicité des entreprises dans le maintien de ces projets. À la lumière de ces conclusions, le rapport souligne le besoin urgent de se conformer au droit international et appelle au retrait immédiat des entreprises et des investissements étrangers qui contribuent à l'occupation du Sahara occidental par le Maroc.

vendredi 27 juin 2025

Sahrawi Observatory exposes in new report: Renewable energy in Western Sahara as a tool for cementing occupation and resource plunder

 

Geneva (Switzerland) 24 June 2025 (SPS) – The Sahrawi Observatory for Natural Resources and Enviromental Protection (SONREP) launched its new annual report today under the title: “Sustainability for Whom? Renewable Energy and Environmental Justice under Occupation,” during an international virtual conference gathering experts in law and environment alongside civil society representatives from across the globe.


The report highlights the rapid expansion of renewable energy projects in the occupied Western Sahara, warning that these projects are strategically used by the Moroccan occupying power to entrench its illegal control over the territory, flagrantly disregarding the environmental and political rights of the Sahrawi people.

The report confirms that these projects, which include wind farms, solar energy installations, and green hydrogen production initiatives, are implemented without the consent of the Sahrawi people, constituting a clear violation of international law and key rulings by the European Court of Justice and the African Court on Human and Peoples’ Rights.

These rulings have emphatically reaffirmed that Morocco holds no legitimate sovereignty over Western Sahara and that any agreements or economic activities involving the territory without the express consent of its legitimate representatives lack legal validity.

The report further points out that these projects generate substantial profits for Morocco, while systematically excluding the Sahrawi people from economic benefits.

Moreover, the labor opportunities created predominantly favor Moroccan settlers, accelerating demographic changes in the occupied territory in direct contravention of the Fourth Geneva Convention.

Participants in the conference also warned of severe environmental and social consequences linked to renewable energy projects, particularly regarding green hydrogen production, which demands vast water resources in an already water-scarce region, thus threatening the water security and environmental sustainability of the Sahrawi population.

The report also exposes the involvement of foreign companies and governments, especially European, in supporting these projects through agreements with the Moroccan government, thereby making them complicit in the illegal exploitation of Sahrawi natural resources and undermining international efforts for a peaceful resolution to the conflict.

In conclusion, the Sahrawi Observatory calls on the international community, especially governments and investment institutions, to immediately halt all energy-related economic activities in Western Sahara unless they have the free, prior, and informed consent of the Sahrawi people.

The report stresses that any just and sustainable energy transition must be grounded in respecting the Sahrawi right to self-determination and the permanent sovereignty of peoples over their natural resources.

Coinciding with the report release, SONREP officially relaunched itself as a Sahrawi institution specialized in documenting environmental violations and resource exploitation, and advocating for environmental justice under occupation, marking a significant enhancement of the Sahrawi people’s rights-based struggle on the international stage. 

jeudi 26 juin 2025

الاستدامة لمن؟ الطاقة المتجددة والعدالة البيئية في ظل الاحتلال 

المرصد الصحراوي لحماية الموارد الطبيعية وحماية البيئة (SONREP) يطلق تقريره الجديد حول الطاقات المتجددة والعدالة البيئية في الصحراء الغربية المحتلة


استمع إلى الملخص الصوتي


تقرير المرصد الصحراوي للموارد الطبيعية وحماية البيئة (SONREP) يقدم تحليلًا نقديًا لجهود المغرب في مجال الطاقة المتجددة في الصحراء الغربية المحتلة، مجادلًا بأن هذه المشاريع تنتهك القانون الدولي. يوضح التقرير كيف أن تطوير مشاريع طاقة الرياح والطاقة الشمسية والهيدروجين الأخضر، بدعم من شركات دولية وتمويل أجنبي، لا يفيد الشعب الصحراوي، بل يعزز السيطرة الاقتصادية المغربية ويقوض حق تقرير المصير. كما يبرز التقرير الأحكام القانونية الصادرة عن محكمة العدل التابعة للاتحاد الأوروبي والمحكمة الأفريقية لحقوق الإنسان والشعوب، التي تؤكد أن الصحراء الغربية لها وضع "منفصل ومميز" عن المغرب، وأن أي استغلال لمواردها يتطلب موافقة الشعب الصحراوي. ويسلط الضوء على أن هذه المشاريع تؤدي إلى الاستيلاء على الأراضي، والإقصاء الاجتماعي والاقتصادي، والانتهاكات المنهجية لحقوق الإنسان، وتدهور بيئي في المنطقة، داعيًا إلى سحب الاستثمارات ووقف الأنشطة التي تدعم الاحتلال.

أطلق المرصد الصحراوي لحماية الموارد الطبيعية وحماية البيئة (SONREP)، اليوم الثلاثاء، تقريره السنوي الجديد بعنوان: “الاستدامة لمن؟ الطاقة المتجددة والعدالة البيئية في ظل الاحتلال”، وذلك خلال ندوة دولية افتراضية جمعت خبراء دوليين في القانون والبيئة، وممثلين عن المجتمع المدني من مختلف أنحاء العالم.

ويسلط التقرير الضوء على التوسع المتزايد لمشاريع الطاقة المتجددة في الصحراء الغربية المحتلة، محذّراً من استخدامها كأداة استراتيجية من قبل دولة الاحتلال المغربي لترسيخ سيطرتها غير الشرعية على الإقليم، في تجاهل تام للحقوق البيئية والسياسية للشعب الصحراوي.

وأكد التقرير أن هذه المشاريع، التي تشمل مزارع الرياح والطاقة الشمسية ومبادرات إنتاج الهيدروجين الأخضر، تُنفذ بدون موافقة الشعب الصحراوي، في انتهاك صارخ للقانون الدولي وقرارات محكمة العدل الأوروبية والمحكمة الإفريقية لحقوق الإنسان والشعوب، اللتين شدّدتا في أحكام تاريخية على أن المغرب لا يملك أي سيادة شرعية على الصحراء الغربية، وأن أي اتفاقيات أو أنشطة اقتصادية تشمل الإقليم دون موافقة ممثليه الشرعيين تفتقر للشرعية القانونية.

وأشار التقرير إلى أن هذه المشاريع تدر أرباحًا طائلة للمغرب، في حين يُستبعد الشعب الصحراوي من أي استفادة اقتصادية، وتُفضَّل اليد العاملة من المستوطنين المغاربة، مما يسرّع من تغيير التركيبة الديموغرافية للإقليم، في خرق واضح لاتفاقية جنيف الرابعة.

وحذّر المشاركون في الندوة من التداعيات البيئية والاجتماعية الخطيرة المرتبطة بمشاريع الطاقة المتجددة، خاصة ما يتعلق بإنتاج الهيدروجين الأخضر، الذي يتطلب موارد مائية ضخمة في منطقة تعاني أصلاً من ندرة المياه، ما يهدد الأمن المائي والبيئي للسكان الصحراويين.

كما كشف التقرير عن تورّط شركات وحكومات أجنبية، لا سيما أوروبية، في دعم هذه المشاريع من خلال اتفاقيات مع الحكومة المغربية، وهو ما يجعلها متواطئة في استغلال غير مشروع للثروات الصحراوية، ويقوّض جهود التسوية السلمية للنزاع.

وفي ختام التقرير، دعا المرصد الصحراوي المجتمع الدولي، خاصة الحكومات والمؤسسات الاستثمارية، إلى الوقف الفوري لجميع الأنشطة الاقتصادية المرتبطة بالطاقة في الصحراء الغربية ما لم تتم بموافقة الشعب الصحراوي، مؤكداً أن أي انتقال عادل للطاقة يجب أن يُبنى على أساس احترام حق تقرير المصير، والسيادة الدائمة للشعوب على مواردها الطبيعية.

وتزامنًا مع صدور التقرير، أعلن المرصد عن إعادة إطلاق نفسه رسميًا كمؤسسة صحراوية متخصصة في توثيق الانتهاكات البيئية ونهب الموارد الطبيعية، والدفاع عن العدالة البيئية في ظل الاحتلال، في خطوة جديدة تعزز أدوات النضال الحقوقي للشعب الصحراوي على الساحة الدولية.

تنزيل التقرير

mercredi 25 juin 2025

La politique de l’autruche

Depuis les frappes américaines ayant visé des installations nucléaires iraniennes dans la nuit de samedi à dimanche, l’Afrique se trouve confrontée à une équation complexe mêlant prudence diplomatique, solidarité religieuse et impératifs économiques. Cela explique les réactions modérées de certains pays, qui ont pris position avec retenue.

Protestation devant la Maison Blanche à Washington. Photo Probal Rashid/ZUMA/SIPA

Pendant ce temps, un silence assourdissant règne du côté de nos institutions. Tandis que les organisations internationales appellent à la désescalade, l’Union africaine se distingue par son absence de réaction. Pourtant, si ce foyer de tension venait à s’embraser, le continent africain serait parmi les premiers touchés, notamment par une inflation généralisée sur de nombreux produits. La guerre russo-ukrainienne en offre un précédent édifiant.

Il convient de souligner que de nombreux pays africains adoptent la politique de l’autruche, par crainte de représailles.

Il faut dire que pendant plusieurs années, le pays de l’Oncle Sam a financé des projets en Afrique par le biais de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), dans le but de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie. Ces programmes couvrent divers secteurs comme la santé, l’agriculture, l’éducation, la bonne gouvernance, entre autres.

Peu après son élection, Donald Trump a suspendu plusieurs programmes d’aide, ce qui s’est fait ressentir dans de nombreux pays, notamment en Afrique du Sud, pourtant première puissance économique du continent. Dans ce contexte, il devient plus compréhensible que certains dirigeants africains évitent de contrarier les États-Unis. Il ne faut pas non plus oublier l’AGOA, censé prendre fin en septembre. Cet accord commercial, adopté en 2000, offre aux pays d’Afrique subsaharienne un accès préférentiel au marché américain pour divers produits, afin de stimuler leur économie. Or, le locataire actuel de la Maison Blanche a déjà menacé de ne pas le renouveler.

Cela démontre, une fois de plus, que l’Afrique peine à tirer les leçons de ses erreurs. Il est temps que l’unité africaine cesse d’être un simple slogan pour devenir une réalité concrète. Depuis des années, on nous répète que l’avenir du monde passe par l’Afrique. Mais de quelle Afrique parle-t-on ? De celle qui s’enorgueillit, de manière exceptionnelle, lorsqu’elle parvient à parler d’une seule voix sur la scène internationale ? Ou de celle qui dépend encore largement de l’aide occidentale pour survivre ?

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Entre silence prudent, indignation mesurée et calculs géopolitiques, le continent africain scrute l’escalade entre Washington, Téhéran et Tel-Aviv avec une inquiétude grandissante.
par Viviane Forson, Le Point

mardi 24 juin 2025

“Ça peut arriver à n’importe qui” : la peur des immigrés de Torrejón après le meurtre dAbderrahim par un policier

Guillermo Martínez, elDiario.es, 21/6/2025
 Traduit par Tafsut Aït Baâmrane
➤ Écouter résumé audio

La communauté africaine immigrée de Torrejón a exprimé sa crainte que ce qui s’est passé mardi dernier, lorsqu’un policier municipal de Madrid a étranglé un homme d’origine maghrébine, puisse se reproduire. Aujourd’hui, ils se sont rassemblés pour condamner ce crime

Rassemblement après la mort d’Abderrahim, étranglé par un policier mardi dernier

Les immigrés de Torrejón de Ardoz ont peur. « S’ils ont fait ça à Abderrahim, ils peuvent le faire à n’importe lequel d’entre nous à tout moment », a critiqué une femme marocaine ce matin lors du rassemblement pour dénoncer le « meurtre », comme l’ont qualifié les organisateurs [et comment auraient-ils du le qualifier ?,NdlT], de cet immigré de 35 ans par un policier mardi dernier. Elle n’était pas la seule à exprimer sa crainte que les forces de l’ordre agissent de cette manière. « S’il avait volé ou fait quoi que ce soit, la loi est là pour ça. Personne ne peut ôter la vie à quelqu’un de cette manière », a déclaré un autre jeune homme.

Il fait référence à l’étranglement qu’un policier municipal de Madrid a infligé à sa victime à l’aide d’un mataleón [étranglement arrière, rear naked choke], une technique d’immobilisation très dangereuse qui a finalement causé sa mort. C’est pourquoi la plateforme Corredor en Lucha [Corridor en lutte], formée par divers collectifs de la région et des centres sociaux de Torrejón, a organisé ce rassemblement auquel ont participé 250 personnes selon les organisateurs et la délégation du gouvernement.

« Aucune personne n’est illégale », « indigène ou étranger, même classe ouvrière » et « assez de racisme policier » sont quelques-uns des slogans qui ont été scandés pendant la manifestation, malgré une chaleur qui n’a pas empêché les proches d’Abderrahim de se rendre sur place. Quelques minutes après midi, ils sont arrivés avec des photos de son visage et se sont montrés très affectés par cette perte. Mimoun Akkouh, le père de la victime, a déclaré à elDiario.es qu’« il est impossible de vivre » après ce qui s’est passé : « Comment tu vas manger ? Comment tu vas dormir ? Ils ont tué mon fils. Ma famille vit à Torrejón depuis 32 ans et nous n’avons jamais eu de problèmes ».

Ils ne demandent que justice

Auparavant, Akkouh avait pris le micro pour partager sa douleur et sa tristesse avec les personnes présentes, mais aussi sa colère et son indignation. « S’il est vrai qu’il a volé le téléphone portable, qu’on l’arrête, qu’il paie une amende ou qu’il aille en prison, mais toujours dans le respect de la loi. C’est tout ce que nous demandons, la justice », a-t-il lancé devant les cris de la foule rassemblée.

Le policier municipal est en liberté sous contrôle judiciaire et fait l’objet d’une enquête pour homicide involontaire, ce que certaines personnes présentes à la manifestation voient d’un mauvais œil. « Si vous passez 15 minutes à étouffer une personne, vous vous rendez compte qu’elle perd peu à peu son souffle. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’imprudence », a soutenu Mouhciwe.

 

Le père de la victime pendant le rassemblement


 Originaire du Maroc, il vit depuis quatre ans à Torrejón et considère que ce qui s’est passé est « inadmissible », « d’autant plus venant d’un policier, qui est censé protéger les gens », a-t-il souligné. Il a également qualifié d’« inacceptable » le fait que certaines personnes défendent l’action du policier au motif qu’Abderrahim avait tenté de lui voler son téléphone portable auparavant. « On ne peut pas se faire justice soi-même et tuer comme ça. La peine de mort n’existe même pas dans ce pays », a-t-il ajouté.

Alors que des dizaines de personnes autour de lui scandaient des slogans tels que « vous, les racistes, vous êtes les terroristes », Mouhciwe a déclaré avoir peur. « Nous avons tous vécu des situations de racisme. Si Abderrahim avait été blanc, je suis sûr qu’ils ne l’auraient pas tué », a-t-il déclaré.

La peur face à la montée du racisme

À quelques mètres de lui, deux femmes se réfugiaient à l’ombre. Elles ont préféré ne pas donner leurs noms, mais ont affirmé qu’elles ne s’attendaient pas à ce qu’un événement de cette ampleur se produise à Torrejón. « S’il s’agit d’un délinquant, que la justice fasse son travail, mais pas qu’un policier le tue. On ne tue même pas les chiens de cette manière », a critiqué l’une d’elles.

Ces deux femmes ont affirmé qu’elles ressentaient une certaine crainte face au racisme qui ne cesse de croître, pour reprendre leurs propres termes. « On vous insulte dans la rue et certaines personnes pensent que tout ce qui va mal est la faute des moros [terme péjoratif pour désigner les Maghrébins]. Peu leur importe que vos enfants soient nés ici, rien que parce qu’ils ont la peau plus foncée, ils les agressent et leur disent de retourner dans leur pays. J’ai aussi peur pour eux », a commenté l’autre. Toutes deux vivent à Torrejón depuis deux décennies et connaissent la famille d’Abderrahim. « Si ça arrive avec un policier, cela signifie qu’on ne peut plus faire confiance à personne. Allons-nous les appeler quand nous aurons un problème ? Espérons que justice sera faite », ont-elles souligné.


Famille et connaissances d’Abderrahim à Torrejón

La mobilisation a rassemblé de nombreux jeunes. L’un d’entre eux, qui n’a pas souhaité révéler son nom, a souligné qu’ils étaient « dévastés ». Comme il l’a expliqué, « tout le monde peut se tromper, et cet homme souffrait d’une maladie mentale, car j’ai vu les rapports médicaux que possède la famille ». Il a 26 ans et est arrivé à Torrejón avant d’avoir atteint l’âge d’un an. « Maintenant, nous avons peur que quelque chose comme ça puisse nous arriver, car cela aurait déjà pu nous arriver. Cela peut arriver à n’importe qui. N’importe lequel d’entre nous aurait pu être Abderrahim cette nuit-là », a-t-il souligné.

Contre la violence policière

Le rassemblement a eu lieu sur la place d’Espagne à Torrejón, qui était à midi complètement encerclée par des fourgons de police postés à chacune de ses entrées. Carlos Buendía, porte-parole de Corredor en Lucha, a critiqué devant les personnes présentes, selon ses propres termes, le mépris de certaines personnes envers la classe ouvrière migrante qui ne peut pas se rendre en Espagne en avion. Il a également dénoncé les « brigades racistes » de policiers qui opèrent régulièrement dans la gare RENFE de la ville, la manifestation ayant eu lieu à quelques mètres de la gare. Les militants ont alors crié « Stop à la violence policière ».


L’affiche du rassemblement

L’ancien député de l’Assemblée de Madrid et membre de Podemos, Serigne Mbayé, était également présent : « Nous remplirons les rues, nous remplirons les places, et ni la chaleur, ni le froid, ni le vent ne nous empêcheront de dénoncer le racisme institutionnel », a-t-il déclaré. La mobilisation a également bénéficié du soutien de diverses organisations politiques et sociales de gauche.

Environ une heure après le début du rassemblement, Buendía a lu aux personnes présentes un communiqué signé par Corredor en Lucha : « Mardi dernier, un nouveau cas de racisme institutionnel s’est produit à quelques rues d’ici. Deux policiers hors service ont étouffé à mort un jeune homme de 35 ans devant de nombreux témoins qui exigeaient qu’ils cessent d’agresser le jeune homme d’origine maghrébine, Abderrahim », a-t-il déclaré.

Le porte-parole a ensuite énuméré d’autres cas de racisme, tels que « les centaines de personnes qui meurent en Méditerranée, notre camarade Mbaye assassiné en 2018 à Lavapiés, le meurtre de Lucrecia, le massacre du Tarajal, les milliers de morts du génocide palestinien aux mains du sionisme ».

La plateforme a donc exigé « que des responsabilités soient assumées pour le meurtre brutal d’Abderrahim » et a appelé « toute la classe ouvrière du Corredor del Henares* à s’organiser pour mettre fin à l’offensive raciste du régime ». « Parce qu’aucune vie ne vaut moins qu’une autre, parce que l’offensive du capital doit cesser, parce qu’il faut en finir avec la résignation, parce qu’il est temps de se battre », a-t-il conclu alors que la place scandait en chœur : « Vous n’êtes pas seuls, nous sommes avec vous ».

NdlT
Le Corredor del Henares (Corridor du Henares) est un axe résidentiel, industriel et commercial développé dans la plaine du fleuve Henares, autour de l'autoroute Nord-Est et de la ligne ferroviaire Madrid-Barcelone, entre les villes espagnoles de Madrid et Guadalajara.

Il englobe des villes hautement industrialisées telles que Coslada, San Fernando de Henares, Torrejón de Ardoz, Alcalá de Henares, Azuqueca de Henares et Guadalajara, qui forment une agglomération urbaine de plus de 600 000 habitants, et un continuum urbain industriel avec des zones industrielles et commerciales qui se développent autour des principaux axes de communication.

 

dimanche 22 juin 2025

Le plan de bataille initial pour une nouvelle guerre contre l’Iran
Ce que des “sources fiables” à Washington ont murmuré à l’oreille de Seymour Hersh

Cet article, publié par  son auteur le 19 juin, a vu ses prévisions confirmées - FG, Tlaxcala

Seymour Hersh, 19/6/2025

Le guide suprême iranien Ali Khamenei assiste à une cérémonie marquant le trente-sixième anniversaire de la mort de Ruhollah Khomeini au mausolée Khomeini à Téhéran, le 4 juin. Photo Bureau de presse du guide iranien

Voici un rapport sur ce qui va très probablement se passer en Iran, dès ce week-end, selon des initiés israéliens et des responsables usaméricains qui ont été des sources fiables depuis des décennies. Cela impliquera de lourds bombardements usaméricains. J’ai vérifié ce rapport auprès d’un fonctionnaire usaméricain de longue date à Washington, qui m’a dit que tout serait « sous contrôle » si le guide suprême iranien Ali Khamenei « disparaissait ». On ne sait pas exactement comment cela pourrait se produire, à moins qu’il ne soit assassiné. On a beaucoup parlé de la puissance de feu usaméricaine et des cibles en Iran, mais, pour autant que je sache, peu de réflexions pratiques ont été menées sur la manière de se débarrasser d’un chef religieux vénéré qui compte d’énormes partisans.

Je couvre à distance la politique nucléaire et étrangère d’Israël depuis des décennies. Mon livre publié en 1991, The Samson Option, raconte l’histoire de la fabrication de la bombe nucléaire israélienne et la volonté des USA de garder ce projet secret. La question la plus importante qui reste sans réponse concernant la situation actuelle est la réaction du monde, y compris celle de Vladimir Poutine, le président russe qui est un allié des dirigeants iraniens.

Les USA restent le plus important allié d’Israël, même si beaucoup de personnes ici aux USA et dans le monde entier abhorrent la guerre meurtrière que mène Israël à Gaza. L’administration Trump soutient pleinement le plan actuel d’Israël visant à éliminer toute trace de programme d’armement nucléaire en Iran, tout en espérant que le gouvernement dirigé par les ayatollahs à Téhéran sera renversé.

On m’a dit que la Maison Blanche avait donné son feu vert à une campagne de bombardements intensifs sur l’Iran, mais les cibles ultimes, les centrifugeuses enfouies à au moins quatre-vingts mètres sous terre à Fordow, ne seront pas frappées avant le week-end, à l’heure où j’écris ces lignes. Ce report est dû à l’insistance de Trump, car le président souhaite que le choc du bombardement soit atténué autant que possible à l’ouverture de la Bourse de Wall Street lundi. (Trump a contesté ce matin sur les réseaux sociaux un article du Wall Street Journal affirmant qu’il avait décidé d’attaquer l’Iran, écrivant qu’il n’avait pas encore pris de décision quant à la marche à suivre).

Fordow abrite la majorité des centrifugeuses les plus avancées d’Iran qui, selon les derniers rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont l’Iran est signataire, ont produit 900 livres [=408 kg.] d’uranium enrichi à 60 %, soit un peu moins que le niveau requis pour la fabrication d’armes nucléaires.

Les dernières frappes aériennes israéliennes sur l’Iran n’ont pas cherché à détruire les centrifugeuses de Fordow, qui sont stockées à au moins 80 mètres sous terre. Il a été convenu, mercredi, que des bombardiers usaméricains équipés de bombes capables de pénétrer à cette profondeur commenceront à attaquer les installations de Fordow ce week-end.

Ce délai permettra aux forces militaires usaméricaines présentes au Moyen-Orient et en Méditerranée orientale (il y a plus d’une vingtaine de bases aériennes et navales usaméricaines dans la région) de se préparer à d’éventuelles représailles iraniennes. On suppose que l’Iran dispose encore de certaines capacités en matière de missiles et d’aviation qui figureront sur les listes de bombardement usaméricaines. « C’est l’occasion de se débarrasser une fois pour toutes de ce régime », m’a déclaré aujourd’hui un responsable bien informé, « alors autant voir les choses en grand ». Il a toutefois précisé qu’il ne s’agirait pas d’un bombardement intensif.

Les bombardements prévus ce week-end auront également de nouvelles cibles : les bases des Gardiens de la révolution, qui ont contré ceux qui faisaient campagne contre les dirigeants révolutionnaires depuis le renversement violent du shah d’Iran au début de 1979.

Les dirigeants israéliens, sous la houlette du Premier ministre Benjamin Netanyaohu, espèrent que les bombardements fourniront « les moyens de créer un soulèvement » contre le régime iranien actuel, qui a montré peu de tolérance envers ceux qui défient les dirigeants religieux et leurs édits. Les commissariats de police iraniens seront frappés. Les bureaux gouvernementaux qui abritent les dossiers des dissidents présumés en Iran seront également attaqués.

Les Israéliens espèrent apparemment aussi, si j’ai bien compris, que Khamenei fuira le pays et ne tiendra pas bon jusqu’au bout. On m’a dit que son avion personnel avait quitté l’aéroport de Téhéran tôt mercredi matin à destination d’Oman, accompagné de deux avions de chasse, mais on ne sait pas s’il était à bord.

Seuls deux tiers des 90 millions d’Iraniens sont persans. Les plus grands groupes minoritaires comprennent les Azéris, dont beaucoup ont depuis longtemps des liens secrets avec la CIA, les Kurdes, les Arabes et les Baloutches. Les Juifs constituent également une petite minorité dans ce pays. (L’Azerbaïdjan abrite une grande base secrète de la CIA pour ses opérations en Iran).

Le retour du fils du shah, qui vit actuellement en exil près de Washington, n’a jamais été envisagé par les stratèges usaméricains et israéliens, m’a-t-on dit. Mais il a été question, au sein du groupe de planification de la Maison Blanche dont fait partie le vice-président J.D. Vance, d’installer un leader religieux modéré à la tête du pays si Khamenei était destitué. Les Israéliens se sont vivement opposés à cette idée. « Ils se fichent complètement de la question religieuse, mais exigent une marionnette politique à contrôler », a déclaré ce fonctionnaire usaméricain de longue date. « Nous sommes en désaccord avec les Izzies [Israéliens en argot washingtonien] sur ce point. Il en résulterait une hostilité permanente et des conflits futurs à perpétuité, Bibi essayant désespérément d’attirer les USA comme allié contre tout ce qui est musulman, en utilisant le sort des citoyens comme appât propagandiste. »

On m’a dit que les services de renseignement usaméricains et israéliens espèrent que des éléments de la communauté azérie se joindront à une révolte populaire contre le régime au pouvoir, si celle-ci venait à se développer pendant les bombardements israéliens. On pense également que certains membres des Gardiens de la révolution se joindraient à ce qui pourrait être, selon mes informations, « un soulèvement démocratique contre les ayatollahs », une aspiration de longue date du gouvernement usaméricain. Le renversement soudain et réussi de Bachar al-Assad en Syrie a été cité comme un modèle potentiel, bien que la chute d’Assad soit survenue après une longue guerre civile.

Il est possible que les bombardements massifs israéliens et usaméricains plongent l’Iran dans un état d’échec permanent, comme cela s’est produit après l’intervention occidentale en Libye en 2011. Cette révolte a abouti au meurtre brutal de Mouammar Kadhafi, qui maintenait sous contrôle les tribus disparates du pays. L’avenir de la Syrie, de l’Irak et du Liban, tous victimes d’attaques extérieures répétées, est loin d’être réglé.

Donald Trump souhaite clairement remporter une victoire internationale qu’il pourra exploiter. Pour y parvenir, lui et Netanyahou mènent les USA vers des horizons inédits.

samedi 21 juin 2025

Hammouchi (DGSN/DGST) contre Mansouri (DGED) : la guerre des barbouzes bat son plein et fait des victimes collatérales

Ignacio Cembrero, El Confidencial, 19/6/2025

Traduit par Tafsut Aït Baâmrane

Écouter résumé audio

Listen to our podcast The Power Struggle Within Moroccan Intelligence: A Deep Dive into Hammouchi and Mansouri

Des dizaines de personnes proches de Mehdi Hijaouy, ancien « numéro 2 » de l’agence de renseignement extérieur marocaine, dont deux commissaires, ont été arrêtées et emprisonnées. La répression touche des membres des  familles, ce qui n’était pas le cas pour les opposants.


Abdellatif Hammouchi, 59 ans, le super-flic du Maroc, fait la une des médias marocains tous les jours. Journaux et télévisions glorifient son succès lors des journées portes ouvertes organisées par la Sûreté Nationale en mai à El Jadida, avec 2,4 millions de visiteurs, ou son intervention à la 13e   rencontre internationale des hauts représentants chargés des questions de sécurité à Moscou, qui consolide « son rôle de figure centrale dans le domaine de la sécurité et du renseignement au niveau planétaire ».

Dans les coulisses, Hammouchi livre cependant une guerre sans merci contre la Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), le service secret extérieur dirigé par Yassine Mansouri. Cela a commencé par l’arrestation de dizaines de collaborateurs, amis et même  membres de la famille de Mehdi Hijaouy, 52 ans, qui fut en son temps le « numéro deux » de la DGED. Maintenant, c’est au tour de Yassine Mansouri, le directeur de la DGED. Le journal Barlamane, porte-parole fidèle de l’appareil de sécurité, a demandé samedi qu’une enquête soit ouverte sur l’acquisition de ses propriétés.


Mansouri avait déjà disparu de la salutation protocolaire au roi Mohammed VI à Tétouan à l’occasion de l’Aïd el-Adha, la plus grande fête de l’islam célébrée le samedi 7. Depuis, des rumeurs circulent sur sa disgrâce. Camarade de classe du roi Mohammed VI, Mansouri est en poste depuis 20 ans et était l’un des hommes les plus puissants du royaume.

Mehdi Hijaouy a fui le Maroc pour l’Espagne l’année dernière suite à de sérieux désaccords avec les autorités marocaines, qui ont demandé son extradition en septembre pour, entre autres motifs, avoir encouragé l’émigration illégale vers l’Espagne. Craignant d’être livré, il s’est rendu clandestinement en novembre dans un autre pays européen où il se cache.

La révélation de son séjour à Madrid a donné lieu à la publication d’une infinité d’articles injurieux dans la presse marocaine. « Mehdi Hijaouy : faux expert, vrai escroc », a titré, par exemple, Hespress, le journal numérique le plus lu, qui avait pourtant publié pendant des années des tribunes de l’ex-espion. Les journaux ont également mis en doute qu’il ait été le « numéro deux » de l’espionnage, le décrivant comme un simple pion. Claude Moniquet, un ancien agent de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure française, a cependant confirmé en mai sur les réseaux sociaux qu’il avait occupé ce poste. Il a loué au passage « son expérience et ses réflexions » consignées dans un livre. Hijaouy a même agi en tant que chef suprême de l’agence lorsque Mansouri, le directeur, était en congé maladie prolongé.

Les attaques de la presse contre Hijaouy n’ont été que la première salve. Ensuite, il y a eu de nombreuses autres offensives menées par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), un corps d’élite sous les ordres de Hammouchi. Celui-ci détient un grand pouvoir car il est non seulement à la tête de la Sûreté Nationale (police) mais aussi de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), dédiée au contre-espionnage et à la lutte antiterroriste.

La BNPJ, qui mène habituellement de grandes enquêtes criminelles, se consacre désormais à élucider les prétendues irrégularités dans l’exploitation du centre de beauté Musky à Rabat, appartenant à l’épouse de Hijaouy, exilée à Madrid. Dans le cadre de ces enquêtes, la brigade policière a fini par convoquer la belle-sœur de Hijaouy, a fermé le centre, a également arrêté le chef de l’urbanisme et le directeur des services de la mairie de Rabat, qui avait accordé le permis d’ouverture, et a interrogé la mairesse de Rabat, Fatiha el Moudni.

Une vingtaine de victimes collatérales

Ces personnes n’ont pas été emprisonnées, mais dans le cercle d’amis de Hijaouy, plusieurs sont derrière les barreaux, purgeant, après un procès express, des peines de quelques années, mais pour des délits farfelus. Au Maroc, la justice n’est pas indépendante. Le cas le plus frappant est celui d’un commissaire de police, Khalid Bouatlaoui, 62 ans, qui a écopé de trois ans bien qu’il soitr le frère de Fouad Bouatlaoui, chef de la sécurité du prince héritier Moulay Hassan. Ce dernier a toujours montré son appréciation pour le travail du policier dédié à sa protection et a mis son veto à son transfert.

Au total, pour l’instant, une vingtaine de personnes ont été les victimes collatérales au Maroc de la fuite de Hijaouy du pays et de sa présence dans une cachette quelque part en Europe. La presse marocaine et les porte-parole officieux des autorités assurent, cependant, que Hijaouy comptait au moins deux collaborateurs connus à l’étranger. Les familles des deux hommes au Maroc sont également la cible de la redoutable brigade judiciaire. Le premier est Hicham Jerando, un youtubeur marocain basé à Montréal (Canada) d’où il lance des injures contre les autorités de Rabat, parfois émaillées d’informations sur de prétendus scandales de corruption étayées par des documents qu’il montre devant la caméra. L’une de ses sources serait Hijaouy lui-même qui se vengerait de cette manière.

Hicham Jerando a été condamné par contumace à 15 ans de prison par un tribunal de Rabat. Sept de ses proches ont été condamnés à des peines allant de deux mois à trois ans de prison pour complicité avec le prétendu diffamateur. Parmi eux figurent son neveu, qui passera trois ans en prison, et son beau-frère, condamné à deux ans. La police judiciaire a outrepassé ses droits et a même arrêté pendant quelques heures une nièce de Jerando, âgée de 14 ans, qui souffre d’une maladie rare. Comme elle ne pouvait pas la rendre à ses parents, les ayant arrêtés, elle a fini par l’interner dans un centre pour mineurs.


Mustafa Aziz dans un duo burlesque avec un autre personnage de karakouz, Farhat Mehenni, qui n'est rien moins que le “Président du 
Gouvernement Kabyle en Exil”

Le deuxième ami de Hijaouy à l’étranger est Mustafa Aziz, un homme d’affaires marocain octogénaire basé à Paris qui a travaillé pendant des années en Afrique pour le compte de Yassine Mansouri, le chef du service secret extérieur. Sa tâche consistait à recueillir un soutien à la « marocanité » du Sahara Occidental. Avec Hijaouy, il a récemment fondé « Le Maroc de demain », une association d’immigrés en Europe.

Avant que son fils Hadi ne soit condamné à deux ans, Mustafa Aziz a mis en ligne quelques vidéos dans lesquelles il exprime son incompréhension et son indignation que Rabat ait porté un coup si bas à quelqu’un comme lui qui s’est démené pour défendre discrètement les intérêts de son pays. Aziz est « un fugitif condamné pour fraude », lui a répondu la presse officielle marocaine, rappelant une escroquerie qu’il a commise il y a des années via l’une de ses entreprises.

Cyberattaques et révélations

De nombreux opposants marocains ont été emprisonnés dans des prisons officielles ou clandestines depuis que le pays a accédé à l’indépendance en 1956. Leurs familles souffrent de ces incarcérations pour de multiples raisons comme la difficulté à rendre visite aux détenus, l’isolement auquel ils sont soumis ou le manque de soins médicaux. Le système policier ne s’était cependant jamais acharné sur elles, comme c’est le cas actuellement avec les proches de Mehdi Hijaouy qui se sont retrouvés derrière les barreaux.

L’objectif de Hammouchi est d’abord de forcer Hijaouy à se taire– il détient des informations sur l’utilisation de Pegasus par le Maroc – puis à revenir et à se rendre, selon une source de renseignement européenne. Au milieu de cette série de règlements de comptes, des documents sur les actifs immobiliers de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, et, surtout, de Yassine Mansouri ont fait surface sur les réseaux.

Les révélations sont le produit d’un piratage par Jabaroot DZ, un prétendu groupe de hackers algériens, de la base de données de l’Agence Nationale de l’Enregistrement Foncier ou peut-être de Tawtik, une plateforme du Conseil National de l’Ordre des Notaires.

Mansouri a acquis au Maroc entre 2022 et 2023 des propriétés d’une valeur de 3,266 millions d’euros, selon ces documents, jamais démentis, qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux. Le journaliste marocain Ali Lmrabet, exilé à Barcelone, a consacré une longue analyse sur sa chaîne YouTube pour tenter de démontrer que cet argent ne pouvait provenir de son salaire, équivalent à celui d’un ministre, et que son origine était autre.

De manière surprenante, le  journal Barlamane s’est rallié samedi aux soupçons du journaliste exilé. Il a même demandé l’ouverture d’une enquête sur l’acquisition par des fonctionnaires des propriétés figurant dans les documents piratés. Il ne donne pas de noms, mais il fait référence à Nasser Bourita et Yassine Mansouri. Dirigé par Mohamed Khabbachi, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur, Barlamane est le journal de Hammouchi.

Le piratage du registre notarial a été le deuxième, en moins de deux mois, à révéler des données troublantes. Le précédent, en avril, visait la Trésorerie Nationale de la Sécurité Sociale et a mis au jour des informations sur ses deux millions d’affiliés, parmi lesquels Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi. Pour gérer Siger, le holding royal, il perçoit l’équivalent d’environ 120 000 euros par mois.

La dernière cyberattaque réussie a eu lieu le 8 juin et sa cible était le ministère de la Justice, dont des données sur 5 000 juges et 35 000 autres fonctionnaires ont été volées. Ces deux dernières attaques massives ont également été menées par les Algériens de Jabaroot DZ qui sont devenus un défi pour tous les services de sécurité du Maroc. Ils sont si efficaces pour infiltrer les bases de données que certains à Rabat soupçonnent qu’ils sont liés aux services secrets algériens.