Une révolte révélatrice des impasses politiques
Au Maroc, le Rif défie le roi
La persistance de la
contestation populaire dans le nord-est du Maroc et ses revendications
de mieux-être social mettent en relief l’échec des programmes de
développement économique et des projets d’infrastructure pilotés par la
monarchie. Malgré la répression, l’ampleur des manifestations pose la
question d’une nouvelle réforme constitutionnelle sur des bases plus
ambitieuses qu’en 2011.

Louis Witter. — Manifestation à Al-Hoceïma, 2017
Louis Witter / hanslucas.com
Le pouvoir et ses relais, baptisés « Makhzen »,
semblent pour l’heure faire la sourde oreille. Pour ses représentants,
la nature des institutions et les politiques économiques menées par le
royaume au cours de ces vingt dernières années ne sont pas à blâmer. Le
problème ne résiderait que dans la gestion et dans le suivi de ces
politiques. De même, la monarchie récuse l’idée que le mouvement du Rif
constitue un désaveu des réformes institutionnelles de 2011. Par un
raisonnement quelque peu spécieux, elle cherche même à différencier la
contestation de 2011 de celle du Rif. Selon Rabat, les manifestants
rifains n’exigeraient que la mise en œuvre de projets économiques et
sociaux dans leur région (universités, hôpitaux), contrairement à ceux
du Mouvement du 20 février, qui voulaient, et ont obtenu, une réforme
constitutionnelle — bien timide et encore loin d’instaurer une monarchie
parlementaire. Les événements actuels du Rif ? Un problème d’encadrement et de politiques publiques mal exécutées. Fermez le ban ! Il ne saurait être question d’une nouvelle réforme ou d’une remise en cause de la façon dont s’exerce le pouvoir.
Une telle position explique l’attitude des autorités vis-à-vis du Hirak (terme arabe qui signifie « mouvance » ou « mobilité ») au Rif. Elles accusent les manifestants d’empêcher la réalisation des programmes économiques déjà décidés par l’État. Après plusieurs mois d’attentisme, elles ont finalement sévi en arrêtant M. Nasser Zefzafi, un jeune activiste chômeur devenu la figure de proue de la contestation. Tous les jours ou presque, d’autres protestataires le rejoignent en prison. Certains ont déjà été condamnés à des peines allant jusqu’à dix-huit mois de détention. Selon leur entourage, nombre d’entre eux, dont M. Zefzafi, auraient été torturés. En parallèle, l’État a allumé les habituels contre-feux en ouvrant avec les habitants de la région un dialogue qui implique les acteurs politiques locaux et les représentants de la « société civile » proches du régime.
Lire la suite : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/07/JAMAI/57669
Une telle position explique l’attitude des autorités vis-à-vis du Hirak (terme arabe qui signifie « mouvance » ou « mobilité ») au Rif. Elles accusent les manifestants d’empêcher la réalisation des programmes économiques déjà décidés par l’État. Après plusieurs mois d’attentisme, elles ont finalement sévi en arrêtant M. Nasser Zefzafi, un jeune activiste chômeur devenu la figure de proue de la contestation. Tous les jours ou presque, d’autres protestataires le rejoignent en prison. Certains ont déjà été condamnés à des peines allant jusqu’à dix-huit mois de détention. Selon leur entourage, nombre d’entre eux, dont M. Zefzafi, auraient été torturés. En parallèle, l’État a allumé les habituels contre-feux en ouvrant avec les habitants de la région un dialogue qui implique les acteurs politiques locaux et les représentants de la « société civile » proches du régime.
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