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jeudi 25 janvier 2018

Les « crimes de guerre » du Maroc au Sahara occidental







L’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture remet le 27 janvier son prix des droits de l’homme à Naâma Asfari, militant sahraoui emprisonné au Maroc.

Naâma Asfari en novembre 2010 au camp de Gdeim Izik quelques jours avant son arrestation


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Naâma Asfari en novembre 2010 au camp de Gdeim Izik quelques jours avant son arrestation / Anthony Jean

L’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) ne veut plus tourner autour du pot et cautionner les dérives sémantiques. Le Sahara occidental qualifié de « provinces du Sud » par le Maroc est bel et bien un territoire illégalement occupé depuis plus de quarante ans. « Le Maroc y mène une intense politique de colonisation, de marocanisationde la société sahraouie et de pillage des ressources, misant sur une politique du point de non-retour », fait valoir Hélène Legeay, de l’Acat, bilan des rapports de force en présence à l’appui.
Le Maroc y a encouragé l’installation de 200 000 à 300 000 Marocains en sus des 100 000 à 150 000 militaires et policiers, pour moins de 100 000 Sahraouis natifs du Sahara occidental recensés en 2010 par la Minurso, la mission de l’ONU, dont une bonne partie vivent dans le camp de réfugiés de Tindouf sur le sol algérien.

Un conflit méconnu et oublié

« Le droit de la guerre régi par les conventions de Genève s’applique, les violations des droits humains commises sur ce territoire sont des crimes de guerre », poursuit Hélène Legeay. Mais ces crimes de guerre perpétrés en plein désert adviennent dans un conflit aussi méconnu qu’oublié.

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L’association a décidé de décerner le 27 janvier son prix Engel-du Tertre des droits de l’homme 2017 à Naâma Asfari, 48 ans, emprisonné depuis novembre 2010, à l’instar de 24 autres Sahraouis. À lui seul, il incarne les exactions et violations dont sont victimes les Sahraouis qui militent pour leur droit à l’autodétermination (tenue d’un référendum prévu depuis 1991), une ligne rouge pour le royaume chérifien.

La liste des souffrances qu’endure Naâma Asfari est longue : torture, détention arbitraire, procès inéquitable, emprisonnement hors du territoire occupé, etc. Sa femme française, Claude Mangin, a été expulsée du Maroc et est interdite de visite en prison depuis dix-huit mois.


Naâma Asfari s’était pourtant bien juré, lorsqu’il était jeune, de rester à l’écart de la cause sahraouie qui avait coûté si cher à sa famille. Son père a été arrêté en 1976 – puis a disparu seize ans dans les bagnes – peu après la grande marche verte du Maroc à la conquête du Sahara occidental que s’apprêtait à quitter l’ancienne puissance occupante espagnole. Mais après des études universitaires sur les droits de l’homme et les libertés publiques, Naâma Asfari devient au début des années 2000 une figure de la contestation sahraouie.

Harcèlement, mauvais traitements et condamnations


Or le Maroc d’aujourd’hui a peu changé sur la question du Sahara occidental par rapport à celui tenu alors d’une main de fer par le roi Hassan II. La vie de Naâma Asfari sera une longue suite de harcèlement, de mauvais traitements, de condamnations, jusqu’à son arrestation et incarcération en novembre 2010, et sa condamnation définitive à trente ans de prison en juillet 2017.
Il est accusé de la mort de plusieurs personnes lors du démantèlement par les forces de l’ordre marocaines des milliers de tentes du camp de Gdeim Izik érigées par les Sahraouis près de Laâyoune, alors même qu’il a été, selon ses défenseurs, arrêté la veille des événements.
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Un autre militant sahraoui, Hassan Dah, arrêté un mois après le démantèlement de Gdeim Izik , a également été condamné à 30 ans de prison pour les mêmes faits qu'il n'a pas pu commettre.(NDLR)

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