lundi 29 août 2022

Jerada: Trois morts par asphyxie dans un puits d’extraction de charbon


Au Maroc, à Jerada, trois mineurs sont retrouvés morts, asphyxiés dans un puits d’extraction de charbon

 Cette cité minière, autrefois très prospère, aujourd’hui déshéritée du nord-est du Maroc, a été  agitée par des troubles sociaux en 2017-2018, à la suite du décès  de deux frères cherchant du charbon dans des puits désaffectés, pour le revendre à bas prix. 

 Le mardi 16 août 2022 trois personnes de 43,44 et 52 ans y ont encore trouvé la mort par asphyxie au dioxyde de carbone

Ce puits d’extraction de charbon  est exploité par une coopérative légale dans une zone forestière située dans la commune de Laâouinate. Des jeunes revendent ce charbon à bas prix, pour aider la population locale très paupérisée depuis  la fermeture officielle des mines fin 1900.

Sitôt informés de l’incident, les autorités locales, les services de la Gendarmerie royale et les services de la Protection civile ont été dépêchés sur les lieux. Les efforts des gendarmes et des pompiers pour tenter de sauver les trois mineurs bloqués dans le puits sont restés vains. .

Une enquête sur ce drame a été ouverte par les autorités concernées sous la supervision du Parquet compétent.



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dimanche 21 août 2022

L’appel des travailleurs de Zaporijjia, Ukraine

[debat-ensemble-05] TR: [Collectifnat] Objet :Ukraine, L’appel des travailleurs de Zaporijjia

Super inquiétant !
  mail transféré
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 De : Mariana Sanchez via Collectifnat <collectifnat@list.ensemble-fdg.org> Envoyé : dimanche 21 août 2022  À : Collectif National ENSEMBLE <collectifnat@list.ensemble-fdg.org>

Un appel urgent et poignant des 10.000 travailleurs de la centrale nucléaire de Zaporizhia occupée par les troupes russes
>
> Notre partenaire Atomprofspilka (syndicat des travailleurs de l'énergie atomique en Ukraine) demande des actions urgentes pour éviter une catastrophe.

  Voici l'appel lancé par les travailleurs le 18 août :

  Adressé du personnel de la centrale nucléaire de Zaporizhia à la communauté mondiale
 

Le sentiment d'anxiété profonde pour l'avenir, la peur pour la vie des familles, des proches et des personnes proches de nous, pour le sort de nos enfants - nous saisit de plus en plus, les travailleurs de la centrale nucléaire de Zaporizhia.
Au cours des 5 derniers mois, de nombreuses normes, principes et réglementations juridiques visant à garantir la sécurité dans le domaine de la manipulation d'atomes pacifiques ont été violés. Et au cours des deux dernières semaines, la centrale nucléaire est devenue, en fait, la cible d'attaques militaires continues.

Les frappes d'artillerie deviennent de plus en plus puissantes et dangereuses à chaque fois, et la menace de destruction d'installations critiques de sécurité nucléaire est de plus en plus réelle. Mais une centrale nucléaire, ce n'est pas seulement des réacteurs, des générateurs de vapeur, des turbines et divers équipements électriques.
 
  La centrale nucléaire, c'est des gens, une énorme équipe de plus de 10 000 employés. Et ce ne sont pas seulement des spécialistes hautement qualifiés avec des compétences et une expérience uniques. Ce sont des vies humaines, dont chacune est inestimable. Sur leur lieu de travail, nos employés sont gravement blessés et meurent. Il y a de nombreuses victimes humaines parmi les habitants innocents et pacifiques de notre Energodar. Leur souvenir éclatant nous incite à déclarer haut et fort ce qui suit.

  Arrêtez-vous et réfléchissez! Ce qui se passe est horrible et dépasse le bon sens et la moralité pour quiconque pense ne serait-ce qu'une longueur d'avance ! Pensez à l'avenir de notre Terre, à l'avenir de nos et de vos enfants ! Notre planète est si petite et il est absurde de supposer qu'il sera possible de se cacher quelque part des conséquences d'une catastrophe nucléaire à grande échelle. Nous croyons qu'il n'y a pas de situations de crise dans la vie dont il n'y a pas d'issue. La mort est la seule issue ! Nous sommes convaincus que l'intelligence collective et la bonne volonté peuvent faire taire les armes et empêcher l'irréparable ! Après tout, les conséquences peuvent s'avérer être d'un ordre de grandeur plus terrible que les résultats des tragédies de Tchernobyl et de Fukushima.
 
Dans la pratique mondiale de l'industrie nucléaire, il n'existe pas de plans d'urgence destinés à protéger les installations nucléaires dans une situation où elles deviennent un territoire d'hostilités. Nos parents ont construit la centrale nucléaire de Zaporizhya. Nous l'exploitons en toute sécurité depuis près de 40 ans sans un seul accident. Ce n'est pas seulement notre travail. C'est notre vie. Et il est dédié à un seul bel objectif - nous produisons de la lumière et de la chaleur écologiquement propres pour les gens, créons du confort dans chaque maison, dans chaque famille, pour chaque personne - indépendamment de la race, de la nationalité, de la religion, des opinions politiques et de la citoyenneté. Nous savons comment gérer professionnellement une réaction nucléaire. Mais nous sommes mpuissants devant l'irresponsabilité et la folie humaines. Et tout ce que nous voulons, c'est vivre et travailler, élever et éduquer nos enfants dans une ville paisible, dans un pays paisible, sur une planète paisible. Cependant, nos connaissances et nos capacités ne sont pas illimitées. Et nous appelons toute l'humanité civilisée - aidez-nous à défendre ce droit aujourd'hui ! Demain sera peut-être trop tard !

  QUE POUVONS-NOUS FAIRE?
  ° exiger le retrait des troupes russes de la centrale de Zaporizhia, la délimilitarisation totale de celle-ci sous la surveillance d'institutions internationales comme l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique) de manière aux travailleurs de la centrale de travailler dans des conditions normales et avec du matériel adéquat (actuellement les occupants russes refusent de fournir des pièces de rechange ou des équipements de travail indispensables)
 
  ° intervenir dans les organisations syndicales belges pour développer la solidarité inter-syndicale avec les travailleurs de l'atome en Ukraine comme avec l'ensemble du mouvement syndical ukrainien. Il est temps de sortir de la torpeur et de l'indifférence comme d'un pacifisme absolu qui met sur le même pied l'agresseur et l'agressé. Ce pacifisme absolu est étranger à la tradition internationaliste du mouvement syndical.

  °vis-à-vis de l'Etat ukrainien, exiger le respect des droits sociaux et syndicaux des travailleurs mis en danger par la législation anti-ouvrière adoptée par la Rada (parlement).
 
  Si vous désirez vous joindre aux actions du Comité Ukraine ou simplement vous tenir informés, écrivez à reso-ensu@gmail.com
  Une réunion de travail ouverte à toutes les personnes qui désirent contribuer à nos actions sera organisée le vendredi 2 septembre à 17h à Bruxelles (adresse à confirmer).

  Plus d'information sur la page Facebook du syndicat des travailleurs de l'atome: https://www.facebook.com/Atomprofspilka
 
Site web du syndicat: http://atomprofspilka.info

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site national : https://www.ensemble-fdg.org/

LEROUX Jean paul jpl05@orange.fr




 

samedi 20 août 2022

Maroc-Espagne : Bab Sebta (Ceuta) sera bientôt doté d’un scanner à rayons X

telquel

 

 

Rouvert le 16 mai dernier après deux ans de fermeture, le point de passage de Bab Sebta, menant vers l’enclave espagnole, sera bientôt doté d’un scanner à rayons X.

Par

Le poste-frontière de Bab Sebta, le 17 mai 2022. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel
 

Cette nouvelle installation devrait coûter, selon les estimations du maître d’ouvrage (soit l’ADII), 384.000 dirhams, selon l’appel d’offres consulté par TelQuel.

Parmi les critères accompagnant l’appel d’offres, la société qui fournit le matériel devra former les agents de l’ADII, familiarisant ces derniers avec ce nouveau scanner.

lire aussi

De plus, le système doit comprendre un “logiciel qui permet la détection des explosifs, des narcotiques, soit une assistance opérateur pour ‘l’aide à la décision’”.

Pour rappel, quelques jours après la réouverture des frontières, le directeur des douanes de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Abdel Hakim Zahaf, avait assuré que la contrebande et l’entrée de marchandises par le poste-frontière de Tarajal, qui relie Sebta et le Maroc, ne referaient plus surface et que le point de passage ne serait désormais destiné qu’à l’entrée et à la circulation des personnes et des véhicules.

Ainsi, l’installation de ce nouveau dispositif devrait permettre d’honorer l’engagement du directeur régional, tout en améliorant la sécurité au niveau du point de passage.



 

mercredi 17 août 2022

Les fanfares débarquent à Montgenèvre...

Les fanfares débarquent à Montgenèvre...


MANIFESTATION
 
24 août 2022
 
en présence de 70 musiciens, de fanfares militantes
 
RENDEZ VOUS  
à 11 heures devant l'office du tourisme


Cordialement
A Antoine

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jeudi 11 août 2022

Kaddour El Yousfi, n’était pas des nôtres

 Par Salah Elayoubi
 
« Évoquez vos disparus avec respect ! » dit-on ! Pour ma part je n’ai aucun respect pour la mémoire de cette ordure, partie sans payer sa dette à la société dont il a largement contribué à terroriser les membres.
  Kaddour El Yousfi, n’était pas des nôtres et je m’interroge légitimement si je dois encore mettre des majuscules au nom de ce déchet de l’humanité et pur produit de ce régime mafieux doublé d’entreprise criminelle.
Il avait torturé de manière abominable ceux des nôtres qui avaient osé dire son insupportable réalité au despote Hassan II. Il avait battu, violé, volé, torturé. Il en avait fait son métier et un sacerdoce. Il a fini tranquillement dans son lit sans jamais avoir rendu compte ni même demandé pardon à ses malheureuses victimes. Ainsi va la vie dans le pays des alaouis honnis ! Jusqu’à ce que la justice immanente finisse un jour par rattraper ces grands criminels.

 

mercredi 10 août 2022

Trois victoires à célébrer

Par Alexandre - WeMove Europe info@wemove.eu>


Au cours des derniers mois, votre impact a été exceptionnel ! Ensemble, nous avons franchi de nouvelles étapes vers la construction d’une Europe meilleure. Voici un récapitulatif de nos dernières victoires :

Appel à la démission de Fabrice Leggeri, directeur général de Frontex
Face aux accusations de plus en plus nombreuses de violations de droits humains, d’exactions et de dissimulation, le patron de l’Agence européenne de garde-frontières a finalement été contraint à la démission [1]. Nous voyons dans cette victoire un grand pas dans le combat visant à garantir la dignité des migrants qui frappent aux portes de l’Europe.

C’est le résultat de deux années de travail constant, à tous les échelons de la société.  Au total, nous avons été plus de 65 000 à passer à l’action, en signant la pétition, en interpellant directement nos dirigeants, et en produisant des rapports d’enquête. En agissant ensemble, nous avons contribué à dévoiler ce qui se passe dans les coulisses de Frontex.

 

Protection de nos droits en ligne
La conclusion d’un accord sur une nouvelle réglementation de protection de nos droits en ligne par l’Union européenne a récompensé nos efforts. Cette nouvelle réglementation nous rapproche encore un peu plus de l’avènement d’un Internet plus sûr [2].

Obtenue après plusieurs mois de campagne acharnée, elle permet de mettre fin à l’une des pires pratiques de publicité des géants de la Big Tech. Elle promet aussi de mettre fin à la démultiplication des fake news et à l’utilisation abusive de nos données personnelles, et nous démontre la force d’impact que nous pouvons avoir lorsque nous nous rassemblons.

Victoire pour la liberté d’expression
Nous avons été des milliers à soutenir des activistes anti-pesticides contre leurs pouvoirs locaux et le puissant lobby agroalimentaire... et ils ont gagné [3] ! Lorsqu’ils se sont retrouvés sous la menace de quelque 1 300 actions en justice visant à les réduire au silence, nous nous sommes interposés. Conscients de l’aversion de la paisible région montagneuse du Sud-Tirol, fortement dépendante du tourisme, pour la mauvaise publicité, nous avons choisi d’organiser une manifestation et de diffuser notre message dans plusieurs langues afin de lui faire mauvaise presse !

Ces trois victoires prouvent une chose : lorsque nous nous réunissons, par dizaines ou par milliers notre force d’impact est immense. Pour maintenir et préserver cette dynamique, il nous faut continuer de faire grandir notre mouvement.

Merci de votre contribution.

Alex (Marseille), Thomas (Brussels), Cécile (Barcelone) et toute l'équipe de WeMove Europe




 

Ali Aarrass : « VOS VOIX FAISAIENT VIBRER MA CELLULE »


Le 2 avril 2020, Ali Aarrass a été libéré de la prison de Tiflet au Maroc, après 12 années de détention. Ce Belgo-Marocain avait été arrêté par la police espagnole en 2008, suspecté de trafic d’armes pour un réseau terroriste. Une solide enquête de l’éminent juge Baltasar Garzón avait abouti à un non-lieu, faute de la moindre preuve. 

Malgré cela, et contre l’avis des Nations unies (ONU), l’Espagne a accepté en 2010 la demande d’extradition d’Ali Aarrass vers le Maroc. Cela a marqué le début de dix ans d’un véritable enfer. À son arrivée, Ali a été torturé sans relâche pendant 12 jours. Il a ensuite vécu l’isolement parfois total, les mauvais traitements, les humiliations. Mais cela ne l’a jamais fait se taire, au contraire.

Ali Aarrass réside aujourd’hui en Belgique, où il essaie de se reconstruire, mais aussi d’obtenir justice. Nous l’avons rencontré dans les bureaux de la section belge francophone d’Amnesty International, qui s’est mobilisée pendant des années en sa faveur.

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui à témoigner des violences et atrocités commises dans les prisons marocaines ?

C’est mon combat. Parler de ce qui m’est arrivé m’aide à faire face, mais je témoigne surtout pour soutenir les personnes qui sont encore enfermées là-bas. Aujourd’hui, être libre est une raison de plus de ne pas rester dans mon coin, afin que ces tortionnaires soient punis pour leurs crimes. J’ai survécu à ces atrocités, ce n’est pas pour me taire.

Lors de votre détention, avez-vous reçu le soutien d’autres détenus ?

Il est vrai que comme je tentais de défendre la cause des prisonniers, une certaine forme d’empathie et de solidarité pouvait se créer envers moi. Cependant, j’essayais de ne pas m’approcher d’eux, car ceux qui entraient en contact avec moi étaient transférés dans d’autres quartiers ou dans d’autres prisons loin de leur famille.

Je me suis demandé pourquoi il ne me transférait pas moi plutôt qu’eux. En fait, les autorités voulaient me maintenir à Rabat pour que les ONG organisations non gouvernementales, NDLR], ou d’autres organisations, puissent me rendre visite facilement et constater les bonnes conditions de détention. Bien sûr, ces visites se faisaient après un grand nettoyage. C’était une mascarade. On ne pouvait même pas se retrouver seul avec les personnes qui examinaient les conditions de détention, il y avait toujours un responsable de la prison pas loin.

Souvent, ces visites étaient faites par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) marocain, qui dépend entièrement de l’État. Les rapports que fait cette institution ne sont pas fiables.

Ils envoyaient des médecins aussi ?

Oui, mais là aussi, j’ai appris à rester méfiant. Par exemple, lorsque le psychiatre vous demandait si vous dormiez bien, c’était un piège qu’il vous tendait pour vous prescrire un tranquillisant et vous transformer en une sorte de zombie. Une fois, j’ai pris un des médicaments que l’on m’a prescrit et je ne me suis pas reconnu. Il ne faut pas montrer de points faibles en prison, sinon ils s’en servent contre vous.

Aussi, quand vous demandez un médecin, il n’y en a jamais de disponible. Il y a des morts dans ces prisons. Je me souviens d’un prisonnier qui n’a pas eu accès à des soins. Il est mort dans sa cellule. Les autorités ont emmené son corps à l’hôpital et ont fait dire aux médecins qu’il était décédé là-bas. Selon les chiffres officiels, il n’y a donc aucun mort dans les prisons marocaines.

Aviez-vous des contacts avec votre famille et votre avocat ?

Je n’ai eu aucun contact avec eux pendant les 5 premiers mois au Maroc, j’étais à l’isolement total. Je n’avais même pas le droit à des douches, pas le droit de téléphoner à ma famille, pas le droit de sortir au préau … j’avais juste le droit à de la nourriture immangeable. La soupe servie la veille se transformait en un bloc compact le lendemain. Il y avait des insectes dans les lentilles. La faim était toujours présente. La nuit, les lumières pouvaient être allumées ou éteintes en fonction de l’envie des gardes. Tout devenait un moyen de torture dans le but de nous faire perdre la raison.

Les prisonniers les plus dangereux, de « catégorie A », dont je faisais partie, devaient être coupés du monde, personne ne devait me croiser ou m’approcher. C’était un isolement très dur, j’ai été le seul à occuper une cellule dans un couloir qui en comptait 38. Elles avaient été vidées pour que je me retrouve totalement seul. À cette époque, les printemps arabes étaient en cours et même ça, je ne l’ai su que bien plus tard. J’ai même perdu la notion du temps.

Comment s’est passé votre retour en Belgique ?

Je suis sorti de prison en plein confinement à cause de la pandémie. Quand les portes de la prison se sont ouvertes, j’ai fait face à un horizon que je n’avais pas vu depuis des années. Ma famille est venue me chercher pour aller à l’ambassade. J’ai demandé à pouvoir rentrer en Belgique, mais les autorités belges m’ont répondu qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi, que les frontières étaient fermées. Il y a bien eu des vols de rapatriement mais ils ne m’ont jamais pris.

C’est une famille belge qui réside à Rabat, que je remercie énormément, qui m’a accueilli pendant les trois mois de confinement au Maroc. La maison et la famille étaient sous surveillance de la police à cause de moi. Je n’avais pas envie qu’ils aient des problèmes avec les autorités ou le voisinage.

Aujourd’hui je cherche du travail. Je suis ancien commercial, j’ai toujours été indépendant et je suis maintenant au CPAS. Les difficultés continuent même à l’extérieur de la prison.

Vous êtes suivi médicalement ?

J’ai vu plusieurs spécialistes depuis mon retour. J’essaie aujourd’hui de respirer et de vivre mais c’est impossible d’oublier. C’est en rentrant à la maison le soir que tout cela me revient. J’essaie de ne pas tomber dans cette ambiance-là. Mais c’est plus fort que moi, je l’ai vécu, le trauma est là. J’ai une fille que je n’ai pas vu grandir pendant 12 ans … ça, c’est irréparable.

Vous menez un combat pour obtenir justice devant les tribunaux également. Quelles sont les procédures en cours ?

Le Maroc a toujours nié et il continuera afin de protéger son image. Ils n’admettront jamais qu’ils aient pu se tromper sur un prisonnier ou une accusation de terrorisme. Ils ont dû me torturer pour que je signe un PV et m’arracher de faux aveux. Au Maroc, toutes les personnes qui se font arrêter pour terrorisme sont d’office condamnés. Ce qui leur permet de paraitre crédible dans leur lutte contre le terrorisme sur la scène internationale.

Une action est en cours à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Les autorités marocaines se défendent avec de faux témoignages et en me faisant passer pour un menteur. Ils ne veulent pas reconnaître leur erreur. Erreur dont je porte les traces physiques et psychologiques dans ma chair.

Vous intentez également une action contre l’État Espagnol ?

L’Espagne a été condamnée récemment pour mon extradition vers le Maroc. Extradition qui s’est faite malgré le non-lieu de l’affaire qui a prouvé mon innocence, et malgré les recommandations d’Amnesty International et des Nations Unies qui s’inquiétaient des risques de torture que j’encourais. Mais ce procès est toujours en cours puisque l’État a fait appel.

La Belgique avait refusé l’assistance consulaire pendant des années. A-t-elle, aujourd’hui, fait un pas vers vous ?

Non, je ne suis pas en contact avec les autorités. Personne n’a sonné à ma porte pour me demander des nouvelles. Je n’attends de toute façon rien de l’État. Je suis déçu que la Belgique n’ait rien fait et ne vienne pas au secours d’un citoyen. Depuis le mois de janvier, nous avons obtenu gain de cause pour les binationaux. Maintenant, l’État doit leur garantir l’assistance consulaire.

En détention, receviez-vous les messages envoyés par les militant·e·s d’Amnesty ?

Oui, il fallait rester fort et c’est grâce à vous que j’y suis arrivé. Votre soutien m’a permis de tenir. Vos voix faisaient vibrer ma cellule. Ma sœur me rapportait au téléphone vos messages réconfortants, je ressentais alors comme une lumière qui me donnait le courage de continuer.

D’autres prisonniers sont abandonnés, vulnérables, dont beaucoup d’innocents, qui rentrent dans leur coquille. Je les comprends. Ça n’était pas mon cas. Je devais absolument, malgré ces conditions, lever le poing et dénoncer les atrocités qu’ils nous faisaient. Je vous remercie du fond du cœur.

Par exemple, lorsque le psychiatre vous demandait si vous dormiez bien, c’était un piège qu’il vous tendait pour vous prescrire un tranquillisant et vous transformer en une sorte de zombie. Une fois, j’ai pris un des médicaments que l’on m’a prescrit et je ne me suis pas reconnu. Il ne faut pas montrer de points faibles en prison, sinon ils s’en servent contre vous.

Aussi, quand vous demandez un médecin, il n’y en a jamais de disponible. Il y a des morts dans ces prisons. Je me souviens d’un prisonnier qui n’a pas eu accès à des soins. Il est mort dans sa cellule. Les autorités ont emmené son corps à l’hôpital et ont fait dire aux médecins qu’il était décédé là-bas. Selon les chiffres officiels, il n’y a donc aucun mort dans les prisons marocaines.

Aviez-vous des contacts avec votre famille et votre avocat ?

Je n’ai eu aucun contact avec eux pendant les 5 premiers mois au Maroc, j’étais à l’isolement total. Je n’avais même pas le droit à des douches, pas le droit de téléphoner à ma famille, pas le droit de sortir au préau … j’avais juste le droit à de la nourriture immangeable. La soupe servie la veille se transformait en un bloc compact le lendemain. Il y avait des insectes dans les lentilles. La faim était toujours présente. La nuit, les lumières pouvaient être allumées ou éteintes en fonction de l’envie des gardes. Tout devenait un moyen de torture dans le but de nous faire perdre la raison.

Les prisonniers les plus dangereux, de « catégorie A », dont je faisais partie, devaient être coupés du monde, personne ne devait me croiser ou m’approcher. C’était un isolement très dur, j’ai été le seul à occuper une cellule dans un couloir qui en comptait 38. Elles avaient été vidées pour que je me retrouve totalement seul. À cette époque, les printemps arabes étaient en cours et même ça, je ne l’ai su que bien plus tard. J’ai même perdu la notion du temps.

Comment s’est passé votre retour en Belgique ?

Je suis sorti de prison en plein confinement à cause de la pandémie. Quand les portes de la prison se sont ouvertes, j’ai fait face à un horizon que je n’avais pas vu depuis des années. Ma famille est venue me chercher pour aller à l’ambassade. J’ai demandé à pouvoir rentrer en Belgique, mais les autorités belges m’ont répondu qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi, que les frontières étaient fermées. Il y a bien eu des vols de rapatriement mais ils ne m’ont jamais pris.

C’est une famille belge qui réside à Rabat, que je remercie énormément, qui m’a accueilli pendant les trois mois de confinement au Maroc. La maison et la famille étaient sous surveillance de la police à cause de moi. Je n’avais pas envie qu’ils aient des problèmes avec les autorités ou le voisinage.

Aujourd’hui je cherche du travail. Je suis ancien commercial, j’ai toujours été indépendant et je suis maintenant au CPAS. Les difficultés continuent même à l’extérieur de la prison.

Vous êtes suivi médicalement ?

J’ai vu plusieurs spécialistes depuis mon retour. J’essaie aujourd’hui de respirer et de vivre mais c’est impossible d’oublier. C’est en rentrant à la maison le soir que tout cela me revient. J’essaie de ne pas tomber dans cette ambiance-là. Mais c’est plus fort que moi, je l’ai vécu, le trauma est là. J’ai une fille que je n’ai pas vu grandir pendant 12 ans … ça, c’est irréparable.

Vous menez un combat pour obtenir justice devant les tribunaux également. Quelles sont les procédures en cours ?

Le Maroc a toujours nié et il continuera afin de protéger son image. Ils n’admettront jamais qu’ils aient pu se tromper sur un prisonnier ou une accusation de terrorisme. Ils ont dû me torturer pour que je signe un PV et m’arracher de faux aveux. Au Maroc, toutes les personnes qui se font arrêter pour terrorisme sont d’office condamnés. Ce qui leur permet de paraitre crédible dans leur lutte contre le terrorisme sur la scène internationale.

Une action est en cours à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Les autorités marocaines se défendent avec de faux témoignages et en me faisant passer pour un menteur. Ils ne veulent pas reconnaître leur erreur. Erreur dont je porte les traces physiques et psychologiques dans ma chair.

Vous intentez également une action contre l’État Espagnol ?

L’Espagne a été condamnée récemment pour mon extradition vers le Maroc. Extradition qui s’est faite malgré le non-lieu de l’affaire qui a prouvé mon innocence, et malgré les recommandations d’Amnesty International et des Nations Unies qui s’inquiétaient des risques de torture que j’encourais. Mais ce procès est toujours en cours puisque l’État a fait appel.

La Belgique avait refusé l’assistance consulaire pendant des années. A-t-elle, aujourd’hui, fait un pas vers vous ?

Non, je ne suis pas en contact avec les autorités. Personne n’a sonné à ma porte pour me demander des nouvelles. Je n’attends de toute façon rien de l’État. Je suis déçu que la Belgique n’ait rien fait et ne vienne pas au secours d’un citoyen. Depuis le mois de janvier, nous avons obtenu gain de cause pour les binationaux. Maintenant, l’État doit leur garantir l’assistance consulaire.

En détention, receviez-vous les messages envoyés par les militant·e·s d’Amnesty ?

Oui, il fallait rester fort et c’est grâce à vous que j’y suis arrivé. Votre soutien m’a permis de tenir. Vos voix faisaient vibrer ma cellule. Ma sœur me rapportait au téléphone vos messages réconfortants, je ressentais alors comme une lumière qui me donnait le courage de continuer.

D’autres prisonniers sont abandonnés, vulnérables, dont beaucoup d’innocents, qui rentrent dans leur coquille. Je les comprends. Ça n’était pas mon cas. Je devais absolument, malgré ces conditions, lever le poing et dénoncer les atrocités qu’ils nous faisaient. Je vous remercie du fond du cœur.

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11 août 2017
Maroc : une enquête doit être ouverte sur des allégations d’actes de torture

 

 

 

Les chiffres inquiétants de l’Observatoire marocain des prisons


L’Observatoire marocain des prisons (OMP) vient de publier son rapport sur les établissements pénitentiaires du royaume. Entre détention préventive, surpopulation carcérale et grèves de la faim, le rapport fait état d’une situation alarmante au sein des prisons marocaines.

Par

 
Yassine Toumi / TelQuel

Conditions défavorables. Telle était la conclusion du rapport annuel de l’Observatoire marocain des prisons (OMP) sur la situation des prisonniers en 2021 : “La situation des prisons connaît toujours plusieurs faiblesses.”

Énumérées par le rapport, les faiblesses des institutions de la DGAPR sont nombreuses, de la surpopulation carcérale à la flambée des cas de détention préventive, passant par l’augmentation — révélatrice — des grèves de la faim.

En outre, la composition des prisonniers pose un problème encore plus grave : 77 % des détenus des prisons marocaines sont des jeunes entre 18 et 40 ans.

Surpopulation carcérale, la bête noire des prisons marocaines

À fin 2021, le Maroc comptait 75 prisons au lieu de 78 un an auparavant, soit une diminution du nombre d’établissements pénitentiaires contre une augmentation progressive du nombre de détenus.

En effet, le nombre total de la population carcérale au Maroc était à 88.941 personnes à fin 2021, alors que la capacité d’accueil de l’ensemble de ces 75 établissements pénitentiaires ne dépasse pas les 53.956 places. Un taux de surpopulation de 156,17 %.

Ce phénomène touche la majorité des régions du royaume, mais il est encore plus important dans certaines. Il s’agit notamment de la région de Marrakech-Safi, qui est la plus touchée au niveau national, avec un taux de 154,31 %, suivie par Rabat-Salé-Kénitra (146,33 %), puis Casablanca-Settat (139,5 %).

Seules quatre régions affichent des taux de remplissage inférieurs à 100 % : Lâayoune-Sakia El Hamra (77,78 %), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (80,33 %), l’Oriental (96,88 %) et Drâa-Tafilalet (99,63 %).

Selon l’OMP, ce phénomène ne fait qu’augmenter au cours des années, notamment à cause de la diminution progressive du nombre de prisons face à la tendance haussière de la population carcérale, et particulièrement celle des détentions préventives.

Cette situation ne dégrade pas seulement les conditions de détention, mais elle est aussi à l’origine de plusieurs actes de violences, d’automutilation ou d’agression, avertit le rapport.

Détention préventive : à quand la rationalisation ?

Les règles des Nations unies pour l’élaboration de mesures non privatives de liberté ainsi que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques considèrent la détention préventive comme mesure “de dernier ressort”, qui “ne doit pas être de règle”. De son côté, le Code de procédure pénale marocain y voit “une mesure exceptionnelle”.

Pourtant, les chiffres dévoilent un recours excessif, parfois même abusif, à cette mesure privative de liberté. Les données de l’OMP sont parlantes : 37526 de détenus prévenus dans les prisons marocaines, soit 42,19 % de l’ensemble de la population carcérale.

Durant la dernière décennie, le pourcentage des cas de détentions préventives a connu une diminution légère, mais progressive, allant de près de 43 % en 2014 à 39 % en 2019. Cependant, la première année de la pandémie a enregistré un record avec plus de 46 %.

“Depuis plus de quarante ans, nous ne sommes toujours pas parvenus à résoudre le problème de la détention préventive qui continue de constituer une préoccupation majeure pour la politique pénale”, affirmait Mohamed Abdennabaoui à TelQuel en 2018, alors chef du parquet général.

Quatre ans plus tard, cette “préoccupation” n’est toujours pas traduite en mesures concrètes en vue de rationaliser le recours à la détention préventive.

Grèves de la faim, des chiffres révélateurs

La grève de la faim est connue, universellement, comme moyen pacifique pour les détenus de protester contre leurs situations de détention, ou en vue d’acquérir leurs droits. Cet acte de protestation sert aussi à sensibiliser l’opinion publique, éclaire l’OMP dans son rapport.

En 2021, les cas de grèves de la faim dans les prisons marocaines ont atteint les 1158, répartis comme suit :

  • Moins d’une semaine : 746 cas
  • D’une semaine à un mois : 320 cas
  • Plus d’un mois : 92 cas

Les motifs et raisons de ces grèves étaient nombreux, mais les détenus protestaient principalement contre les jugements et verdicts (79 %) et contre les conditions de détention (16 %), selon le même document.

L’OMP y voit un phénomène qui suscite l’attention de la communauté internationale, et qui prend de l’ampleur au Maroc.

Et de conclure : “Le pourcentage relatif aux conditions de détention est révélateur. Il remet en question l’accès aux droits fondamentaux garantis” par différents textes juridiques nationaux et universels, “ainsi que la manière dont sont traités les détenus, qui est parfois liée à l’abus, la violence ou la torture.”


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