mardi 3 décembre 2024

Importations de céréales par le Maroc : les chiffres de 2024

Mbaye Gueye, lebrief.ma,  02/12/2024 

Les importations jouent un rôle clé dans l’approvisionnement des marchés domestiques en produits essentiels. Les données fournies par la fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses(FNCL) pour les années civiles 2023 et 2024, ainsi que la campagne céréalière 2024/2025, mettent en lumière des dynamiques marquantes et des variations notables dans le commerce des céréales et produits dérivés.
Selon les données fournies par la fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), entre janvier et novembre 2023 et la même période en 2024, les importations totales de produits (toutes catégories confondues) ont augmenté de 9 %, passant de 10,56 millions de tonnes à 11,48 millions de tonnes. Cette hausse reflète une croissance notable des volumes de céréales, avec une augmentation globale de 10 %, atteignant 9,33 millions de tonnes en 2024 contre 8,50 millions en 2023. Cette progression a été particulièrement marquée pour certaines catégories :

Les importations de blé dur enregistrent une hausse impressionnante de 31%, passant de 460.000 tonnes à 1.000.000 tonnes. Cette progression traduit une demande accrue pour ce produit stratégique. Le maïs suit une trajectoire positive avec une augmentation de 16%, représentant 343.822 tonnes supplémentaires. Quant à l’orge, les volumes importés croissent de 23% pour s’établir 1,15 million de tonnes, soulignant son rôle croissant dans l’agriculture et l’alimentation. Ces chiffres illustrent des besoins intérieurs en constante augmentation.

En revanche, les importations de blé tendre ont légèrement repli de 2%, avec une baisse de 94.580 tonnes. Cette baisse pourrait être liée à une amélioration des productions locales ou à des ajustements des besoins industriels.

Les produits dérivés, un secteur dynamique

Dans la catégorie des produits dérivés, les importations ont également augmenté de 4 %, passant de 2,05 millions à 2,15 millions de tonnes. Plusieurs produits ont contribué à cette tendance positive, notamment : les produits dérivés qui connaissent une dynamique de croissance remarquable en 2024, notamment dans le secteur des tourteaux et du son de blé. Les tourteaux de tournesol affichent une augmentation de 22%, reflétant leur importance dans l’alimentation animale. Les tourteaux de soja suivent cette tendance avec une hausse de 9%, confirmant leur rôle crucial dans les chaînes d’approvisionnement. Le son de blé, quant à lui, se distingue par une progression spectaculaire de 40%, marquant une demande croissante pour ce sous-produit essentiel.

Cependant, certains produits ont enregistré des baisses, comme les drèches de maïs (-19%) et le gluten de maïs (-45%), ce qui souligne la variabilité des marchés et des préférences en matière d’importation.

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lundi 2 décembre 2024

Le Sahara est tout sauf Marocain : la FIFA le confirme

Maroc FIFA Coupe du Monde

Algérie Foot– La FIFA a récemment publié un document d’évaluation concernant la candidature conjointe du Maroc, de l’Espagne et du Portugal pour l’organisation de la Coupe du monde 2030. Un détail particulier a suscité une vive polémique : la carte du Maroc figurant dans le dossier ne comprend pas le Sahara occidental, une région disputée depuis des décennies.

Ce choix cartographique a immédiatement provoqué des réactions variées, notamment au sein de l’opinion publique marocaine, où le Sahara occidental est considéré comme une partie intégrante du territoire national, alors qu’il ne l’est pas. Les autorités marocaines n’ont pas encore officiellement réagi.

Le dossier de candidature pour le Mondial 2030 avait été salué comme une démonstration de coopération internationale exemplaire entre trois pays répartis sur deux continents. Ce partenariat, qui inclut pour la première fois une nation africaine dans une candidature transcontinentale, ambitionne de marquer l’histoire de la compétition. Cependant, cette controverse concernant la carte risque de détourner l’attention des ambitions sportives et organisationnelles du projet.

Il convient de rappeler que la question du Sahara occidental demeure une source de tensions diplomatiques entre le Maroc et plusieurs autres pays. Le territoire est classé comme « non autonome » par l’ONU, bien que le Maroc en contrôle une grande partie et propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Les cartes géopolitiques publiées par des organisations internationales, comme la FIFA, évitent souvent de prendre position sur ce type de différend, préférant se conformer à des normes neutres établies par des instances comme les Nations unies.

Pour les Marocains, cette omission pourrait être perçue comme un manque de reconnaissance de leur position sur le Sahara occidental. À l’inverse, d’autres observateurs pourraient y voir une simple application des standards internationaux en matière de représentation territoriale.

Cette polémique intervient à un moment crucial pour la candidature conjointe, qui se veut un symbole d’unité et de coopération. Si le dossier reste parmi les favoris pour remporter l’organisation du Mondial 2030, ce débat sur la carte pourrait toutefois compliquer les relations entre les parties impliquées et influencer les perceptions de certains membres votants au sein de la FIFA.

Il reste à voir si cette question sera abordée officiellement par les promoteurs de la candidature ou si elle sera éclipsée par les discussions sportives et logistiques entourant ce projet ambitieux.

Sur le même thème, lire Coupe du Monde 2030 : le Maroc, au cœur d’une révolution sportive et économique

dimanche 1 décembre 2024

Bidonvilles au Maroc, pourquoi y en a-t-il encore ?

 Dans les ruelles chaotiques des plus grandes villes marocaines, à l’ombre des gratte-ciels, sur fond de paysages de béton fissuré, se joue une tragédie à peine invisible que certains tentent pourtant d’ignorer. La plaie urbaine des toits en tôle, véritable atteinte à la dignité humaine, laisse deviner une histoire en souffrance. Espoir trahi, attentes suspendues, qu’adviendra-t-il du dangereux habitat insalubre au Maroc ?

Sabrina El Faiz, lebriefma, 30/11/2024

Il suffit de se perdre, de poser ce GPS et de décrocher ses yeux de son téléphone. À une rue de la vie dite normale, ce sont des quartiers types El Hank, à Casablanca, ou encore Ghandi, qui cachent, derrière leurs plus hauts immeubles, de très belles façades de pauvreté. Cette carte ne saurait se faire une place sur les stories instagrammables des touristes visitant les plus belles villes du pays.

Ces espaces informels, labyrinthe de ruelles étroites où la lumière peine à s’immiscer, incarnent l’antithèse de la modernité triomphante qui s’affiche fièrement sur les brochures touristiques du Maroc. Eux, ce sont la marge oubliée. Une marge aussi petite que celle d’un cahier où des milliers d’âmes survivent dans une promiscuité accablante. Les conditions de vie y sont plus que précaires, entre les fuites d’eau dissimulées et l’odeur âcre de l’humidité. Entre ces murs, chaque goutte de pluie devient une menace. Un quotidien qui se mue aisément en combat.

Commençons par définir un bidonville. Un bidonville, comme expliqué par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, «est la partie défavorisée d’une ville caractérisée par des logements très insalubres et construits par les habitants avec des matériaux de récupération, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière». Selon Mohammed Hakim Belkadi, consultant architecte des écosystèmes urbains prédictifs et des milieux interconnectés, un habitat insalubre est un logement ne répondant pas aux normes minimales de sécurité, de salubrité et de dignité. Cela inclut des habitations dépourvues d’accès à l’eau potable, à l’électricité ou à des installations sanitaires adéquates, souvent construites de manière précaire et dans des zones à risques (inondations, glissements de terrain…). Au Maroc, plusieurs villes connaissent encore ce problème, notamment Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech et Fès. Ces habitats se concentrent principalement dans les périphéries urbaines ou au sein de bidonvilles historiques, où les efforts de résorption peinent à suivre la croissance démographique et l’exode rural.

Les chiffres froids dispersés par les ministères ne racontent pas tout : 35% de bidonvilles en moins, 29.000 ménages bénéficiaires d’aides au logement, 16.300 familles relogées chaque année. Derrière ces données statistiques, il y a des regards, des rêves d’enfants entre les planches disjointes d’un abri de fortune et des familles entières qui vivent entre l’espoir d’un relogement et la peur d’être abandonnées à leur sort. Un sentiment hautement partagé et exposé à la face du monde au lendemain du séisme d’Al Haouz. Mais ça… c’est une autre histoire, ou pas !

A travers des programmes comme « Villes sans bidonvilles » des habitations insalubres s’effacent peu à peu du paysage, des familles retrouvent la chaleur d’un foyer digne et des projets urbains voient le jour. Mais à mesure que les bulldozers déchirent les baraques, une autre lutte s’intensifie, bien plus sournoise : celle contre la corruption, l’abus et les pratiques qui entachent les programmes d’aide.

Tour du Maroc des bidonvilles

Dans son intervention au Parlement, début novembre 2024, Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a détaillé les avancées du programme d’aide directe au logement. Depuis son lancement, ce programme a touché 29.000 ménages, comme précisé plus tôt, offrant à des familles modestes une chance de devenir propriétaires. Dans des villes comme Safi ou Meknès, où l’urbanisation sauvage avait laissé proliférer les habitats insalubres, les bénéficiaires voient leurs conditions de vie s’améliorer et l’économie elle-même peut en ressentir l’impact : une augmentation de 24,8% des ventes de ciment et de 12,1% des transactions immobilières, selon les données du ministère.

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