Selon ce document peu sérieux et encore moins
objectif, plus d'un millier d'organisations ont remis une lettre à
Michelle Bachelet dénonçant la situation des violations des droits
humains dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.
Pour commencer, il est nécessaire d'informer les
auteurs de ce pamphlet infame qu'au Sahara il y a plus de 200
organisations de défense des droits humains dans ses différents aspects
et aucune de ces organisations n'a signé la lettre mentionnée, de plus,
toutes sont des organisations illégales aux yeux du régime qui occupe
70% du territoire du Sahara Occidental. Les mille signataires sont des
« organisations » fictives sans aucune sorte d'implantation sur le
territoire et que le makhzen utilise pour confondre et faire diversion
avec des actions de ce style.
En revanche, en ce qui concerne les violations
commises dans les camps de réfugiés sahraouis, aucune violation grave
n'a été constatée ou rapportée dans les camps au cours des 30 dernières
années. Vous êtes mis au défi de fournir des données exactes et
précises, une seule violation grave des droits humains, ces 30 dernières
années, dans les camps. À cet égard, si vous êtes vraiment intéressés
par la défense des droits humains, vous pouvez vous rendre dans les
camps de réfugiés et le vérifier sur place. Les camps sont ouverts à
tous les types d'organisations des droits humains, bien sûr les
autorités sahraouies ne paient ni le voyage ni l’hébergement.
Quant au mantra obsessionnel du Makhzen concernant
le détournement de l'aide humanitaire, pour réfuter vos fausses
affirmations, nous vous renvoyons aux déclarations du commissaire
européen à la Gestion des crises Janez Lenarčič,
qui en juillet dernier a donné une claque retentissante au Makhzen,
niant tout détournement de l'aide humanitaire aux camps de réfugiés
sahraouis, un thème récurrent et répété du répertoire de
falsifications et contrefaçons du Makhzen. Bien que cela ait déjà été
nié à plusieurs reprises par la Commission, le Makhzen et ses acolytes
français d'extrême-droite au Parlement européen, et maintenant des
organisations aux objectifs obscurs comme DHSF, ont continué à enfoncer
le même clou et ont reçu une fois de plus cette réponse contondante du
commissaire Lenarčič: « Je peux assurer que nos garanties sont suffisamment solides pour empêcher tout détournement de l'aide de l'UE ».
Si cette réponse n'est pas suffisante, je vous
renvoie à la note publiée il y a 10 jours par le Programme alimentaire
mondial (PAM) dans laquelle il nie non seulement le détournement de
l'aide humanitaire, mais aussi les accusations obscènes portées contre
le gouvernement algérien concernant de prétendues perceptions de taxes
et certifie la collaboration, la disponibilité et l'assistance du
gouvernement algérien pour l'acheminement de l'aide aux réfugiés
sahraouis.
Le PAM a également annoncé que des audits fréquents
sont effectués sur la distribution de l'aide, le dernier en date cette
année, et que les résultats sont satisfaisants (ce sont des faits, pas
des divagations).
Le rapport inique parle également de la pleine
liberté d'association, et limite les entraves à des questions
administratives, il est franchement inouï et déconcertant de parler de
liberté garantie, dans un endroit où le droit d'association n'existe pas
comme c'est le cas de la partie du Sahara occidental occupée par le
Maroc, où plus de 200 associations sahraouies sont illégales, malgré la
demande expresse du président Barak Obama pour leur légalisation, à ce
jour, 24/8/2020, ces associations restent illégales. Au Maroc,
l'histoire n'est pas très différente, le droit d'association est
respecté tant qu’on défend les intérêts du makhzen, sinon les entraves
administratives deviennent politiques.
Ce rapport perfide frise le grotesque en décrivant
le droit de manifester au Maroc comme un droit constitutionnel. Alors
que la réalité est que les manifestations au Maroc, si elles ne sont pas
gouvernementales, sont nulles et non avenues, essentiellement en raison
de la brutalité des réponses de la police et des conséquences très
graves pour les manifestants. Tous ceux qui connaissent le Maroc savent
qu'aucune épingle n'est déplacée dans ce pays sans l'approbation du
makhzen.
L'ignorance hénaurme ou délibérée des auteurs de ce
rapport est telle qu'ils n'ont même pas essayé de la camoufler avec un
minimum de crédibilité, ils ont fait tout leur possible pour plaire à
quelqu'un à qui ils offraient un service. Dire qu'au Maroc personne
n'est persécuté pour son origine, ses idées et sa condition est
pratiquement une hérésie. Précisément, le Maroc est l'un des rares pays
au monde où vous êtes persécutés en raison de votre origine, de vos
idées et de votre condition. Je recommanderais aux auteurs de ce rapport
désastreux de se donner la peine de demander aux Sahraouis, aux Rifains
ou à n’importe quel opposant.
Ce rapport déplorable évoque du bout des lèvres les
mauvaises conditions de détention au Maroc et donne du crédit à une
entité gouvernementale créée précisément pour cacher cette honte. Il
suffirait qu'ils visitent la meilleure prison du Maroc pour ressentir la
honte et l'embarras de ce qu'ils ont écrit dans ce pamphlet
ignominieux. Le problème est que vous ne pourrez probablement visiter
aucune prison au Maroc. Pour votre information, je vous dirai que dans
les prisons du Maroc, la vie est ce qui se rapproche le plus d'un tas de
fumier : les prisonniers vivent
entassés (il y a des images de cela), ils sont en mauvaise santé, ils
doivent se nourrir eux-mêmes et les conditions en général sont
déplorables en raison du manque de moyens et des abus commis à
l'intérieur des prisons. En outre, les pratiques d'apartheid vis-à-vis
des prisonniers de conscience sahraouis, telles que l'isolement et
l'éloignement de leur domicile, sont également pratiquées dans des
prisons situées à plus de mille kilomètres de leur domicile.
Le rapport est tellement arbitraire qu'il met entre guillemets « les prisonniers civils sahraouis », tentant de nier l'existence et la situation de la centaine de prisonniers politiques sahraouis.
Le rapport, si on peut l'appeler ainsi, parce qu'il
est faux du premier au dernier mot, est tellement complaisant avec le
makhzen que parfois, en le lisant, on a le sentiment qu'il a été
commandé et payé par le makhzen lui-même. En ce qui concerne la torture
qui est le pain quotidien dans les prisons, les commissariats de police
et dans la rue, le pamphlet énumère les articles de la constitution et
des systèmes juridiques internationaux, mais il ne documente ni ne cite
aucun cas de torture, alors qu'on sait qu'il y a au moins trois prisons
secrètes au Maroc et que le chef des services secrets marocains lui-
même fait l’objet de poursuites pour torture en cours en France, d'où il
a dû partir en courant pour ne pas être arrêté.
L’opuscule consacre quatre lignes insignifiantes
qui n’apportent rien à la grève dans les prisons et à la peine de mort,
dans lesquelles il exalte le comportement du makhzen, structure ancrée
dans le bas moyen, est exalté.
Le libelle tente de camoufler derrière des articles
de je ne sais quel code la situation dramatique et terrible que vivent
les homosexuels et les femmes au Maroc où ils/elles sont privé·es de
pratiquement tous leurs droits. Les homosexuels souffrent de l'exclusion
sociale et gouvernementale et finissent souvent en prison simplement
parce qu'ils sont homosexuels.
Quant aux femmes, le Maroc est une société à 100%
patriarcale et machiste et bien que dans certaines zones urbaines les
femmes elles-mêmes aient conquis certains droits, la réalité est que
cela est très minoritaires et exclusif et ne représentent donc pas la
situation réelle des femmes au Maroc, où selon certaines organisations,
l'analphabétisme et le chômage des femmes dépassent 60%.
Le prospectus reprend les mêmes vieilles manières
d'aborder la question de la liberté de la presse, plus intéressé aux
louanges au gouvernement et par la justification et la dissimulation des
plaintes concernant le manque flagrant de liberté de la presse au
Maroc. Nous ne contesterons pas cet écrit en nous référant à la 140ème place
où Reporters sans frontières place le Maroc dans le classement mondial
du respect de la liberté de la presse, ni ne présenterons les centaines
de rapports indépendants et de spécialistes du Maroc même qui dénoncent
l'absence de liberté de la presse et les abus et la répression contre
quiconque ose diffuser quelque chose qui ne soit pas officiel.
Le dernier de ces rapports a été publié en décembre 2019, précisément par RSF, et s'intitulait Sahara occidental ; un désert pour le journalisme.
Nous nous référerons à l'interview accordée il y a six jours, le 20 août, au journal Le Figaro,
par Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine du Maghreb à
l'université de Paris I Sorbonne, suite à la diffusion d'un document
signé par plus de 400 intellectuels marocains, dénonçant le déclin de la
liberté d'expression et les astuces et procédés utilisés par le
makhkzen pour restreindre cette liberté de presse tant attendue, par la
diffamation de tous les opposants.
M. Vermeren souligne les points suivants qui
répondent clairement et spécifiquement aux foutaises écrites dans ce
rapport de DHSF sur la liberté de la presse au Maroc :
- Tout titre de journal qui ne consent pas à
transmettre les messages du pouvoir en place ou qui a le culot de
critiquer les « lignes rouges » définies par le régime connait des
difficultés insurmontables.
- La police politique, au Maroc ou dans
l'importante diaspora marocaine à l'étranger, a réussi à contrôler
presque tous les sites d'information marocains en ligne.
- Lorsque le régime veut
lancer une campagne de diffamation contre l'un de ses adversaires (ou
prétendus tels), il lui suffit de lancer une offensive concertée. La
campagne de diffamation, dirigée contre un individu exposé, se réfère
très souvent à des cas réels ou inventés de moralité ennuyeux, ce ui
permet d’éviter les procès politiques comme dans les années 1980. L'État
peut alors se réfugier derrière le respect de la moralité islamique
prétendument offensée, et la justice sanctionnera l'atteinte aux bonnes
mœurs.
En outre, dans le manifeste qui a précédé cette
interview, signé par plus de 400 intellectuels et artistes marocains,
ils ont dessiné un panorama plus proche de l'Allemagne nazie que d'un
pays du XXIème siècle,
se disant : « sous la menace constante d'un pouvoir qui peut
potentiellement nous emprisonner, nous faire souffrir et nous anéantir »
et malgré cela, les artistes revendiquent leur « droit de discuter,
d'analyser, de critiquer, de contredire, sans être criminalisés,
inculpés, insultés, intimidés ou harcelés ».
Le texte ordurier présenté par DHSF sur les droits humains au Maroc, se conclut par une attaque contre des organisations
de défense des droits humains, telles qu'Amnesty International et HRW,
avec des arguments qui ne sont ni solides ni vérifiables, comme le cas
de l'espionnage téléphonique du journaliste Radi à travers le programme
d'espionnage Pegasus et accuse Amnesty de ne pas apporter de preuves,
Lorsque le Makhzen, qui a d'abord exigé des preuves et menacé d'expulser
l'organisation, celle-ci a fourni des preuves fiables de l'espionnage
par Pegasus et le Makhzen a fait marche arrière et a tranché l'affaire
lorsqu'elle a été découverte [choisissant une autre voie : Omar Radi a
été inculpé pour « financement étranger, mettant en danger la sécurité
intérieure » et pour « viol d'une collègue », et est détenu depuis le 29
juillet, NdE].
Amnesty et HRW ont fait leurs preuves, plus que
reconnues, et leur contribution a changé et amélioré le respect des
droits des personnes dans presque tous les coins du monde. Mais il est
clair que DHSF, peut-être par gratitude, en raison d'une généreuse
contribution, a préféré s'ancrer dans le bas moyen âge avec le makhzen
pour seule compagnie, plutôt que d'encourager et de soutenir des
organisations qui défendent véritablement les droits humains.
Enfin, DHSF présente un rapport vomitif d'un
présumé observateur indépendant, qui plus est, est un estomac
reconnaissant et un flagorneur qui a vécu les mille et une nuits et a
complètement occulté la manière dont l'immigration illégale est utilisée
par le makhzen. Son séjour a été si gratifiant et si agréable que son
regard a été ensablé et qu'il n'a pas réussi à voir la souffrance que le
makhzen fait subir aux immigrants d'Afrique subsaharienne, ses
manœuvres visant à faire payer des millions à l'UE pour soi-disant
contrôler cette immigration. L'observateur n'a pas non plus appris que
les immigrants sont principalement amenés de leurs pays par le makhzen
lui-même pour faire pression sur l'UE, marchandant la pression
migratoire pour des millions d'euros.
De même, il n'a pas pu voir les conditions
infrahumaines dans lesquelles vivent ces immigrants et le traitement
humiliant qu'ils reçoivent au Maroc. Il n'a pas pu non plus voir quand
le Makhzen réceptionne les fonds versés par l'UE et, pour justifier ces
paiements, effectue des raids de chasse aux immigrants et les déporte au
milieu du désert où beaucoup meurent de soif.
En réalité, il s'agit d'un document servile,
obéissant et soumis aux autorités du makhzen, qui n'offre aucun intérêt
et ne fournit pas le moindre détail utile ou clarificateur sur la
situation des droits humains.
C’est franchement décourageant et démoralisant de
tomber sur des organisations qui prétendent défendre les droits humains
et qui, à la première occasion, se vendent au plus offrant.
►Sur le même sujet, lire La nouvelle stratégie du Makhzen marocain pour discréditer le Front Polisario en Amérique latine