Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala
Des centaines de sinistrés du séisme dans les provinces d’Al Haouz ont
participé à une manifestation devant le Parlement, exigeant une révision
du mode de répartition de l’aide royale allouée à la reconstruction des
habitations détruites. Les manifestants ont exigé la création d’un
comité indépendant pour traiter le dossier de soutien et garantir la
transparence dans la distribution de l’aide. Les personnes touchées ont
dénoncé les manipulations et les violations dans le versement de l’aide,
car beaucoup d’entre elles ont été exclues des bénéfices, malgré la
destruction de leurs maisons.
La corruption coûte au Maroc près de 50 milliards de dirhams
annuellement, selon la CGEM. S’exprimant à la Chambre des conseillers,
la présidente du groupe parlementaire de la CGEM, Naïla Tazi, a affirmé,
le 26 mai 2022, que «le fléau de la corruption continue de sévir,
d’être banalisé dans tous les secteurs, entravant le développement du
pays».
S’appuyant sur le classement de Transparency international, la
parlementaire a indiqué que «le Maroc a dégringolé de la 73ᵉ place du
classement mondial en 2018 à la 87ᵉ en 2021 et que cette dégringolade
affecte la confiance des investisseurs qui se basent sur cet indice de
transparence pour prendre leur décision».
Dans ce sens, la responsable a demandé au gouvernement de «rendre
publics les rapports de l’Inspection générale des finances (IGF) et de
renforcer la transparence des marchés publics».
, par Longo18 mai 2022, Par Nicholas Bell Longo Maï
Salut tout le monde
Ces derniers temps presque toute conversation spontanée commence par la question : Combien de temps ça durera encore ? Sous-entendu, combien il y aura encore de victimes, et combien d’existences ruinées ?
Hormis, peut-être, ce constat : la classe politique et la majorité de la population ukrainiennes ne sont pas prêtes à une capitulation ou autre forme de compromis sur le dos des gens qui se trouvent actuellement sous occupation russe. Dans la région de Melitopol dans le sud-est par exemple, des unités de partisans combattent efficacement l’occupant. Après la guerre, l’on peut s’attendre à une multitude de publications captivantes, mais sans doute aussi terribles.
Certains réfugiés rentrent chez eux. C’est à constater aussi aux frontières. Depuis quinze jours, les gardes-frontières ukrainiens comptent plus de gens qui retournent que des gens qui quittent le pays. A l’intérieur, les trains circulant de la Transcarpatie vers Kyiv et encore plus à l’est sont pleins.
Jusqu’au début de la guerre, notre ami Guena habitait avec sa famille à Irpine, près de Kyiv. Leur appartement a été partiellement détruit par un tir d’obus. Il s’y est rendu la semaine dernière pour le protéger des pillages et des intempéries. Y habiter n’est pas très réaliste en ce moment, il n’y a pas d’eau courante, et l’électricité n’est pas stable. Plus de la moitié de la ville est en ruine. Il n’y a pas de magasins ouverts dans la ville. Encore Guena peut se considérer heureux, beaucoup d’autres n’ont plus rien à sauver.
Au nord de Kharkiv, l’armée ukrainienne a repoussé les Russes à plus de 30km de la ville, ce qui la met à l’abris des tirs d’artillerie. C’est une aubaine formidable après plus de deux mois de destruction permanente et de morts quotidiens. Chernihiv, au nord-est de Kyiv, est largement détruit. Avant la guerre c’était l’une des plus belles villes d’Ukraine, tranquille, confortable, verte avec ses grands parcs et les allées ombragées des grands arbres.
Dans les zones plus proches de la frontière (au nord de Kyiv) il y a régulièrement des tirs d’artillerie. Il semble que l’objectif principal de ces tirs soit de ne pas permettre aux ukrainiens de diminuer leurs effectifs dans ces régions. En souffre comme toujours la population.
Défense territoriale
Il y a quinze jours, les unités de défense territoriale de Transcarpatie, plusieurs milliers d’hommes, ont été transférées au front, quelque part à l’est. Nous ne sommes pas censés savoir où ils se trouvent exactement. Ici en Transcarpatie, la guerre était restée un peu virtuelle pendant les premiers deux mois, du coup ça change. Aussi les entraînements de ces unités de volontaires donnaient l’impression plutôt d’un simulacre que d’une préparation à la guerre. D’autant plus, personne (moi y compris) n’imaginait que ces soldats sans expérience seraient envoyés dans des lieux où il faudra combattre. Mais qui avait imaginé une guerre de cette envergure et durée? Et la logique militaire est décidément différente de « la notre ».
Pour les proches de ces soldats, ce n'est pas cool. Le pire, qu’à peine arrivée à l’est, une unité a été la cible de plusieurs tirs de mortier. Quatre soldats sont morts sur le coup, deux à l’hôpital. Nous n’avons que peu d’informations sur ce qui s’est passé, alors je vous donne une version non confirmée. Tous ces soldats ont été assez bien équipés dès leur arrivée, protections individuelles d’excellente qualité et même un système de radio-transmission starlink (Elon Musk). Or c’est quelques heures après l’installation de ce récepteur-miracle que cette unité a subi ces tirs. Est-ce que les Russes peuvent déceler ces appareils? Nous sommes à double titre inquiets, Slava, notre ami proche fait partie de l’unité qui a essuyé l’attaque meurtrière.
Mobilisation
En ce qui concerne la mobilisation, il y a des signaux contradictoires. D’un côté le pouvoir annonce des facilitations pour certaines catégories d’hommes de quitter le territoire. De l’autre côté, il est question d’atteindre rapidement le chiffre d’un million d’hommes et de femmes en armes, trois fois plus environ que maintenant. A quel point cela est réaliste, j’ai du mal à comprendre. En Transcarpatie, un grand nombre d’hommes se planque de la police militaire que l’on voit quotidiennement postée à des carrefours et autres lieux publics. Officiellement il y a 1 million de réservistes.
Aide humanitaire
Nous avons réussi à assurer nos ami-e-s à Kharkiv de l’initiative NEBO du soutien de plusieurs grosses organisations de l’occident. Actuellement nous cherchons à aider plus systématiquement une initiative à Dnipro « Les Anges Salvateurs » qui travaille sur un large territoire de l’est ukrainien : Evacuation et aide aux personnes déplacées. https://www.facebook.com/yangoli.spasinnya
Revenons vers chez nous
C’est devenu très compliqué de trouver du gasoil dans les stations d’essence ces derniers temps. Il faut attendre deux heures et plus pour acheter 20 litres. Si l’on n’a pas de temps et assez d’argent, l’on peut s’en procurer chez des spéculateurs qui vendent du gasoil sans limite. La différence de prix impressionne : Au lieu de 1,25€ dans les stations, chez eux il coûte 1,85€ le litre. Pour des salaires ukrainiens c’est de la folie. Le gouvernement a décidé de libérer les prix, sans doute prochainement le gasoil reviendra dans les stations au prix élevé pour tout le monde.
Les arts
Les musiciens, sculpteurs, peintres et autres artistes se remettent petit à petit au travail s’ils ne sont pas à l’armée. Il y a des actions de soutien à l’armée ou d’aide morale aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, et beaucoup de manifestations de solidarité à l’étranger. Avec notre groupe Hudaki Village Band nous allons partir à l’étranger au mois de juin si le ministère de la culture nous en donne la permission.
Au village aussi nous voulons donner un peu d’air frais en organisant un symposium d’artistes avec le « Biruchy contemporary art project ». Biruchy est une péninsule dans la mer d’Azov, actuellement sous occupation russe. Nos amis y réunissent chaque année des artistes des arts visuels parmi les plus reconnus d’Ukraine. Les derniers deux jours du symposium, ils et elles présenteront au public leur réalisations dans une exposition au centre du village. Ensuite, l’expo part directement à New York (sans blague).
ALGER
- La militante américaine Ruth McDonough a affirmé qu'elle sera "la
voix du peuple sahraoui pour délivrer son message au monde", s'engageant
à révéler les pratiques répressives du régime marocain qui continue
d'imposer un siège à la militante sahraouie Sultana Khaya et sa famille
dans la ville occupée de Boujdour.
"Il
existe de nombreuses façons d'exprimer sa solidarité avec la famille de
Sultana Khaya et le peuple sahraoui en général. Je suis solidaire avec
eux et je soutiens tous les peuples opprimés à travers le monde, nous
trouverons des moyens d'exprimer nos positions", a indiqué à l'APS Mme
McDonough, relevant que sa grève de la faim "n'est qu'une des nombreuses
méthodes utilisées pour transmettre le message de la famille Khaya
aumonde".
Un groupe de militants solidaires, dont Ruth McDonough,
est présent au domicile de Sultana Khaya, afin de contribuer à lever le
siège imposé à cette famille sahraouie depuis le 19 novembre 2020.
La
militante US a fait savoir que le message qu'elle voulait délivrer de
la part de Sultana Khaya et sa famille à la communauté internationale
porte sur "les revendications légitimes du peuple sahraoui à son droit à
l'autodétermination et visant à mettre fin à l'occupation et au siège
imposé à la militante sahraouie et sa famille depuis plus d'une année".
Il
s'agit également de "permettre à une mission d'enquête internationale
de visiter la famille sahraouie pour découvrir la vérité sur les
pratiques criminelles commises par le régime marocain".
La semaine
dernière, un gros camion avait percuté la maison de la militante
sahraouie Sultana Khaya à une heure très tardive. A cause de cette
attaque, la santé de militante américaine des droits de l'Homme s'était
un peu détériorée, mais son état commence à s'améliorer.
"Cette
attaque avait pour but de nous intimider, de nous faire peur et de nous
faire savoir que le danger plane toujours autour de nous", a-t-elle
précisé.
"Même si la maison ne s'est pas effondrée sur nos têtes
vu la violence de cette attaque, elle a laissé un sentiment d'insécurité
totale", a-t-elle ajouté, soulignant néanmoins que l'ambiance
fraternelle et la solidarité qui régnaient à l'intérieur de la maison
ont laissé une impression de réconfort.
Evoquant, par ailleurs, sa
visite dans la maison de Sultana Khaya, Ruth McDonough a souligné que
sa présence lui a permis de "partager la souffrance de la famille en
particulier et les conditions difficiles du peuple sahraoui en général".
La
militante américaine a, en outre, insisté sur le fait que le peuple
sahraoui "ne fait que réclamer ses droits légitimes à la liberté, à la
paix et à la sécurité", assurant qu'elle sera "sa voix" pour transmettre
son message au reste du monde.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol
(PSOE) a une fois de plus bloqué une proposition du groupe parlementaire
pluriel demandant réparation au gouvernement espagnol pour les victimes
d’armes chimiques pendant la guerre du Rif, entre 1921 et 1927.
Présentée au Congrès des députés le 24 mars dernier par le groupe parlementaire pluriel (grupo parlamentario plural), qui rassemble plusieurs partis, cette initiative vise à clarifier “ces événements du début du siècle dernier dans la région du Rif”, a expliqué la députée Mariona Illamola Dausá (parti Junts per Catalunya).
Selon la parlementaire, de nombreuses études prouvent que, durant la Guerre du Rif (1921-1927),
les forces espagnoles et françaises ont utilisé des agents chimiques
contre des cibles militaires, mais aussi touché la population civile, “répandant du gaz moutarde depuis des avions”.
La députée a rappelé que ces agents chimiques avaient d’abord été
achetés en Allemagne, avant d’être produits à “La Marañosa”, une usine
située près de Madrid, construite sur la base d’un accord entre
l’Espagne, l’Allemagne et l’Union soviétique, écrit El Faro de Melilla.
Selon la représentante du groupe parlementaire pluriel, les
recherches montrent que les attaques continues de l’Espagne et de la
France au gaz moutarde et autres agents chimiques ont causé des pertes
militaires et civiles, mais également des cas de cécité, de maladies
respiratoires ou encore des problèmes de production agricole et
d’élevage “à long terme”.
Tawfiq Bouachrine, Soulaïmane Raïssouni, Omar Radi
C’est un bien triste anniversaire que l’on a fêté hier. Cela fait
maintenant deux années que Soulaimane Raissouni est en prison. Une
opportunité pour revenir sur les circonstances qui m’ont amené à le
connaitre, le respecter et l’admirer.
“Je souhaiterais réaliser un entretien sur l’histoire du Journal
Hebdomadaire” C’est par cette requête que j’ai connu Soulaimane
Raissouni. Il était encore à Al Massae. J’ai commencé par refuser. Je ne
le connaissais pas vraiment, mais son journal, oui. J’avais du mal avec
cette presse qui usait de pugnacité avec tout le monde sauf avec ceux
qui la méritaient le plus -le complexe de rentiers et de sécuritaires
qui tient le pays. Je doutais de sa promesse de publier mes réponses
fidèlement. Pour me convaincre de son intérêt, il offrait de se déplacer
en Tunisie où je me trouvais pour une conférence.
Comme souvent dans ces circonstances, je recours à mon père. Son nez
pour le makhzénisé ou, plus utile encore, le makzanizable, lui faisait
rarement défaut. Je n’ai pas pu finir ma question qu’il me disait d’y
aller les yeux fermés. Selon Si Khalid, Soulaimane était un “vrai”.
Mon admiration pour sa probité et son courage n’ont cessé de grandir
depuis. J’en suis venu à le considérer comme le meilleur éditorialiste
marocain de ces dernières années. Son travail de militant des droits de
l’homme et son expérience de journaliste lui ont forgé la capacité
d’analyse et l’intelligence nécessaire pour écrire comme les marocains
ont besoin qu’on leur écrive. Avec une plume courageuse et respectueuse
de leur intelligence. C’est, je crois, la raison de ses malheurs.
Contre vents et marées, il a cru qu’une presse indépendante était
possible au Maroc. Quand on lance un nouveau média, comme il l’a fait à
un moment, et qu’on a les engagements éditoriaux sans compromis comme
les siens, c’est qu’on a la foi. Il a été jusqu’au bout de ses
convictions. Certains diraient son engagement déraisonnable. Critiquer
les puissants lorsque ceux-ci ne rechignent devant rien ou presque pour
vous faire taire, n’est ce pas là le signe de l’inconscience ? Peut
être. Mais rien n’a jamais changé sans cette inconscience là.
Soulaimane est-il innocent des crimes dont l’accuse l’Etat? J’en suis
persuadé. Mais ma conviction n’a aucune importance. Ce qui en a, c’est
le comportement du complexe Judiciaro-Policier à son égard. En
l’occurrence, La vindicte de l’Etat n’est pas seulement évidente, elle
est ostentatoire.
Les tenants de notre ordre policier et judiciaire veulent que vous le
sachiez : Les principes élémentaires du droit ne vous protégent pas
lorsque vous les fâchez. L’injustice décomplexée de L’État n’est pas
seulement un moyen pour condamner les critiques du régime. Elle en est
aussi une fin.
Le traitement inique des affaires Soulaimane Raissouni, Omar Radi, Nacer Zefzafi est un message en soi.
S’élever contre le sort fait à ces éclaireurs de la liberté signifie
notre rejet de ce message. Notre refus que la Loi soit un outil de
répression aux bénéfices des puissants plutôt qu’un instrument de
Justice équitable.
A Casablanca, au centre-ville, on les voit déambuler, titubant sous
l’effet des drogues, déguenillés, en haillons, ébouriffés, sales,
pitoyables.
Mon premier contact avec les enfants de la rue l’a été en 2006 lors d’une enquête à Nador et à Bni Ansar*. Ils affluent de tout le Maroc, venant réaliser leur rêve d’émigration à la porte de Mellilia. Les plus jeunes ont 9 ans!
Certains ont fui la précarité de leur famille, la violence, la
déscolarisation. D’autres ont été envoyés par leur famille. Mais l’accès
à Mellilia, porte de l’Eldorado, reste infranchissable. Certains se
glissent dans des camions et intègrent El Centro, centre d’hébergement
espagnol, qui les prend en charge et les forme. Ensuite, ils peuvent
aller en Espagne. La porte de l’Europe leur est ouverte.
Mais pas à tous. Des dizaines d’enfants plongent dans la déchéance.
Le retour à la famille est impossible. Si l’enfant a fui, il craint les
représailles familiales. Si sa famille a payé le voyage, il a honte d’y
retourner en échec. Il rêve de traverser, de s’enrichir et de revenir
glorieux dans sa famille.
Parmi eux, il y a très peu de filles. Ils vivent dans la rue, se
clochardisent, se droguent, mendient… Des enfants de la rue. Comme ceux
que l’on voit dans les rues de Casablanca.
Mais ceux de Nador et Bni Ansar ont une stratégie: émigrer. Les
autres sont victimes du désespoir. D’autres sont nés dans la rue avec
des parents eux-mêmes sans-abris. Un point commun à tous: aucune pièce
d’identité.
En 2007, nous avons créé l’association Riad el Amal, à Casablanca,
pour essayer de réinsérer ces damnés de la société. Ils nous ont
beaucoup appris!
Selon l’Unicef, l’enfant de la rue dort durablement dans la rue. L’enfant dans la rue passe ses jours et ses soirées dans la rue, mais rentre dormir chez lui. Les enfants de la rue vivent dans et de la rue. Ils sont souvent en rupture totale avec leur famille.
Ce phénomène se développe partout dans le monde. Chez nous, on les appelle chmakrya (ceux qui inhalent) car ils se droguent au silicium, une colle vendue dans les drogueries. Ils nous écœurent, nous font pitié, nous effrayent… Ou nous laissent indifférents.
A Casablanca, au centre-ville, on les voit déambuler, titubant sous
l’effet des drogues, déguenillés, en haillons, ébouriffés… La nuit, ils
jonchent les trottoirs des quartiers huppés, à même le sol ou sur une
feuille de carton, serrés les uns contre les autres pour se réchauffer
mais aussi pour se protéger des vols, des viols et des agressions.
Ils vivent en bande pour faire face à la violence d’autres bandes.
Ils sont la proie de toutes sortes de menace. Ils vivent de mendicité,
de petits services dans les marchés. Ils volent pour manger et surtout
pour acheter leurs drogues. Ils vendent les habits offerts par les
associations. Sans drogues, impossible de supporter l’enfer de la rue.
J’entends souvent dire: pourquoi les autorités ne les ramènent pas
chez eux? Nous sommes face à un phénomène très complexe; la réinsertion
est très difficile, même dans les pays riches. La sortie à la rue est
toujours motivée par la violence verbale et physique, par el hogra
(l'injustice) par le père surtout s’il est addict à l’alcool et/ou aux
drogues. Un frère peut violenter et surtout l’épouse du père, si la mère
est décédée ou divorcée.
L’école est responsable: des enseignants violents intensifient el hogra.
Souvent, lorsqu’on demande à l’enfant de se présenter avec son père, il
a peur. Il s’absente, se réfugie dans la rue. L’école ne l’accepte
plus. Un cercle vicieux. La peur lui fait fuir le foyer. Commence la
dérive!
Il y a peu de filles. En 2017, à Casablanca, nous en avions
répertorié 11%. La sortie de la rue des filles est motivée par la
violence, voire par une grossesse. Nombreuses sont prises en charge par
des associations.
Dans la rue, les filles intègrent les bandes. Elles ont souvent un
partenaire régulier et parfois d’autres de passage. Le régulier protège
du viol. Les grossesses ne sont pas rares et donnent des enfants sans
identité, maudits dès la naissance.
De nombreuses associations soutiennent ces enfants, en collaboration
avec les pouvoirs publics. Mais la pandémie a tout ralenti. Le
confinement dans des espaces réduits et la misère a poussé de nombreux
enfants à la rue.
Les tentatives de placer les enfants dans des centres fermés échouent
car ils sont addicts aux drogues et on les leur interdit dès l’arrivée.
Les éloigner du centre-ville est un échec car c’est là que la mendicité
rapporte.
Le respect d’un protocole adapté est indispensable. L’étude que nous avons effectuée, l’unique au Maroc et en Afrique**,
propose un protocole de réinsertion qui doit commencer dans la rue en
respectant des étapes. C’est le rôle du travailleur social qui doit être
formé spécifiquement. Aucune réinsertion ne réussit par l’enfermement
ou l’isolement.
Cela au niveau curatif.
Mais on peut agir à un niveau préventif. C’est le rôle de l’école qui
doit avoir des travailleurs sociaux. Les enseignants doivent bannir la
violence et être attentifs aux comportements de l’enfant. S’il change,
s’il est triste, si son écriture change, ses notes baissent, s’il
s’absente… Ces troubles doivent être signalés au travailleur social qui
devrait écouter l’enfant et faire une enquête. Le problème peut venir
des enseignants ou d’autres élèves.
Si le problème est familial, les parents peuvent être alertés,
conseillés… Ce qui réduirait considérablement les abandons scolaires car
l’enfant quitte d’abord l’école, avant de quitter sa famille. Si
l’enfant est maltraité dans sa famille, le travailleur social doit en
informer le Procureur du Roi qui entame une procédure dans l’intérêt
supérieur de l’enfant.
Les pouvoirs publics, la société civile, les élus devraient s’unir
davantage dans le cadre d’un programme global et intégré, mais avec la
connaissance approfondie du phénomène et avec des intervenants
spécialisés.
*Enfants de la Province de Nador et migration de mineurs non accompagnés, pour le Bureau technique de la Coopération Espagnole au Maroc, avec le Dr Chakib Guessous)
**Enfants en situation de rue. Sociologie et accompagnement à la réinsertion, collectif avec Chakib GUESSOUS (éd. MARSAM, 2019).
Boujdour
(camps des réfugiés sahraouis), 21 mai 2022 (SP) Le président de la
République et Secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali a
affirmé, vendredi au camp des réfugiés sahraouis à Boudjedour, que le
10e Congrès de l'Union de la jeunesse de Saguia El Hamra et Rio de Oro
(UJSARIO) constituait un évènement décisif dans l'histoire du peuple
sahraoui.
S'exprimant à l'occasion de la tenue du 10e Congrès de l'UJSARIO sous
le thème: "Jeunesse sahraouie, force mobilisée et consciente pour
gagner la bataille ultime", M. Ghali a déclaré que la célébration du 49e
anniversaire du déclenchement de la lutte armée du peuple sahraoui et
la tenue de ce congrès portent des sens et des significations de grande
importance, ajoutant que "la révolution du 20 mai est toujours liée à la
jeunesse".
Le président Ghali a indiqué que la jeunesse sahraouie demeure au
centre des plans, des politiques et des programmes de la direction
sahraouie, et ce, dans le contexte de l'orientation stratégique adoptée
par le Front Polisario, combinant entre la libération et la construction
et axant d'abord sur l'homme en tant que principal élément dans la
bataille décisive.
"L'UJSARIO occupe une place prépondérante en tant que principal pivot
de l'organisation politique du front, source d'énergies et de
compétences et école pour les cadres militants fidèles au serment de
leurs chouhada et à leurs principes et attachés à leurs objectifs",
a-t-il soutenu.
Le président de la République a souligné que le Front Polisario et le
gouvernement sahraoui accordent un intérêt particulier aux jeunes
sahraouis en termes de développement de leurs compétences culturelles et
intellectuelles ainsi que leur implication dans les différentes formes
de la bataille menée par le peuple sahraoui pour l'indépendance et
l'édification.
Le SG du Front Polisario a rappelé que le déclenchement de la lutte
armée au Sahara occidental le 20 mai 1973 avait été le couronnement d'un
long processus de résistance nationale sahraouie.
Il a tenu à rendre hommage aux détenus civils sahraouis dans les
geôles marocaines et à leur tête les "héros" de Gdim Izik et de
l'Intifada pour l'indépendance des territoires sahraouis.
M. Ghali a réaffirmé que le seul accord valable entre les deux
parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, demeure bel et bien
le Plan de règlement ONU-OUA (Union africaine) de 1991 pourvoyant de
permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l'autodétermination
et l'indépendance.
Le président de la République a exprimé sa reconnaissance et
gratitude à l'Algérie, peuple et Etat, pour leurs positions constantes
aux côtés de la justice, de la légalité et les chartes et résolutions de
l'ONU et l'UA.
Il a appelé l'Etat français à revoir avec sincérité sa position
envers le conflit du Sahara occidental conformément à la légalité
internationale, exhortant également l'Union européenne à respecter le
droit international humanitaire dans le Sahara occidental.
Le chef de l'Etat sahraoui a distingué à l'ouverture de ce Congrès la famille du chahid Othamane Aali Ibrahim.
Les travaux du Congrès se poursuivront trois jours durant et devront
être sanctionnés par l'adoption des statuts de l'UJSARIO, et l'élection
des membres du Bureau exécutif de l'organisation ainsi que son
secrétaire général.
Prennent part à ce Congrès près de 500 délégués des différentes organisations juvéniles et plus de 150 invités étrangers.(SPS)
Les
responsables des formations politiques de la coalition de gauche ont
présenté leur projet de gouvernement ce jeudi. Des mesures qui sont
destinées à « changer la vie » des Français dès le
19 juin, en rupture avec l’austérité pratiquée par la majorité sortante.
Jean-Luc Mélenchon appelle à un débat face à Élisabeth Borne. Décryptage
Après
l’accord de rassemblement, le programme. La Nouvelle Union populaire
écologique et sociale (Nupes) a présenté, jeudi, ce que sera son action
au gouvernement après le 19 juin, si elle obtient une majorité à
l’Assemblée nationale. Avec 8 chapitres et 650 mesures en tout, cet
accord programmatique est large et précis. Il ne se limite pas à une
série de « principes communs », comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon,
mais vise à « changer la vie des gens dès juin 2022 ». « Nous n’avançons
pas masqués », a d’ailleurs pointé le premier secrétaire du PS, Olivier
Faure, ajoutant que la coalition ne se résume pas à « un cartel
électoral ». « Nous sommes présents ici avec enthousiasme, a insisté de
son côté Ian Brossat pour le PCF. Le programme permet d’en finir avec
cette succession de réformes qui dégradent la vie des Français. » Et
c’est l’ambition dont il est porteur qui, selon Julien Bayou, le
secrétaire national d’EELV, « permet de faire la jonction de nos forces
politiques sur le terrain ».
De
la retraite à 60 ans à l’augmentation du Smic à 1 500 euros net, de la
sixième semaine de congés payés à la « sécurité sociale
professionnelle », ce « programme partagé de gouvernement » peut être à
l’origine de nouvelles conquêtes sociales après des décennies
d’austérité. Au moment où le Giec ne donne plus que trois ans aux
gouvernements du monde pour limiter les effets du changement climatique,
la Nupes entend mettre en place la « règle verte » et « planifier la
bifurcation et la rénovation écologiques ».
La
gauche a donc réussi à s’entendre sur un projet de fond, alors qu’elle
n’était jamais parvenue, ces dernières années, à dépasser les
contradictions entre ses différentes formations. Ses 650 mesures
susciteront, à n’en pas douter, l’ire de la droite et de la majorité
macroniste, qui de longue date contestent même la possibilité de leur
mise en application. Pourtant, a rappelé Jean-Luc Mélenchon, qui aspire à
diriger le gouvernement si la Nupes l’emporte aux législatives, il ne
s’agit pas d’un accord décidé à la va-vite « en jouant aux dés ». Le
coût de l’investissement nécessaire à la mise en œuvre de ces
propositions partagées est de 250 milliards d’euros, selon lui. Les
recettes fiscales attendues en retour de la relance, dont le programme
serait le moteur, s’élèveraient à 267 milliards. « On peut discuter ce
scénario », a-t-il déclaré jeudi matin, mais « il a été inscrit dans le
schéma économique de la Banque de France ». Tandis qu’en face, le
programme d’Emmanuel Macron consiste à « réduire les dépenses
publiques » avec pour conséquence qu’à « la fin, tout s’effondre », a
opposé l’insoumis, tout en appelant de nouveau la première ministre
Élisabeth Borne à venir en débattre avec lui.
SALAIRES ET POUVOIR D’ACHAT
Hausse générale plutôt que primes
LaREM
Pendant cinq ans, la politique économique d’Emmanuel Macron s’est
résumée en un mot : le « ruissellement ». En somme, donner sans cesse
aux plus riches pour que les euros qui débordent de temps en temps
dégoulinent lentement sur les plus modestes. Problème : cette théorie ne
fonctionne pas, et le pays compte désormais 10 millions de pauvres au
moment même où le cumul de la pandémie du Covid et de la guerre en
Ukraine fait exploser les prix. Afin de faire face, le gouvernement
n’entend pas du tout baisser la TVA mais préfère répondre avec un gel
des hausses des prix du gaz et de l’électricité, un chèque alimentaire
de 50 euros, dont on attend encore de voir la couleur, et une remise à
la pompe de 15 à 18 centimes par litre de carburant… Des rustines –
recyclées dans un projet de loi annoncé pour l’été – loin de permettre
une augmentation du pouvoir d’achat. La Macronie n’entend d’ailleurs
surtout pas organiser une hausse des salaires, mais propose plutôt de
« tripler la prime Macron », en la faisant passer de 2 000 à 6 000 euros
au maximum par an. Une prime pourtant loin d’être obligatoire,
puisqu’elle est laissée au bon vouloir des entreprises, en plus d’être
défiscalisée, donc de n’être pas comptabilisée pour les retraites. Quant
au RSA, il sera conditionné à une « activité effective »… A. S.
NUPESLa
véritable hausse du pouvoir d’achat se situe du côté de la Nupes. Pour y
parvenir, l’alliance de gauche propose de faire passer le Smic à
1 500 euros net, « pour que les gens vivent mieux tout de suite »,
explique Clémence Guetté. « Et nous convoquerons une conférence sociale
générale pour organiser une hausse générale des salaires », ajoute la
responsable du programme de la FI. L’égalité salariale entre les femmes
et les hommes sera rendue obligatoire et une échelle des salaires sera
mise en place pour des écarts maximaux de 1 à 20 dans une entreprise.
Mais renforcer le pouvoir d’achat passe aussi par l’instauration d’une
garantie dignité de 1 063 euros par mois, pour que personne ne vive en
dessous du seuil de pauvreté, et d’une allocation d’autonomie du même
montant pour les jeunes. Face à l’inflation, la Nupes propose de bloquer
les prix et de réduire la TVA sur les produits de première nécessité.
L’ambition est aussi de « refuser la libéralisation du marché de
l’électricité et du gaz » en nationalisant EDF et Engie, et en
garantissant des tarifs accessibles. Augmenter le pouvoir d’achat passe
enfin par le 100 % Sécu, en remboursant intégralement les soins de santé
prescrits, et, pour que chacun puisse se loger sans se ruiner, par la
construction de 200 000 logements sociaux par an. A. S.
ÉCOLOGIE
Bifurcation historique contre « greenwashing »
LaREM « Le
président de la République a annoncé que le premier ministre serait en
charge de la planification écologique », a rappelé Élisabeth Borne,
jeudi, lors de son premier déplacement aux Mureaux, dans les Yvelines.
Emmanuel Macron s’était emparé de ce terme de « planification », le
reprenant aux insoumis, entre les deux tours de la présidentielle. Mais,
dans les faits, son bilan est proche du néant. L’État français a été
condamné par la justice pour son inaction sur la question du climat. Son
programme pour les cinq années à venir
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En violation récurrente au droit international, le régime du Makhzen
vient d’atteindre un nouveau palier d’atteinte à la dignité humaine non
seulement du Peuple marocain, mais aussi des ressortissants étrangers en
particulier les migrants subsahariens qui transitent par le territoire
marocain, pour atteindre l’autre rive de la Méditerranée. Après
l’industrie de la drogue, et la pédophilie, c’est autour de l’esclavage
des africains et la traite des humains, de faire partie de la
nomenclature du registre de commerce juteux du Commandeur des croyants.
Le servage du roitelet des temps modernes
Pour mieux résumer la situation de cet esclavage des temps modernes,
nous citerons le cas de milliers de subsahariens retenus par l’armée du
roiletet derrière le mur de la honte séparant les territoires du Sahara
Occidental au royauté. Des subsahariens qui avaient payé la bagatelle
somme de 3000 euros dans l’espoir d’atteindre » l’eldorado » européen
pour se retrouver esclaves de l’armée de sa « majesté ». Les migrants
appréhendés sont détenus dans des camps de fortunes utilisés dans des
travaux de servage qui n’ont rien à envier à ceux du Moyen-âge.
Le drame des réfugiés syriens, toujours vivant
Sur ce registre, il est important de rappeler, le calvaire devenu un
drame humanitaire des 41 réfugiés syriens, dont des enfants et des
femmes enceinte jetés par l’armée du roitelet dans le désert de Figuig.
Un drame dont le Makhzen comptait coller la responsabilité à l’Algérie,
via son arsenal médiatique de propagande si ce n’était l’intervention
des ONG des droits de l’homme qui n’hésitèrent pas à épingler le régime
du Makhzen. Et comme à son accoutumée et fidèle à ses principes de
novembre 1954 et ses valeurs ancrées de sa civilisation millénaire,
l’Algérie accepta de rapatrier les 41 réfugiés syriens « à titre
humanitaire » le 2 juin 2017. Un geste salué par la communauté
internationale, ayant permis de mettre à nu les manœuvres malsaines d’un
régime versé totalement dans la gabegie, le mensonge, l’estocade, et le
déni du droit.
Des milliers de subsahariens réprimés en 2018
Des
milliers de subsahariens, demandeurs d’asile et protégés par les
conventions internationales du droit international d’asile, n’avaient
pas échappé à la répression féroce des police, gendarmerie et forces
axillaires marocaines en 2018.
Le roitelet qui a fait de la vente de la chair humaine et l’honneur
de son peuple, via le commerce juteux de la pédophile chez lui, et
l’exportation de la prostitution, un commerce juteux pour augmenter sa
fortune, n’a pas hésité un instant pour envoyer ses enfants mourir,
l’année dernière, lorsqu’il avait envoyé 10000 migrants à destination
des enclaves espagnoles de Ceuta et Mellila, en vue de contraindre le
fébrile chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à rallier sa cause
de légitimer la colonisation des territoires sahraouis, en violation du
droit international et des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU,
favorable à la tenue d’un référendum d’autodétermination du Peuple
Sahraoui.
Quand Marrakech accueillait le sommet sur l’immigration
Comment
croire un régime qui accueillait en décembre 2018 le sommet sur
l’immigration dont l’objectif était l’utilisation des territoires des
pays du Maghreb comme des centres de rétention pour ne pas dire
d’accueil des migrants subsahariens. Le roitelet n’a pas hésité un
instant à sauter sur l’occasion pour marchander sur le dos des africains
à la recherche d’une vie digne et qui ne sont que des victimes de la
colonisation imposée par les parrains de ce sommet de Marrakech. Évidemment, et fidèle à ses positions constantes et ses principes,
l’Algérie s’est opposée farouchement à la proposition des anciens
colonisateurs, préférant la mise en œuvre d’une démarche globale, basée
sur le développement socioéconomique des régions subsahariennes,
touchées par la sécheresse, la famine, les maladies, en vue d’offrir les
conditions de vie adéquates, permettant aux populations de se maintenir
dans leurs régions et environnement. Paradoxalement, le Maroc, qui
abritait le sommet de l’immigration en 2018, dont les résolutions ont
été entérinées ensuite par l’ONU, viole aujourd’hui ce qui est appelé le
Pacte de Marrakech.
Marrakech, un sommet en chasse un autre
A l’instar du sommet sur l’immigration, Marrakech vient d’accueillir
le sommet de la lutte contre le terrorisme. Un sommet détourné de son
menu consacré initialement à l’organisation de Daesch, pour être utilisé
par le régime du Makhzen contre un Etat nommé la RASD, reconnue par une
centaine de pays, et membre fondateur de l’Union Africaine. Ce n’est
pas étonnant d’un régime, qui avait soutenu et financé les terroristes
du FIS pour déstabiliser son voisin de l’Est l’Algérie, avant d’accuser
gratuitement et sans preuves ses services d’être le commanditaire des
attentats de Marrakech d’août 1994, pour « justifier » un embargo non
déclaré sur Alger, élaboré de sursoit par les officines néocoloniales
qui n’a jamais digéré l’indépendance de l’Algérie et la perte du
Paradis.
Sultana
Khaya, 41 ans, résiste pacifiquement depuis de nombreuses années à
l’occupation marocaine du Sahara occidental. En raison de sa campagne
pour affirmer l’autodétermination du peuple sahraoui, elle a été
agressée et violée. Elle est assignée à résidence depuis plus d’un an.
Interview d’Elisa Rheinheimer.
Mme Khaya, vous êtes
assignée à résidence depuis novembre 2020 ; les forces de sécurité
marocaines vous empêchent de quitter la maison. Vous a-t-on donné une
raison à cela ?
Sultana Khaya : Non. Aujourd’hui, c’est
le 487e jour que l’on m’empêche de quitter la maison que je partage avec
ma mère et ma sœur. Le gouvernement marocain a déclaré aux
organisations de défense des droits humains que je n’étais pas assigné à
résidence. Mais si j’essaie de sortir, je suis battu. Au cours des
premiers mois, des hommes en uniforme militaire étaient positionnés
autour de la maison, mais depuis février 2021, ce sont des policiers en
civil. Il y a un changement d’équipe toutes les 12 heures. Quand les
gens voulaient nous rendre visite, on les empêchait d’entrer dans la
maison. Cela n’a changé que le 16 mars 2022, lorsqu’un groupe de
militants américains des droits de l’homme a réussi à y accéder.
En quoi cela vous affecte-t-il d’être enfermé tout le temps ? Avez-vous développé des routines pour le rendre plus supportable ?
Khaya
: Tous les jours entre 12h30 et 14h, ma sœur et moi organisons une
« démonstration » sur le toit de notre maison. Pendant un quart d’heure,
nous agitons le drapeau sahraoui pour symboliser notre campagne
d’autodétermination. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, nous sommes
là-haut. Nous le filmons et le diffusons dans le monde. C’est une façon
pour nous de montrer que la résistance pacifique sahraouie continue . Je
le fais au nom de toutes les femmes sahraouies.
Comment les forces de sécurité marocaines réagissent-elles à cela ?
Khaya
: Bien sûr, ils font ce qu’ils peuvent pour l’arrêter. Pour eux, c’est
un scandale si notre drapeau flotte dans les territoires occupés qu’ils
considèrent comme leur nation. Ils viennent tôt le matin ou tard le
soir. Puis ils ont défoncé la porte dans une démonstration de force,
nous ont ligotés, nous ont pelotés. En décembre, ils ont placé un coton
imbibé sur mon visage et j’ai perdu connaissance. Et la dernière fois
qu’ils m’ont injecté quelque chose ; Je ne sais pas ce que c’était. Le
pire, c’est juste avant qu’ils n’arrivent : la peur au moment où je les
entends défoncer la porte.
Harcèlement quotidien par les gardes marocains. Comment gérez-vous votre quotidien dans ces circonstances ?
Khaya
: Notre alimentation électrique est sévèrement restreinte depuis avril
2021. Nous utilisons un réchaud de camping, du gaz et un pack de
recharge pour le téléphone portable qui dure un certain temps sans
électricité. Depuis qu’ils nous ont coupé le courant, le frigo ne marche
pas non plus. Ma mère de 86 ans est la seule de nous trois autorisée à
quitter la maison, elle doit donc faire ses courses tous les jours.
Elle
apporte également 10 litres d’eau. Ce n’est pas beaucoup pour nous
trois pour cuisiner et se laver. Mais elle ne pourrait plus en porter.
Il est très difficile de se procurer des médicaments. La seule façon
d’en obtenir est secrètement par l’intermédiaire d’amis. Et s’ils la
trouvent en la fouillant, elle est confisquée. Ils nous enlèveraient
notre dernier paracétamol.
Vous êtes présidente de la Ligue de défense des droits de
l’homme. Dans quel genre de choses étiez-vous impliquée avant d’être
détenue ?
Khaya : Depuis 2005, je suis engagé dans
l’intifada pacifique de la liberté et de l’indépendance. Mais ce que je
fais n’a rien de spécial ; c’est ce que font la plupart des femmes
sahraouies : résister à la répression et à l’occupation de manière non
violente . Nous sommes torturés, mais nous n’abandonnons pas. Parce que
j’ai été déplacé de ma patrie et qu’il n’y a pas d’universités dans les
territoires occupés, j’ai décidé d’aller au Maroc pour étudier le
français.
Là-bas, j’ai participé à une manif pour le Sahara
Occidental à l’université – après tout il y a aussi des Marocains qui
sont de notre côté. Peu nombreux, la plupart des Marocains ne sont pas
intéressés ou ont peur de leur propre régime. Mais il y en a
quelques-uns, et un parti marocain de gauche soutient également le droit
sahraoui à l’autodétermination. Lors de cette manifestation, j’ai été
attaqué si violemment par un homme que j’ai perdu mon œil gauche.
Mais ils n’ont pas jugé l’agresseur, l’homme qui m’a volé mon œil,
mais ils m’ont jeté en prison ! Depuis huit mois. Je ne peux pas dire
combien de fois mes côtes ont été cassées. Certains de mes associés ont
été détenus pendant un an et deux co-manifestants marocains sont morts.
Avez-vous envisagé de quitter votre pays d’origine et de demander l’asile ?
Khaya
: Je ne ferais jamais ça. Je souffre énormément, mais pas plus que les
femmes sahraouies ne souffrent depuis 40 ans. Je n’ai pas l’intention de
quitter le pays. Je veux vivre et mourir ici. J’étais dans un hôpital
de Barcelone, où j’ai reçu une prothèse oculaire, et j’avais un permis
de séjour en Espagne. Mais en novembre 2020, j’ai décidé de retourner
dans les territoires occupés. Un jour plus tard, ils m’ont placé en
résidence surveillée. Les Marocains espèrent pouvoir me faire taire.
Mais ils ont réussi le contraire.
« Auparavant, je serais mort depuis longtemps »
Comment menez-vous votre travail maintenant, malgré l’assignation à résidence ?
Khaya
: Grâce aux nouveaux médias et systèmes de communication, je suis en
contact étroit avec d’autres militants. Malgré tous les problèmes
techniques – par exemple, lorsque les forces de sécurité m’ont pris mon
ordinateur portable et mon téléphone portable – cela fonctionne dans une
certaine mesure. Je suis conscient que les Marocains sont toujours à
l’écoute. Même maintenant, lors de cette interview, nous ne sommes
probablement pas seuls. Mais Internet me permet de rester en contact
avec le monde extérieur.
Cela a aussi une fonction de protection
pour moi. Autrefois, je serais mort depuis longtemps. Début décembre,
ils sont venus et ont scellé la porte du toit pour nous empêcher de
monter là-haut pour notre manifestation quotidienne contre le drapeau.
« C’est fini avec le toit maintenant », m’ont-ils dit. Mais nous avons
utilisé des pierres pour faire un petit trou dans le mur et nous en
sortons. Non, ce n’est pas fini et ce ne sera pas fini.
On ne nous refusera pas l’air à respirer. Les viols, la répression,
je ne pense pas que cela soit dû à la méchanceté personnelle des
individus, mais au calcul politique de la puissance occupante. Je ne
crois pas que les hommes qui entrent par effraction ici soient contre
moi personnellement, mais ils ne me le font que parce que je suis
sahraoui. Ils font ça pour nous humilier tous.
Les Sahraouis protestent pacifiquement contre l’occupation depuis des décennies. Est-ce que ça change maintenant ?
Khaya
: Les Sahraouis ont fait preuve d’une grande patience. Leurs réserves
de patience ne sont pas encore épuisées. La lutte pacifique pour la
terre vaut toujours la peine. Malgré la souffrance et les difficultés,
en tant que femme dans les territoires occupés, je crois que la voie
pacifique est la meilleure. Mais les Sahraouis de l’autre côté, en exil
algérien, ont décidé de lancer une campagne armée.
Les Sahraouis se sentent abandonnés par le monde Vous
faites référence à la fin du cessez-le-feu par le Polisario, le
mouvement de libération sahraoui basé dans la ville algérienne de
Tindouf, en novembre 2020…
Khaya : Oui, le Polisario a
démontré que le Maroc et le monde ne peuvent tout simplement pas
continuer comme ils sont. Les combattants de la libération sont toujours
là – et ils sont prêts à se battre. C’est aussi compréhensible, après
que les 40 années de résistance pacifique n’aient abouti à rien. Le
référendum promis à nous Sahraouis par l’ONU n’a pour l’instant pas eu
lieu. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une attention internationale.
Les Nations Unies doivent veiller à ce que les droits de l’homme
soient respectés ici – ils sont bafoués chaque jour. Si la communauté
internationale continue à regarder sans rien faire, je ne sais pas
combien de temps encore les choses resteront pacifiques. Nous nous
sentons abandonnés par le monde. Ce que je demande à l’ONU et à la
communauté internationale n’est pas grand-chose : reconnaître que nous
vivons sous une puissance occupante. Veiller à ce que nos droits humains
soient respectés et que nous puissions vivre dans la dignité. Le
nouveau gouvernement allemand s’efforce de normaliser les relations
avec le Maroc. Si vous pouviez rencontrer la ministre allemande des
Affaires étrangères, que lui diriez-vous ?
Khaya : Je
lui dirais : s’il vous plaît, ne participez pas aux crimes de
l’occupation, à l’exploitation illégale de nos ressources naturelles et
aux violations des droits de l’homme. Des relations normales avec le
Maroc sont une bonne chose – mais pas à nos dépens. Notre demande
d’autodétermination est légitime. Soit l’Allemagne se tient du côté de
la justice – et c’est notre côté – soit elle reste en dehors, mais ne
soutient pas le Maroc.
Il y a un nouvel envoyé personnel des Nations Unies au Sahara
occidental, Staffan de Mistura. Êtes-vous optimiste quant à sa capacité
à faire bouger les choses ?
Khaya : Il fera
certainement de son mieux, comme tous ses prédécesseurs. Mais s’il peut
réellement faire quelque chose, c’est discutable. La MINURSO , la
mission de l’ONU chargée de préparer un référendum sur le statut du
Sahara occidental, est en place depuis 30 ans – mais elle ne nous
protège pas. C’est une partie du problème, pas la solution. La solution
ne se trouve pas avec une personne comme de Mistura, mais cette pression
internationale est appliquée sur le régime d’occupation marocain. Mais
la dernière décision de l’Espagne de se ranger du côté du Maroc montre
le contraire.
« L’Espagne a vendu nos terres au Maroc et à la Mauritanie »
Le 18 mars, l’Espagne a fait volte-face dans sa politique sur
le Sahara Occidental et soutient désormais le projet marocain de faire
du territoire une province autonome sous souveraineté marocaine…
Khaya
: La nouvelle position du gouvernement espagnol m’a moins surpris qu’il
ne m’a déçu. Le 14 novembre 1975, l’Espagne a illégalement vendu nos
terres au Maroc et à la Mauritanie et nous a trompés. Et maintenant, en
2022, le gouvernement espagnol a fait de même. La volte-face espagnole
me fait mal ainsi qu’à de nombreux sahraouis. Mais je suis absolument
convaincu que ni l’Espagne, ni les États-Unis, ni aucun autre pays n’ont
le droit de décider de notre avenir. Nous déterminerons notre propre
destin !
Qu’est-ce qui vous donne la force et l’espoir de continuer ?
Khaya
: La prochaine génération ne devrait plus avoir à vivre comme moi,
confrontée à la torture, au racisme, aux traitements injustes. Cela doit
cesser. C’est pour cela que je me bats – chaque jour. Et les femmes
sahraouies sont très patientes et tenaces. C’est dans notre sang. Même
ma mère de 86 ans se bat toujours. Nous défendons ce qui est juste. Nous
opprimer est mal. Je suis certain qu’un jour, le Sahara Occidental sera
libre. Aujourd’hui, demain ou dans 100 ans, la justice prévaudra. Je ne
sais pas si je serai là pour en faire l’expérience moi-même, mais un
jour cela arrivera et cette pensée me remplit de joie.
De Tata à Zagora, la pastèque a détruit les Oasis
-
L’éruption et l’extension des cultures agricoles fortement consommatrices
d’eau comme la pastèque ou l’avocat questionnent le bilan social, politique
et ...