Blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala
Plusieurs associations catalanes ont présenté le 18 novembre 2024 au Parlement catalan à Barcelone un rapport sur la surveillance de masse au Maghreb et au Machrek. Cette recherche a été menée par l'Observatoire des droits humains et des entreprises en Méditerranée (ODHE), IRÍDIA et SUDS. Nous publions ci-dessous le résumé exécutif en français du rapport.
Au cours des dernières décennies, le développement technologique et la numérisation ont facilité l’émergence de nouvelles techniques de surveillance et de contrôle de plus en plus répandues et intrusives, qui posent de nouveaux défis pour la protection des droits humains. Ce rapport analyse la manière dont les gouvernements et les entreprises de la région du Maghreb et du Machrek utilisent les technologies avancées de surveillance numérique pour contrôler et réprimer la société civile, notament les migrants, les femmes et la communauté LGBTIQ+. Ces technologies, largement développées par des entreprises du Nord global, ont créé un contexte de surveillance de masse qui menace les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression, la vie privée et le droit à l’information. Les technologies émergentes sont acquises sous prétexte d’améliorer la sécurité nationale et de s’adapter à de nouvelles formes de criminalité, mais elles restreignent l’espace de la participation politique et augmentent le contrôle social. Ce rapport complète celui publié précédement, axé sur l’utilisation des technologies de surveillance de masse en Europe. La combinaison des deux rapports donne un aperçu de l’utilisation de ces technologies et de leur impact sur la société civile dans la région méditerranéenne. Le rapport analyse la situation dans 9 pays de la région :
Maroc: La répression numérique au Maroc comprend l’utilisation de logiciels espions, tels que Pegasus et le trolling en ligne utilisé pour diffamer et harceler les personnalités critiques du système. Les femmes activistes et journalistes sont particulièrement vulnérables, subissant des campagnes de dénigrement à connotation misogyne. Cette répression s’appuie sur une législation opaque et des technologies intrusives fournies par des entreprises du Nord global.
Sahara Occidental: Depuis la fin de la trêve en 2020, la répression et la surveillance de la population sahraouie se sont intensifiées. S’appuyant sur des technologies de pointe, notamment une collaboration militaire avec Israël et la mise en œuvre de drones et de systèmes de surveillance numérique, le Maroc a imposé un contrôle sévère au Sahara occidental. Ce qui touche à la fois les femmes défenseur.e.s des droits humains et les journalistes sahraoui.e.s, en particulier les femmes. Cette stratégie a créé un climat de répression systématique, forçant le déplacement de la population civile et portant atteinte aux droits fondamentaux de circulation, de vie privée et d’expression, dans le but de consolider son contrôle sur le territoire occupé.
La visite d’Emmanuel Macron à Rabat, fin octobre, a scellé la
réconciliation entre le Maroc et la France. Au cœur de ces
retrouvailles : le potentiel économique du Sahara occidental, pourtant
considéré comme territoire non-autonome par le droit international.
Palais des hôtes royaux, Rabat, lundi 28 octobre 2024. Ministres et
patrons défilent, sous les regards satisfaits d’Emmanuel Macron et de
Mohamed VI, pour signer 22 accords de coopération. Le lendemain, 18 autres s’ajoutent à la liste.
En tout, ce sont près de 10 milliards d’euros d’investissements qui
ont été scellés lors de la visite d’État du président français au Maroc —
la première depuis 2018. Ce voyage devait marquer la grande réconciliation diplomatique entre les deux pays après une brouille de trois ans, mais a surtout mis en lumière l’ampleur de leur agenda économique.
Catherine Macgregor, Patrick Pouyanné, Estelle Brachlianoff… Sur les
150 personnalités de la délégation française, près de 40 étaient patrons
et patronnes. Pour les entreprises françaises, l’appât est double.
L’échéance du Mondial de football masculin 2030, qui sera en partie
accueillie par le Maroc (aux côtés du Portugal et de l’Espagne), fait
fleurir les appels d’offres et les gros contrats. Mais surtout, le
terrain de jeu s’est élargi : les 266 000 kilomètres carrés du Sahara
occidental font désormais partie, aux yeux de la France, de la carte du
Maroc bien qu’il soit encore considéré comme non autonome par l’ONU.
Dessin de KAK
Une fenêtre sur l’Afrique
Jusque-là, ni la crise des visas ni l’affaire Pegasus n’ont entravé les échanges commerciaux entre le Maroc et la France qui ont atteint «un record historique» en 2023, selon l’Élysée. Mais c’est un «nouveau livre» que s’apprêtent à écrire les deux pays, a déclaré Mohamed VI, selon la formule rapportée par Emmanuel Macron dans une interview à la chaîne publique marocaine 2M1. Au premier chapitre : une vague inédite d’investissements.
En
plus de classiques déclarations d’intention entre ministères, allant du
transport ferroviaire à l’énergie, en passant par l’éducation ou la
coopération culturelle, six accords ont été signés par l’Agence
française de développement (AFD) pour près de 900 millions d’euros sur les cinq prochaines années. L’Office chérifien des phosphates (OCP), groupe industriel appartenant à l’État, a décroché le gros lot : l’AFD
lui octroie un prêt de 350 millions d’euros pour soutenir sa stratégie
de décarbonation, mais aussi pour faciliter ses partenariats avec les
entreprises françaises qui lorgnent toute l’Afrique, où l’empire
chérifien est bien implanté.
La France a aussi marqué sa volonté d’accompagner le Maroc dans la
préparation du Mondial 2030, avec notamment un appui de
100 millions d’euros pour le développement de la région de
Casablanca-Settat. Depuis qu’il a été sélectionné comme un des trois
pays hôtes, le royaume a la folie des grandeurs. En témoigne la
construction du «plus grand stade du monde»
à Benslimane, mais aussi le chantier ferroviaire qu’il s’apprête à
lancer dans tout le pays, comprenant l’extension de sa ligne à grande
vitesse Tanger-Casablanca jusqu’à Marrakech, initialement fournie par le
français Alstom en 2011. L’Office national des chemins de fer (ONCF)
a en effet lancé des appels d’offres sur plusieurs tronçons, dont
certains ont déjà été accordés à des compagnies chinoises ou marocaines.
Mais le revirement français sur la question du Sahara a tout de même
coïncidé avec trois victoires françaises sur ce marché. En août 2024, à
peine quelques jours après la lettre adressée par Emmanuel Macron à Mohamed VI pour reconnaître le plan d’autonomie du Maroc comme «seule
base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée
conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies»
au conflit, Egis Rail a remporté un contrat d’assistance à maîtrise
d’ouvrage, alors que l’espagnol Ineco faisait une offre de 80 millions
de dirhams (7,6 millions d’euros) moins chère, selon le site Le Desk2. Pendant la visite d’État, jackpot pour Alstom, qui a vendu 18 rames de train à l’ONCF
pour un montant qui pourrait aller jusqu’à un milliard d’euros. Enfin,
Vossloh-Cogifer a également obtenu un contrat de fourniture d’appareils
de voie.
La ruée vers l’hydrogène vert
Deux semaines après cette visite d’État, l’Ambassadeur de France au
Maroc, Christophe Lecourtier, s’est rendu à Laâyoune et à Dakhla, dans
le Sahara occidental. Il était accompagné d’une délégation de 50 chefs
d’entreprise, venus prospecter dans la région avec la Chambre française
de commerce et d’industrie du Maroc. Le clou sera définitivement enfoncé
lorsque Rémi Rioux, directeur de l’AFD, se rendra également sur place, comme il est prévu qu’il le fasse «prochainement». «Le groupe AFD va désormais investir au Sahara, trait d’union entre le Maroc et ses pays voisins»,
a-t-il affirmé à l’Agence marocaine de presse jeudi 7 novembre. Une
application directe du discours présidentiel du 29 octobre 2024 devant
un parlement marocain en liesse : «Je
le réaffirme ici devant vous : pour la France, le présent et l’avenir
de ce territoire s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté
marocaine.»
Soleil, vent, côte atlantique : le Sahara occidental a une
configuration optimale pour produire des énergies vertes, et donc, du
carburant décarboné, comme de l’hydrogène vert, dérivable en ammoniac
vert. En mars 2024, le royaume a lancé son «Offre Maroc», un appel à venir exploiter un million d’hectares déjà identifiés. Il se voit répondre à 4%
de la demande mondiale d’ici 2030. Avec neuf énergéticiens accompagnant
Emmanuel Macron lors de sa visite, quatre projets d’envergure se sont
précisés.
Ainsi, Engie a décroché un partenariat avec l’OCP pour un investissement qui irait jusqu’à 15 milliards d’euros, selon les informations rapportées par le magazine marocain Telquel3.
Leur accord de développement conjoint prévoit six projets dans les
énergies renouvelables, les infrastructures électriques, l’ammoniac
vert, le dessalement durable et la recherche innovation. Le lieu
d’implantation des sites industriels n’a pas encore été officialisé.
Mais le directeur général d’Engie Maroc, Loïc Jaergert-Huber, qui pilote
déjà un projet d’usine de dessalement et de parc éolien près de Dakhla,
soulignait son intérêt pour le Sahara, en mars 2024 : «On
s’intéresse à d’autres projets dans la zone, d’autant plus complexes :
renouvelable, infrastructures électriques, hydrogène vert et dérivées à
l’horizon 2030-2035.»4. On sait en tout cas qu’Engie va fournir les lignes du réseau électrique des sites de production de l’OCP et les alimenter, ou encore fournir de l’eau dessalée aux régions agricoles exploitées par le géant des phosphates.
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a
dénoncé l'agression d'un de ses élus durant un meeting sur la
résistance du peuple sahraoui organisé à la Bourse du travail ce
vendredi. L'histoire s'est dégonflée et s'est avérée être fausse. Mais
Moudenc n'a pas hésité à s'en servir pour attaquer la CGT.
Vendredi 22 novembre, un meeting intitulé « Colonialisme et résistances : Les Sahraoui-es en lutte pour la libération du Sahara occidental »
était organisé à la Bourse du Travail de Toulouse à l’appel de la CGT
31 et d’organisations sahraouis. Une discussion qui revenait sur le
droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, la complicité de l’état
français dans la colonisation et qui revendiquait la libération des
prisonniers politiques.
Samir Hajije, un conseiller municipal du groupe du maire Jean-Luc
Moudenc, « Aimer Toulouse », a tenté de perturber le meeting, ne
supportant pas qu’une discussion anticoloniale se tienne à Toulouse. Le
perturbateur a été reconduit à la sortie par le service d’ordre de la
soirée. L’élu municipal a déposé une plainte le lendemain, dénonçant
avoir été roué de coups.
Dans la foulée, Jean Luc Moudenc, a sauté sur l’occasion pour attaquer la CGT en dénonçant sur X que son « collègue élu Samir Hajije s’est fait violemment tabasser ». De nombreuses personnalités locales se sont fait le relais de la désinformation jusqu’à des élus du Parti Socialiste comme Vincent Gibert.
Pourtant, dès le samedi, sur la base de vidéos de la scène qui ont
été présentées à la police, le parquet (que l’on ne peut accuser de
sympathies cégétistes) pouvait affirmer à la presse « qu’il n’y avait pas eu de coups portés sur cet élu ». ] La plainte de Samir Hajije a donc été classée sans suite. La CGT 31 l’a reconfirmé dans un un communiqué : « L’enquête
de la police et l’analyse du parquet confirment la version de la CGT :
il n’y a eu aucun acte de violence à l’encontre de Samir Hajije à la
Bourse du Travail ».
C’est donc une véritable « fake news » qui a été relayée par le maire
de Toulouse et de nombreuses personnalités politiques pour salir et la
lutte du peuple sahraoui et la CGT.
La tentative d’attaquer la CGT en inventant une agression a donc fait
flop ! Jean-Luc Moudenc n’en est pourtant pas à son coup d’essai en la
matière. En mai 2023, des élus de la droite municipale et des membres du
CRIF étaient déjà venus perturber une réunion publique à la Bourse du
Travail lors de laquelle l’orateur, l’avocat franco-palestinien Salah
Hamouri, détenu administrativement pendant plusieurs années par l’Etat
d’Israël, avait subi une tentative d’agression. Les provocateurs avaient
ensuite mené campagne contre la CGT en racontant avoir subi des
violences. Jean-Luc Moudenc s’en était fait le relai et avait menacé la CGT 31 de lui retirer la gestion des locaux de la Bourse du Travail. Même mode opératoire.
Attaquer ou retirer les locaux locaux est un classique de la droite
pour bâillonner l’organisation des travailleurs. À Montauban, la maire
de droite Brigitte Barèges a ainsi tout simplement expulsé la CGT du
Tarn-et-Garonne de ses locaux. A Toulouse, c’est en 2015 que la
mobilisation de l’ensemble des organisations syndicales de la ville
avait fait reculer la mairie et avait permis à la CGT de conserver ses
locaux de la Bourse du Travail.
Derrière ces attaques contre la CGT c’est le droit de soutenir les
peuples opprimés, le droit de critiquer la politique de l’impérialisme
français, mais plus généralement le droit de s’organiser et donc tout le
mouvement social qui est visé. C’est pourquoi nous devons, avec nos
organisations politiques et syndicales, faire bloc contre la politique
répressive pro-macroniste de Moudenc à Toulouse qui s’acharne à
multiplier les attaques contre le monde du travail !
NDLR Solidarité Maroc
D'origine marocaine, Sami Hajije a intégré il y a six mois la réserve citoyenne de Défense et Sécurité de la Gendarmerie Nationale française avec rang de commandant chef d'escadron. Ci-dessous un exemple récent de ses activités mahzéniennes.
Nous vous invitons à rejoindre " La Marche" pour la libération des
prisonniers politiques sahraouis en détention arbitraire au Maroc depuis
2010.
Pendant
deux mois nous allons traverser la France et l'Espagne pour arriver en
juin 2025 au Maroc devant la prison de Kénitra (près de Rabat).
Sur
la route, des ateliers d'écriture pour les prisonniers, des
conférences, des table-rondes, des manifestations, des concerts, des
projections de films, des soirées culturelles, des matchs de foot avec
les jeunes sahraouis de la diaspora etc...
Nous
vous invitons à parcourir le dossier de présentation de la marche, en
français et espagnol en PJ. (il existe aussi en anglais et en arabe)
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N'hésitez
pas à parcourir ce lien qui rassemble toutes les pages (formulaires
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Claude Mangin-Asfari et toute l'équipe de l'AARASD
Association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique
Trois individus, dont les noms ont été révélés par la presse, ont été placés en détention provisoire. Cette affaire médiatique rappelle que, selon le Haut-Commissariat au plan marocain, 14 % des femmes, soit près de deux millions, ont subi des abus sexuels en 2019.
Une avocate française a-t-elle été violée à Casablanca, au Maroc, dans la nuit du 2 au 3 novembre ? C’est la question qui agite les journaux marocains depuis que le site d’information Le360 a révélé, mercredi 20 novembre, que « trois hommes issus de grandes familles marocaines ont été placés en garde à vue ». Les faits qui leur sont reprochés se seraient déroulés au cours d’une soirée organisée dans la villa de Kamil Bennis, un acteur de l’industrie du fitness. Mort en 2019, son père, Ali Bennis, est connu pour avoir été une figure de l’industrie pharmaceutique marocaine, dirigeant les laboratoires Laprophan et menant, en parallèle, une carrière de diplomate.
Principal suspect dans cette affaire, Kamil Bennis, proche de la quarantaine, aurait bénéficié de la complicité de deux proches : Saad Slaoui, présenté comme appartenant à une lignée d’entrepreneurs, et M’hammed Alj, fils de Chakib Alj, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc. Tous ont été placés en détention provisoire à la suite de plaintes déposées à Paris et à Casablanca par leur accusatrice. Celle-ci affirme avoir été droguée puis violée par Kamil Bennis, ce qu’il dément, assurant que le rapport était « consenti ». A l’appui des dires de la jeune femme, une expertise médicale ferait mention de violences sexuelles.
La presse s’est refusée dans un premier temps à divulguer l’identité des personnes poursuivies, avant que le média en ligne Le Desk ne révèle leurs patronymes au lendemain de leur garde à vue. L’instruction fait depuis l’objet de nombreux commentaires, sa médiatisation devant beaucoup au pedigree des trois protagonistes. L’embarras est tel qu’il a contraint Laprophan à démentirtout lien direct avec Kamil Bennis, qui « n’est impliqué ni dans la gestion ni dans la gouvernance de l’entreprise ». Chakib Alj, le patron des patrons, a quant à lui annulé une série de visites en Asie, selon la lettre d’information Africa Intelligence.
« On subit toutes du harcèlement »
Qu’une affaire de viol éclabousse des membres de la classe dirigeante ou des personnalités n’est pas chose nouvelle au Maroc. Le 24 février 2023, le chanteur Saad Lamjarred, l’un des artistes marocains les plus en vue de sa génération, a été condamné par la cour d’assises de Paris à six ans de prison pour le viol d’une femme dans la chambre d’un palace parisien, en 2016. La plaignante était alors âgée de 20 ans.
Défendu par Thierry Herzog, l’avocat de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Saad Lamjarred a fait appel de cette décision. Sa remise en liberté deux mois plus tard, dans l’attente de son nouveau procès, alors que la cour s’était dite « convaincue » de sa culpabilité, a été vivement critiquée au Maroc, où les cercles féministes dénoncent une forme d’« impunité ». Autorisé à quitter le territoire français, le chanteur a entre-temps repris ses activités même si un autre jugement pour viol l’attend devant la cour d’assises du Var, pour des faits qui se seraient produits à Saint-Tropez en 2018.
L’« insoutenable légèreté de la justice »
Dans l’enquête nationale qu’il consacre tous les dix ans aux violences faites aux femmes, le Haut-Commissariat au plan marocain rapporte que 14 % d’entre elles, soit près de deux millions, ont subi des abus sexuels en 2019. Elles étaient 9 % dix ans auparavant.
Et quel que soit le statut social de l’accusé, les décisions passées de la justice marocaine sont majoritairement clémentes dans les affaires de viol, regrettent les associations. En 2020, le collectif Masaktach, qui « dénonce la légitimation de la culture du viol au Maroc », avait relevé que, dans près de 1 200 procès, huit accusés sur dix avaient obtenu des peines inférieures à celles prévues par la loi.
En cause : le pouvoir discrétionnaire du juge, renforcé par un code pénal que les spécialistes décrivent comme inadapté. Certaines de ses dispositions, parmi les plus décriées, restent calquées sur des textes hérités du protectorat français. Le viol conjugal, notamment, est un angle mort de la loi. Prononcée en 2019 par la cour d’appel de Tanger, la première condamnation de ce type au Maroc a été annulée par la Cour de cassation, le 10 octobre. Une décision « choquante et décevante », de l’avis de militantes, alors que tous les rapports présentent l’espace domestique comme le lieu principal où se déroulent les violences contre les femmes.
L’« insoutenable légèreté de la justice », selon la sociologue Soumaya Naamane Guessous, s’applique jusque dans les affaires qui touchent des mineures. En mars 2023, un tribunal de Rabat a condamné un homme à deux ans de prison ferme et deux autres à dix-huit mois pour des viols à répétition sur une fillette de 11 ans. Sous la pression de la société civile, les peines ont finalement été alourdies.
Mais encore faut-il que des poursuites soient engagées. En 2019, le Haut-Commissariat au plan chiffrait à « seulement 3 % » la part des victimes sexuelles ayant déposé une plainte ou engagé une action judiciaire. Et quand bien même les structures dévolues à leur protection, principalement les organisations non gouvernementales, sont à l’avant-garde du combat pour leurs droits, seulement 0,4 % des femmes abusées ont eu recours à leurs services.
Réformer le code pénal
Une situation qui a tout à voir avec les risques que fait peser sur la plaignante la révélation d’un viol ou d’une agression sexuelle. « Quand une Française porte plainte dans son pays, si elle ne parvient pas à prouver qu’il y a eu viol, sa plainte est classée sans suite et elle rentre chez elle. Mais quand une Marocaine fait de même au Maroc, si les preuves sont insuffisantes et que les autorités pensent que le rapport était consenti, alors celle-ci peut être poursuivie pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage, comme le dispose l’article 490 », déplore l’avocate Ghizlane Mamouni.
Avec cette affaire resurgit le serpent de mer de la réforme du code pénal. L’approche des élections législatives, qui doivent avoir lieu en 2026, et le très attendu nouveau code de la famille, censé renforcer l’égalité homme-femme, devraient conduire le ministre de la justice à accélérer le pas, espèrent les mouvements progressistes, qui réclament de longue date l’abrogation du fameux article 490. Un groupe de travail réunissant des chercheurs et deux anciens ministres, membres du parti de l’Istiqlal, s’y est récemment déclaré favorable. Preuve que l’idée fait son chemin même au sein de la formation conservatrice, qui participe à l’actuelle majorité gouvernementale.
Les forces armées marocaines ciblent divers navires militaires
tels que les frégates italo-françaises FREMM et le sous-marin russe Amur
afin de renforcer leur puissance militaire
Le Maroc continue de déployer des efforts considérables pour équiper ses forces armées.
La marine marocaine est évidemment incluse dans la planification et l'objectif est d'acquérir des navires militaires de pointe pour renforcer la puissance militaire du royaume marocain.
Parmi ces nouveaux équipements figurent trois corvettes françaises et une frégate de la classe FREMM construite
par l'Italie et la France. Les frégates multirôles FREMM (Frégate
multi-mission ou Fregata Europea Multi-Missione) sont des navires conçus
par la société française de construction navale semi-publique Naval
Group DCNS et la société italienne Fincantieri pour effectuer des
missions antiaériennes, anti-sous-marines et anti-navires dans
différentes versions et pour être capables d'effectuer des frappes en
profondeur contre des cibles terrestres.
Par ailleurs, selon des sources militaires citées par des médias tels que Telexpresse, le Maroc cherche également à ajouter à sa flotte un sous-marin russe de type Amur pour la base navale de Ksar Al-Saghir,
une infrastructure construite il y a plus de dix ans pour un
investissement de 1,39 milliard de dirhams (127 millions d'euros). La
base de Ksar Sghir est située à côté du port commercial civil de
Tanger-Med et était autrefois la quatrième base de la marine royale
marocaine.
Le journal El Confidencial a fait état de l'intention d'incorporer un sous-marin russe de classe Amur. Un
modèle de cinquième génération équipé de systèmes aériens autonomes, la
technologie AIP (Air-Independent Propulsion), qui permet de réduire la
consommation d'oxygène et d'augmenter le temps d'immersion sous l'eau.
Selon des sources militaires russes, le sous-marin Amur est
conçu pour la destruction de sous-marins, de bâtiments de surface, de
navires, d'objets terrestres et pour la reconnaissance. La
version AIP a une longueur de 83,3 mètres, un diamètre de 7,4 mètres,
une profondeur d'immersion maximale de 400 mètres à une vitesse de 19
nœuds et une autonomie en immersion de 2 000 milles à une vitesse de 5
nœuds. En outre, il a une autonomie de 60 jours et peut accueillir
jusqu'à 38 membres d'équipage, 6 tubes de lancement et une capacité de
stockage de 18 missiles, torpilles et mines.
Il existe également une autre possibilité qui a déjà été évoquée en 2017, à savoir la vente de sous-marins d'occasion de la marine grecque, pour la formation d'équipages de sous-marins modernes.
Le Maroc vise à renforcer sa présence et son influence régionale pour faire jeu égal avec d'autres puissances comme l'Algérie, qui
dispose de la plus grande armée du Maghreb. Le royaume marocain
continue de se positionner comme un acteur clé dans le maintien de la
sécurité régionale face aux menaces extrémistes existantes et à
l'instabilité causée par les tensions géopolitiques dans la région.
Dans cette dynamique, le Maroc a renforcé son profil militaire en améliorant son arsenal ces dernières années, avec
des équipements tels que des chasseurs F-16 modernisés, des Lockheed
Martin F-35, des missiles avancés, des chars de combat Abraham modifiés
par les États-Unis et des drones de pointe fabriqués aux États-Unis et
en Israël.
Face aux défis socio-économiques et climatiques
croissants, le Maroc voit émerger des vagues de migration interne au
cours de la dernière décennie. Les zones urbaines deviennent le refuge
d’une population contrainte de quitter les milieux ruraux. Plutôt que
d’envisager une migration à l’étranger, ces individus choisissent de se
diriger d’abord vers les villes à la recherche d’une vie plus ou moins
stable.
En effet, les effets conjugués de la désertification et des
sécheresses réinventent la carte humaine du pays. Selon les données
préliminaires du Haut-Commissariat au Plan (HCP) issues du Recensement
général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2024, le Maroc a
enregistré un déclin de la population dans les zones rurales de
plusieurs régions sur la dernière décennie. Il s’est avéré que près de 2
millions de Marocains ont quitté ces milieux vers les zones urbaines en
dix ans.
Pour Charles Autheman, consultant international des questions de la migration, « les
problématiques de migration interne au sein d’un pays sont souvent plus
difficiles à cerner et à quantifier. En effet, une personne se
déplaçant à l’intérieur de son propre pays n’a pas besoin de visa, ne
traverse pas de frontière et n’est pas nécessairement tenue de signaler
son déménagement« .
Il donne ainsi comme exemple le cas d’une personne qui, originaire
d’une région du Maroc, décide de s’installer dans une autre région du
même pays. Elle n’est pas tenue de se déclarer auprès des autorités,
contrairement à ce qu’exigerait une émigration vers un autre pays. « Cela
explique pourquoi nos connaissances sur les migrations internationales
sont souvent plus approfondies que celles sur les migrations internes.
Il est toutefois possible d’affirmer que les logiques qui sous-tendent
ces migrations sont fondamentalement similaires« , précise-t-il à Hespress FR.
Autheman explique que les déplacements sont majoritairement motivés
par des raisons économiques, en particulier lorsque la région d’origine
cesse d’offrir des perspectives d’emploi. Avant de s’aventurer à
l’étranger en quête de nouvelles opportunités, les individus préfèrent
généralement explorer les possibilités de travail disponibles au sein de
leur propre pays.
Même dans cette situation, « vous pouvez faire face au même
phénomène de discrimination, de difficultés, de vulnérabilité, parce
que finalement, vous sortez de votre écosystème naturel pour aller
ailleurs. Ce que l’on observe aujourd’hui est certainement une
augmentation de la migration interne, qui est un peu la grande tendance
des dernières décennies« , poursuit le spécialiste.
Il souligne que l’exode rural, phénomène bien connu depuis
l’avènement de l’industrialisation, est accentué par la mécanisation
agricole qui réduit la nécessité d’une main-d’œuvre importante dans le
secteur. En conséquence, de nombreuses personnes se sont progressivement
tournées vers l’urbanisation, contribuant au développement des secteurs
des services et de l’industrie manufacturière.
A ces dynamiques s’ajoutent des facteurs exacerbant les
difficultés de la vie dans certains territoires, notamment ruraux. Parmi
ceux-ci, le changement climatique et le dérèglement climatique occupent
une place prépondérante. Selon l’expert, le changement climatique
représente une transformation de fond qui altère graduellement les
conditions climatiques de certaines régions sur le long terme, tandis
que le dérèglement climatique rend le climat de plus en plus
imprévisible, compliquant ainsi davantage les conditions de vie dans ces
zones.
« Au Maroc, on le voit avec la désertification,
avec les sécheresses, qui fait que ça pousse un certain nombre de
personnes à se déplacer. On nous dit parfois, au niveau international,
que ces personnes quitteront le Maroc. Cependant, avant d’envisager un
départ à l’étranger, elles se déplacent à l’intérieur du pays. Souvent,
elles migrent vers des espaces urbains, considérés comme plus
hospitaliers, car il y est plus facile de se sédentariser comparé à un
autre espace rural, souvent perçu lui-même comme potentiellement risqué« , fait savoir notre interlocuteur.
Un homme politique marocain souligne publiquement que la démarche de Macron impose à l’Espagne d’adopter “une position plus claire et essentiellement opérationnelle”.
Mohamed VI avec le président français Emmanuel Macron à Rabat. Photo EFE
Il était prévisible, mais le mouvement a commencé à se manifester de toute évidence. Pour s’imposer, sans demi-mesure ni euphémisme. À peine deux semaines après la visite d’Emmanuel Macron à Rabat, méritant tous les honneurs et agrémentée d’accords d’une valeur de 10 milliards d’euros, le régime marocain offre en public les premiers témoignages exigeant de nouvelles concessions de la part de l’Espagne et l’avertissant qu’elle est à la traîne.
La thèse défendue dans les officines de Rabat est que le virage copernicien opéré par Pedro Sánchez en mars 2022 a vite et mal vieilli. Il est dépassé par les événements et manifestement insuffisant au regard de la nouvelle position du président français, ardent défenseur depuis juillet non seulement des « trois pages » du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, mais aussi de la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole, dont l’Espagne reste la puissance administrante de jure.
« Il ne fait aucun doute que le soutien exprimé par Sánchez dans sa lettre à Mohamed VI le 14 mars 2022 était à l’époque un pas courageux et considérable, mais dans le contexte actuel, il ne suffit pas que l’Espagne considère la proposition marocaine d’autonomie présentée en 2007 comme la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste pour la résolution de la question du Sahara », déclare Mohamed Benabdelkader, ancien ministre de la Justice (2019-2021, dans le gouvernement El Otmani II) et dirigeant de l’Union socialiste des forces populaires, une organisation sœur du PSOE et incluse dans l’Internationale socialiste* avec le soutien exprès de la rue Ferraz [siège du PSOE, NdT], dans une interview accordée au média officiel marocain Rue20.com
Cette affirmation n’est pas isolée au sein de l’establishment alaouite, même si, jusqu’à présent, on avait évité de la formuler aussi clairement en public. Pour Benabdelkader, « la nouvelle perspective qui s’ouvre au niveau régional et mondial nécessitera certainement l’adoption d’une position plus claire et essentiellement opérationnelle ». Un avertissement direct à Sánchez, lancé par un parti d’opposition mais qui pratique une loyauté absolue envers le makhzen, qui pourrait être un avant-goût de nouvelles exigences et concessions.
Sanctions commerciales
La principale serait de suivre les traces de l’Elysée et de proclamer la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. C’est l’intention du Maroc, qui a célébré un prétendu erratum publié dans le BOE [Journal officiel de l’État espagnol, NdT] l’année dernière comme un signe qu'on était sur la bonne voie. En février, El Independiente a rapporté que le gouvernement espagnol avait reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara dans le cadre d’un appel d’offres pour la rénovation de l’école espagnole d’El Ayoun, accompagné d’une série de documents l’identifiant comme un territoire marocain. L’information a provoqué des versions contradictoires entre les ministères de l’Education et de la Culture, respectivement aux mains du PSOE et de Sumar. Finalement, le département d’Ernest Urtasun [ministre de la Culture, NdT] a refusé de rectifier le document, affirmant qu’elle s’était produite des mois auparavant, lorsque le socialiste Miquel Iceta dirigeait le ministère.
L’un des leviers que le Maroc utilisera pour imposer de nouvelles concessions est l’atout commercial, en élargissant et en attisant le différend entre les entreprises espagnoles et françaises. Lors de la tournée de Macron, le Maroc a récompensé la nouvelle direction prise par la France avec des contrats de milliards après deux années de crise déclenchée par l’espionnage du président français et d’une bonne partie de son cabinet par les services marocains utilisant le logiciel israélien Pegasus. Le gros lot est revenu à la société française Alstom avec la fourniture de 18 trains pour la future ligne ferroviaire à grande vitesse Kénitra-Marrakech, qui, pour 1,8 milliard d’euros, était en concurrence avec les sociétés espagnoles CAF et Talgo, la société coréenne Hyundai Rotem et la société chinoise China Railway Rolling Stock Corp.
« Quelle que soit la lecture en Espagne du nouveau rapprochement de la France avec le Maroc, il est clair que les médias de notre pays voisin ibérique, en soulignant l’ampleur des projets signés entre la France et le Maroc lors de cette visite, et en insistant sur l’engagement de Paris à accompagner Rabat dans la défense de son initiative d’autonomie, auront compris deux choses importantes », argumente l’homme politique marocain. La première est que le « partenariat d’exception renforcé » entre la France et le Maroc est un signal d’alarme pour l’Espagne qui a besoin d’une stratégie plus compétitive et coordonnée sur le marché marocain. La seconde est que le président français, en plaçant la barre plus haut, a montré l’exemple que la nouvelle dynamique de la question du Sahara marocain nécessite non seulement des mots, mais des gestes, et appelle à des actions concrètes en plus des belles déclarations ». Cette semaine, l’ambassadeur de France à Rabat s’est rendu pour la première fois dans les territoires occupés du Sahara, accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires et d’une promesse d’ouverture de consulat, le prix habituel exigé par la diplomatie alaouite.
La carte du Maroc, avant et après «Pour la France le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine» Le ministère français des Affaires étrangères a modifié la carte du Maroc sur son site internet pour inclure le territoire du Sahara occidental dans la cartographie du pays maghrébin, profitant du voyage de Macron à Rabat.
Débloquer la cession de l’espace aérien La stratégie du Maroc consiste également à avancer sur certains dossiers qui n’ont pas été satisfaits depuis la lettre de Sánchez à Mohammed VI en mars 2022. Parmi eux, la cession de l’espace aérien du Sahara occidental, actuellement contrôlé depuis les îles Canaries. Dans le jargon aéronautique, FIR est une région d’information de vol où est assuré un service d’information de vol et d’alerte (ALRS). L’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale] délègue le contrôle opérationnel d’une FIR donnée à un pays, en l’occurrence, celle qui couvre les îles Canaries et le Sahara occidental relève de l’Espagne.
Le groupe de travail mis en place par le Maroc et l’Espagne depuis le virage copernicien du gouvernement espagnol dans le conflit du Sahara et le début de la « nouvelle ère » des relations hispano-marocaines se penche sur la question du transfert de la gestion, qui - s’il est réalisé - constituerait une violation du droit international. Le partenaire de la coalition s’oppose ouvertement à cette mesure. « Nous rejetons la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental. Nous rejetons également la souveraineté du Maroc sur les eaux territoriales et l’espace aérien », ont déclaré des sources de Sumar à notre journal il y a plusieurs mois. D’autres mesures qui auraient conduit à la reconnaissance du statut marocain du territoire, comme l’installation d’un centre de l’Institut Cervantes, ont été suspendues**.
Ces nouvelles exigences de Rabat, exprimées par un politicien socialiste, interviennent au milieu de l’impasse dans laquelle se trouvent les bureaux de douane de Ceuta et Melilla, complètement bloqués du côté marocain et avec le sentiment qu’ils ne seront pas ouverts parce que, pour les autorités marocaines, cela signifierait reconnaître les frontières terrestres avec l’Espagne, ce qu’elles nient avec insistance.
Le PSOE omet le Maroc dans son document cadre du Congrès Dans ce contexte de concurrence entre la France et l’Espagne pour obtenir les faveurs du Maroc, l’absence de toute mention du Maroc et du conflit du Sahara dans le document cadre du PSOE pour son congrès qui se tiendra à la fin du mois à Séville est frappante. Le document se targue que « le PSOE a ramené l’Espagne au premier plan de la politique internationale et a porté notre prestige et notre influence à des niveaux sans précédent dans l’histoire récente de notre pays », mais omet toute référence au Maroc.
Lors du Congrès de 2021, la rue Ferraz avait cependant décrit le Maroc comme un « partenaire clé sur la rive sud de la Méditerranée », donnant un avant-goût des actions qui allaient suivre dans les mois suivants. « Nous devons continuer à renforcer ces liens et ces intérêts, ce qui nous permettra de surmonter certaines difficultés. C’est pourquoi, au cours des prochaines années, nous progresserons dans le partenariat stratégique bilatéral à long terme que les gouvernements socialistes ont toujours promu ; d’autre part, et comme elle l’a fait depuis son entrée en fonction, l’Espagne continuera à défendre en Europe le caractère stratégique que ce pays a pour l’Espagne et pour l’Europe », promettait le document.
L’Espagne et la France, par leurs actions diplomatiques de ces dernières années, ont été prises dans la rivalité entre le Maroc et l’Algérie. « L’Algérie partage avec le Maroc la tendance à considérer ses interlocuteurs en fonction de leur position sur la question. Au fil des ans, alors que le Maroc a abandonné l’option du référendum, Alger s’est accroché au principe de l’autodétermination, rendant impossible toute négociation de sortie de crise », note Khadija Mohsen-Finan, spécialiste du Maghreb et membre du comité de rédaction du magazine français en ligne Orient XXI. « En conséquence, le conflit du Sahara occidental s’est figé, ce qui est préjudiciable, d’une part, aux Sahraouis et, d’autre part, à l’ensemble du Maghreb, dans la mesure où cela empêche l’intégration de la région. L’Algérie perçoit désormais la coopération entre le Maroc et Israël comme une menace, ce qui accroît la tension et éloigne un peu plus la solution à la question du Sahara occidental », conclut-elle.
NdT *Le Front Polisario fait partie de l’Internationale socialiste en tant que membre consultatif.
** L’Institut Cervantes, qui dépend du ministère espagnol des Affaires étrangères, est dirigé par le poète grenadin Luis García Montero, militant historique d’Izquierda Unida (Gauche Unie), parti qui participe à la coalition gouvernementale de Pedro Sánchez à travers la plateforme Sumar de la vice-présidente du gouvernement Yolanda Díaz. En voyage au Maroc en mars dernier, il a déclaré : « Lors de ce voyage, la possibilité » d’ouvrir une annexe de Cervantes à El Aaiún n’a pas été envisagée. L’Institut Cervantes compte actuellement six centres actifs au Maroc : Rabat, Casablanca, Tanger, Tétouan, Marrakech et Fès. Le projet d’en ouvrir un à El Ayoun avait suscité les critiques du Front Polisario et de l’eurodéputé Manu Pineda. Selon des sources espagnoles, 12 000 habitants d’El Ayoun parlent l’espagnol. D’autre part, une décision d’ouvrir une annexe de l’Institut à Tindouf en Algérie pour enseigner l’espagnol à des réfugiés sahraouis, prise en 2019, ne s’est jamais concrétisée. L’Institut est présent à Alger et Oran.
Pedro Sánchez devra faire encore un effort pour mériter une Koumiya
Dans le cadre de la visite du Président Macron, un contrat a été
signé entre le gouvernement du Maroc et TEH2, une coentreprise entre
TotalEnergies et le groupe Eren. Il s’agit d’un projet d’une capacité de
1 GW.
Pour être plus précis, le projet Chbika implique TEH2, mais
également deux sociétés danoises : Copenhagen Infrastructure Partners
(CIP), par le biais de son fond Energy Transition Fund, et A.P. Møller
Capital, par le biais de son fond Emerging Markets Infrastructure Fund. A
ce stade, il s’agit d’un contrat préliminaire pour réserver le
foncier.
Situé près de la côte atlantique, dans la région de
Guelmim-Oued Noun, le projet Chbika vise à construire 1 GW de capacités
solaires et éoliennes terrestres qui alimenteront la production
d’hydrogène vert par électrolyse d’eau de mer dessalée. Il servira à
produire 200 000 tonnes par an d’ammoniac vert à destination du marché
européen. TE H2 et CIP seront en charge du développement de la
production des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène vert
et ses dérivés).
« Cet accord s’inscrit dans notre stratégie de
développer dans les pays aux ressources renouvelables les plus
compétitives tel le Maroc une production exportable en Europe« , commente Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEneergies. « Grâce
à sa proximité géographique et à la qualité de ses ressources éoliennes
et solaires, le Maroc dispose en effet des meilleurs atouts pour
devenir un partenaire majeur de l’Europe dans l’atteinte des objectifs
du Green Deal et TotalEnergies a l’ambition d’y contribuer« . « Ce
projet constituera la première phase d’un programme de développement
visant à créer un centre de production d’hydrogène vert de taille
mondiale« , souligne le communiqué.
Pendant la visite du Président, il y a eu d’autres accords conclus
entre la France et le Maroc autour de l’hydrogène et de l’ammoniac vert.
France Hydrogène les a recensés. Ainsi, le Groupe OCP et ENGIE ont
signé un partenariat stratégique. L’un des volets concerne le
développement d’une capacité de production d’ammoniac vert. Le projet
étudiera en parallèle la faisabilité de production d’autres dérivés de
l’hydrogène vert, tels que l’e-méthanol ou les e-SAF entre autres.
L’accord a été signé par Mostafa Terrab, Président-Directeur Général du
Groupe OCP, et Catherine MacGregor, Directrice Générale d’ENGIE, dans le
cadre de la visite d’État du Président français au Maroc. Rappelons que
le Groupe OCP (Office chérifien des phosphates) est leader mondial de
l’industrie des phosphates et des solutions de nutrition des plantes et
des engrais à base de phosphate. MGH Energy a conclu la signature d’un
« protocole stratégique » avec la société marocaine OMV Petrom,
spécialisée dans la distribution de carburants. Le projet « Janassim »
d’un budget de 4,8 Mds€, vise à produire 500 000 tonnes par an de
carburants de synthèse à partir de 2,2 GW d’énergies renouvelables.
La mise en service d’une première tranche est prévue pour 2030 dans
le port de Dakhla Atlantique. Par ailleurs, HDF Energy a déposé un
projet dans le cadre d’un appel d’offres lancés par le Maroc pour les
énergies renouvelables. Celui-ci ambitionne de déployer 2GW d’éolien
terrestre à Dakhla, dans le Sahara occidental. Ce projet, baptisé Nasem
Sahara Morocco (NSM), s’inscrit dans une démarche ambitieuse visant à
soutenir l’industrie locale, l’exportation d’hydrogène vert, ainsi que
le secteur de l’aviation durable. Si le projet est sélectionné, sa
première phase sur cinq ans représenterait « un investissement d’un
milliard d’euros », a indiqué Damien Havard, son PDG, suivi d’une
deuxième phase à 3 milliards d’euros et d’une troisième de 7 milliards
d’euros« . La première phase du projet vise une production de 200 000 tonnes d’hydrogène par an. Voici ce qu’en dit le Matin.ma.
L’association salue le positionnement des acteurs français sur le
marché international de l’hydrogène. Elle considère aussi que la
coopération franco-marocaine entre dans une nouvelle ère d’innovation et
de durabilité.
L’OSSRN (Observatoire sahraoui de surveillance des ressources
naturelles) a dénoncé la décision de la compagnie aérienne Ryanair de
lancer de nouvelles liaisons aériennes directes reliant Dakhla, dans les
territoires sahraouis occupés, à Madrid et aux îles Canaries.
« Nous exhortons Ryanair à reconsidérer immédiatement cette
décision et à mettre un terme à tout projet d’exploitation de vols vers
Dakhla », a écrit l’OSSRN dans une lettre adressée au P-DG de cette compagnie, Michael O’Leary.
« Une violation du droit international »
Exprimant ses « vives préoccupations » au sujet des projets
de cette compagnie Low Cost d’ouvrir de nouvelles routes internationales
reliant l’aéroport de Dakhla à Madrid et à Lanzarote aux îles Canaries,
l’Observatoire sahraoui a mis en garde contre « une violation du
droit international, en particulier du droit du peuple sahraoui à
l’autodétermination et de sa souveraineté permanente sur ses ressources
naturelles ».
L’Observatoire a rappelé, à ce propos, que le Sahara occidental est
un territoire non autonome sous occupation marocaine. Il a souligné
également que la question sahraouie reste à l’ordre du jour de la
Quatrième Commission de l’ONU sur la décolonisation. « Les Nations
unies, la Cour internationale de Justice et la Cour de Justice de
l’Union européenne ont affirmé, à plusieurs reprises, que le Maroc n’a
pas de souveraineté sur le Sahara occidental », a-t-il ajouté.
La CJUE a exclu le Sahara occidental de l’accord sur l’aviation civile entre le Maroc et l’Union européenne
Dans son arrêt de 2018, a poursuivi l’OSSRN , « la Cour
européenne de justice (CJUE) a spécifiquement exclu le Sahara occidental
de l’accord sur l’aviation civile entre le Maroc et l’Union européenne,
renforçant ainsi la distinction juridique entre les deux territoires ».
L’Observatoire a encouragé, à ce titre, la compagnie à « engager
un dialogue sérieux et direct avec le Front Polisario et le peuple
sahraoui pour garantir que toute opération future au Sahara occidental
soit conforme au droit international et respecte les droits de son
peuple ».
L'écrivain Kamel Daoud et son épouse objets de deux plaintes déposées en Algérie
Le lauréat du Prix Goncourt 2024 est accusé d'avoir emprunté pour son
roman "Houris" l'histoire d'une patiente de son épouse psychiatre, sans
en demander l'autorisation.
Deux plaintes ont été
déposées en Algérie contre l'auteur franco-algérien Kamel Daoud et son
épouse psychiatre, les accusant d'avoir dévoilé et utilisé l'histoire
d'une patiente pour l'écriture du roman Houris, récompensé récemment par le Prix Goncourt 2024, a appris l'AFP auprès de l'avocate des plaignants.
"Dès la publication du livre, nous avons déposé deux plaintes
contre Kamel Daoud et son épouse Aicha Dehdouh, la psychiatre qui a
soigné la victime" Saâda Arbane, a déclaré à l'AFP l'avocate Fatima
Benbraham, en précisant avoir saisi le tribunal d'Oran, lieu de
résidence de Kamel Daoud et son épouse en Algérie.
Accusation de violation du secret médical
Saâda Arbane, survivante d'un massacre lors de la guerre civile en
Algérie dans les années 1990, s'était exprimée sur une chaîne algérienne
en accusant l'auteur d'avoir dévoilé son histoire dans le roman sans
son autorisation.
"La première plainte a été déposée au nom de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme" et "la seconde au nom de la victime", a précisé Me Benbraham, assurant que leur dépôt remontait au mois d'août, "quelques jours après la parution du livre", et bien avant l'attribution début novembre du Prix Goncourt au roman. "Nous n'avons pas voulu en parler, afin qu'il ne soit pas dit que nous voulions perturber la nomination de l'auteur pour le prix", a-t-elle déclaré.
Selon cette avocate bien connue en Algérie, les plaintes portent sur "la
violation du secret médical, puisque le médecin [l'épouse de Kamel
Daoud] a remis tout le dossier de sa patiente à son mari", ainsi que sur "la diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation nationale", qui interdit toute publication sur la période de la guerre civile entre 1992 et 2002.
L'éditeur Gallimard défend l'écrivain
Vendredi 15 novembre, Saada Arbane était apparue sur la chaîne de télévision One TV en affirmant que l'histoire du roman Houris
est la sienne. Cette rescapée d'une tentative d'égorgement par des
islamistes armés a dit avoir reconnu des éléments de sa vie : "sa canule [pour respirer et parler], ses cicatrices, ses tatouages, son salon de coiffure".
Kamel Daoud n'a pas répondu à ces accusations, mais son éditeur français Gallimard, a dénoncé lundi 18 novembre les "violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d'un régime dont nul n'ignore la nature", contre l'écrivain depuis la publication du roman. "Si
Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la
guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son
héroïne sont purement fictionnels", a affirmé Gallimard.
Le roman, qui se déroule à Oran, raconte l'histoire d'une jeune femme
qui a perdu l'usage de la parole lors d'un massacre le 31 décembre
1999, pendant la guerre civile qui a fait 200 000 morts, selon des
chiffres officiels.
***
L’écrivain a soutenu que son roman est une fiction. Mais la chaîne
algérienne OneTv a interviewé une femme qui se dit être le vrai
personnage du roman de Kamel Daoud. Elle accuse le lauréat du prix
Goncourt 2024 d’avoir raconté son histoire sans son consentement.
La
femme révèle qu’elle était suivie par une psychologue qui n’est autre
que l’ex-épouse de Kamel Daoud. La victime affirme avoir reçu, à maintes
reprises, des demandes de la part du couple, pour l’écriture d’un livre
sur son drame. L’enquête de OneTv sur Houris a été diffusée vendredi
soir.
Question : qu'en disent ces messieurs-dames du Jury du Prix Goncourt ? Cette histoire mériterait un retrait du prix, non ?
Vers la déflagration
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Le premier volet de la trilogie en bande dessinée du Génie de Beyrouth
explique les mécanismes de déclenchement d’une guerre civile.
L’article Vers la dé...
العدد 584 من جريدة النهج الديمقراطي
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على عكس "الطبقة العاملة أو الفلاحين أو الطبقة البرجوازية لا يرتبط مصطلح
بمجموعات اجتماعية محددة بل يجسد ما بين الطبقات العليا والطبقات الدنيا؛
العمال والكا...