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Polémique sur le prix du poisson
Lors d’une session parlementaire, le ministre de l’Agriculture, Ahmed Albouari, a provoqué des moqueries avec ses déclarations sur l’impact de la sécheresse sur la hausse des prix du poisson, reliant cela à l’effet du climat. Au lieu d’aborder les véritables causes comme les quotas de pêche, la surpêche industrielle ou l’export excessif, il a offert des explications jugées absurdes. Les députés critiquent un mépris pour l’intelligence des citoyens et une gestion défaillante. Ils réclament davantage de transparence, de réformes et de mesures pour protéger les consommateurs et renforcer la production nationale.

vendredi 24 janvier 2025

La libération des 4 espions français par le Burkina Faso a coûté 60 millions d’Euros au…Maroc

Nous vivons une époque formidable : 4 espions français sont capturés au Burkina Faso en 2023. Le roi du Maroc intervient et verse 60 millions d’Euros au gouvernement burkinabé. Les espions sont libres ! Une affaire qui soulève quelques questions.-SOLIDMAR

 Le roi Mohammed VI dépense l’argent marocain pour soutenir les espions français

Dounia Filali , alwakai3e.info, 20/1/2025
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane

À la lumière des défis économiques et sociaux croissants auxquels est confronté le peuple marocain, des questions se posent quant aux priorités d’allocation des ressources nationales et à leur compatibilité avec les besoins des citoyens. Cela s’inscrit dans le contexte des politiques financières et diplomatiques menées par le roi Mohammed VI, qui ont suscité de nombreuses critiques quant à l’importance accordée à l’amélioration des conditions de vie du peuple marocain. Beaucoup se demandent si ces politiques accordent l’importance nécessaire aux questions internes ou si elles orientent les ressources et l’attention vers des priorités externes qui n’ont pas d’impact tangible sur la vie des citoyens. Parmi les questions les plus marquantes qui ont récemment suscité une large controverse dans la rue marocaine, citons la médiation menée par le roi Mohammed VI pour libérer quatre agents des renseignements français détenus au Burkina Faso pour espionnage et ingérence dans les affaires de sécurité intérieure du pays. Cet incident a représenté une grave crise diplomatique entre la France et le Burkina Faso, le gouvernement burkinabé accusant ces agents de tenter de déstabiliser le pays. Face à cette crise, le Maroc est intervenu en proposant une médiation, profitant de ses relations fortes avec les deux parties, alors qu’il cherchait à libérer ces agents faisant partie des services de renseignement français.

Médiation marocaine : un coût élevé

Ce qui a déclenché une vague de mécontentement au Maroc, c’est que cette médiation n’était pas une simple intervention humanitaire ou diplomatique, mais qu’elle impliquait plutôt le paiement par le roi Mohammed VI d’une énorme somme de plus de 60 millions d’euros provenant du trésor marocain dans le cadre de l’accord [cette information émanant de la DGED marocaine a été « formellement démentie » par la DGSE, NdlT], en plus de fournir du matériel et des fournitures militaires à la partie burkinabè après que la France a refusé de les payer et d’entamer des négociations financières avec le Burkina Faso. Cette somme importante versée par le roi du Maroc a suscité des interrogations chez les Marocains sur la raison d’affecter ces énormes ressources financières marocaines à la résolution d’une crise liée aux intérêts d’un autre pays, à l’heure où le peuple marocain souffre de crises économiques et sociales étouffantes. y compris le chômage, la pauvreté et la détérioration des services publics.

Questions sur les priorités du Maroc

Cette médiation a amené de nombreux citoyens marocains à s’interroger sur les priorités de la politique marocaine : le roi Mohammed VI préfère-t-il prêter attention aux questions extérieures au détriment des problèmes internes du peuple marocain ? D’autant que les Marocains vivent dans une amère réalité économique. Il vaudrait mieux que ces ressources financières marocaines soient utilisées pour résoudre certaines des crises des Marocains, comme celle des victimes du tremblement de terre d’Al Haouz, qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire et de reconstruction, au lieu de s’occuper d’un problème de sécurité extérieure et soutenir les intérêts d’autres pays dont les citoyens vivent bien mieux que les citoyens marocains.

Le roi préfère-t-il protéger les intérêts de la France aux dépens des Marocains ?

L’une des questions qui revient fréquemment est la suivante : le roi Mohammed VI et les dirigeants marocains préfèrent-ils préserver et protéger les intérêts de la France en échange du sacrifice des intérêts du peuple marocain ? Allouer 60 millions d’euros pour soutenir la France dans son affaire d’espionnage, alors que le citoyen marocain souffre du manque de ressources allouées aux projets de développement local et du grand nombre de prêts consentis par le gouvernement marocain aux dépens des Marocains, fait douter de la volonté du gouvernement marocain engagement à répondre aux besoins de sa population. Dans ce contexte, des voix de plus en plus nombreuses réclament une reconsidération des priorités nationales et l’importance d’allouer les fonds et les ressources d’une manière cohérente avec les besoins des citoyens et les crises internes du pays, au lieu de se préoccuper de questions diplomatiques qui ne sont pas directement liées aux intérêts du Maroc. Le peuple marocain est confronté quotidiennement à des défis qui nécessitent une intervention urgente. Parmi ces défis : la détérioration de la situation économique, l’absence d’opportunités d’emploi, la détérioration des infrastructures et la détérioration des secteurs de la santé et de l’éducation. Allouer d’énormes fonds pour soutenir une cause étrangère est un gaspillage d’opportunités réelles qui pourraient faire une différence dans la vie des Marocains.

Comment quatre agents des services secrets français, détenus un an au Burkina Faso, ont été libérés

Benjamin Roger, Le Monde,  14/1/2025

Retenus prisonniers pendant un an à Ouagadougou, les otages, membres de la direction technique de la DGSE, étaient accusés d’espionnage par le capitaine putschiste Ibrahim Traoré. Il a fallu d’âpres tractations, et l’intervention décisive du Maroc, pour obtenir leur libération.

La nuit vient de tomber, ce 18 décembre 2024, lorsqu’un jet privé Bombardier Challenger 604 se pose à l’aéroport de Ouagadougou, au Burkina Faso. Propriété de la société Air Ocean Maroc, leader de l’aviation d’affaires dans le royaume chérifien, l’appareil a été envoyé par les services de renseignement marocains. Trois heures plus tard, quatre passagers s’y engouffrent : ces agents de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français, viennent de passer plus d’un an en détention au Burkina Faso et s’apprêtent, enfin, à rentrer en France. A 23 h 52, l’avion redécolle, direction Casablanca. A Paris, le soulagement est général au siège de la DGSE, boulevard Mortier : c’est la fin d’une des plus graves crises internes de la « boîte », où le sort du quatuor n’en finissait plus de susciter des remous.

Cette libération, obtenue après des tractations secrètes longtemps infructueuses, les autorités françaises la doivent en grande partie à la médiation du Maroc. Le 19 décembre 2024, une fois les agents arrivés dans ce pays, l’Elysée annonce qu’Emmanuel Macron s’est entretenu avec le roi Mohammed VI, afin de « le remercier chaleureusement de la réussite de la médiation qui a rendu possible [leur] libération ». Un succès diplomatique pour Rabat, qui intervient après la réconciliation du Maroc avec Paris, fin juillet, quand M. Macron avait reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Certains y voient aussi un signe de décrispation envoyé par le capitaine Ibrahim Traoré (surnommé « IB »), à la tête du Burkina Faso depuis le putsch de 2022. Comme son homologue malien, le général Assimi Goïta, l’officier putschiste âgé de 36 ans a rompu les liens avec la France, après un coup d’Etat. Entre Ouagadougou et Paris, les relations sont alors devenues exécrables : renvoi de l’ambassadeur et des forces spéciales françaises basées dans le pays depuis plus d’une décennie, déclarations au vitriol contre l’ex-puissance coloniale… En coulisse, pourtant, la coopération opérationnelle se poursuit entre l’agence nationale de renseignement (ANR) burkinabée et la DGSE. C’est dans ce cadre que les quatre hommes se rendent à Ouagadougou, le 29 novembre 2023. Membres de la direction technique qui gère les systèmes informatiques et de télécommunications, ces techniciens y sont présents pour une opération ponctuelle de quelques jours.

La main de Moscou

Quarante-huit heures plus tard, ils sont interpellés à leur hôtel par des agents de la direction de la sûreté de l’Etat. Les faits reprochés sont graves : espionnage et « velléités déstabilisatrices ». La faute à des erreurs qui auraient pourtant pu être évitées : absence de visa diplomatique en bonne et due forme et, surtout, détention de téléphones de service non « nettoyés » – c’est-à-dire purgés des informations sensibles – comme le prévoit la procédure de la DGSE. Dans ces appareils, des photos de sites d’intérêt de la capitale burkinabée et des contacts dans des régions sous tension sécuritaire.

Les autorités françaises dénoncent une « prise d’otages », considérant qu’il ne s’agit là que d’un prétexte pour enterrer la relation bilatérale. Dans un jeu de balancier géopolitique devenu classique au Sahel, Ibrahim Traoré s’est de fait rapproché de la Russie. Quelques semaines avant l’arrestation des agents, une vingtaine de membres du GRU, les renseignements militaires russes, ont été envoyés auprès de l’ANR. Une information suffisante, aux yeux des Français, pour voir la main de Moscou derrière cette affaire.

La déflagration est telle que décision est prise, mi-décembre 2023, de rapatrier d’urgence la douzaine d’agents du « poste » de la DGSE à Ouagadougou. Pour Emmanuel Macron, c’est l’affaire de trop. Déjà remonté contre les services français, qu’il accuse de ne pas avoir anticipé un certain nombre de crises, dont le coup d’Etat au Niger, en juillet 2023, le président limoge Bernard Emié, le patron de la DGSE, remplacé par celui du renseignement intérieur, Nicolas Lerner.

Après avoir été détenus une dizaine de jours au secret, puis incarcérés à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, les agents sont transférés avant les fêtes de la fin de l’année 2023 dans des villas de Ouaga 2000, le quartier huppé de la capitale, utilisées comme lieux de détention secrets par les services burkinabés. A Paris, une cellule de crise s’active boulevard Mortier. M. Lerner rend compte à M. Macron. Le chef d’état-major particulier du président, le général Fabien Mandon, et son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, suivent aussi le dossier de près.

Les autorités françaises tentent d’abord une médiation togolaise, supervisée en personne par le président Faure Gnassingbé, qui a ses entrées auprès des putschistes sahéliens. Courant décembre, le ministre des affaires étrangères et le chef des services de renseignement togolais sont dépêchés à Ouagadougou pour négocier le sort des quatre Français. Sans succès. Le capitaine Traoré, intransigeant, réclame l’extradition d’opposants exilés en France : l’ancien ministre Djibrill Bassolé, François Compaoré, le frère de l’ex-président Blaise Compaoré, ou encore le journaliste Newton Ahmed Barry. Refus catégorique de Paris. Le capitaine Traoré demande alors de l’argent. Une « somme considérable », selon une source diplomatique française. Aux environs de « 150 millions d’euros », précise une source burkinabée. Là encore, les négociateurs français refusent.

« Action de force » envisagée

Début 2024, la DGSE tente d’ouvrir un autre canal de discussion, cette fois via les Emirats arabes unis, qui entretiennent de bonnes relations avec les Burkinabés. Il ne se révèle guère plus efficace. Les services français, dont les contacts directs avec leurs homologues de Ouagadougou sont rompus, continuent malgré tout à essayer de faire passer des messages, sans savoir si ceux-ci parviennent bien à Ibrahim Traoré.

A la fin du premier trimestre 2024, les discussions sont au point mort. Les agents, eux, ont été séparés en deux binômes, logés dans deux villas. Ils sont détenus chacun dans sa chambre, dont ils ne sortent quasiment pas. A part des soucis de santé mineurs, pour lesquels ils ont droit à la visite d’un médecin, ils vont globalement bien, sont correctement nourris et bien traités. Mais ils souffrent moralement et peinent à supporter l’isolement. Certains en viennent même à regretter la la maison d’arrêt où, au moins, ils pouvaient prendre l’air lors de la promenade quotidienne et faire un peu d’exercice.

Les seules visites qu’ils reçoivent de temps à autre sont celles du consul et de l’avocat mis à leur disposition par l’ambassade de France – du moins quand les geôliers ne leur refusent pas l’accès au dernier moment, pour des raisons inexpliquées. Pour les agents, dont certains sont pères de famille, ces visites irrégulières sont synonymes de lien avec l’extérieur. Elles permettent des échanges de courrier avec leurs proches, sont parfois l’occasion de courts appels téléphoniques avec ces derniers. Des livres leur sont aussi apportés, pour changer de la télévision et rendre leur quotidien moins monotone.

L’affaire est dans l’impasse. Boulevard Mortier, certains ne cachent pas leur désarroi et en viennent à se demander si leur propre sécurité peut être assurée lors de missions dans un pays à risque. D’autres ne comprennent pas qu’une « action de force » (une opération armée) ne soit pas menée pour libérer leurs collègues. Selon nos informations, elle a pourtant bien été envisagée. En mars, la DGSE pense avoir identifié les villas où les quatre Français sont détenus. Un plan des lieux est établi, un assaut héliporté d’un pays voisin est étudié, mais l’opération, jugée très complexe, ne sera jamais déclenchée. Les risques, tant humains que politiques, sont trop grands. D’autant que, côté burkinabé, la junte a conscience de l’éventualité d’un tel scénario et s’est préparée en conséquence. Celle-ci change régulièrement les détenus « VIP » de site de détention, autour duquel un solide cordon de sécurité est chaque fois mis en place.

Un interlocuteur de poids

Après les échecs successifs, les cadres de la DGSE se disent que leurs pairs burkinabés n’accepteront de discuter qu’avec des interlocuteurs de poids, avec lesquels ils ont l’habitude de travailler. Un pays, qui a préservé de bons liens avec Ouagadougou après l’arrivée du capitaine Traoré au pouvoir, entre alors en scène : le Maroc. Ibrahim Traoré lui-même est connu pour ses liens avec le royaume. Après son école d’officier au Burkina Faso, il y a fait, en 2014, son stage d’application en artillerie. Il en est revenu séduit. « Il a de l’estime pour les Marocains et s’est toujours montré assez élogieux à leur égard », confie un militaire burkinabé.

Cette sympathie du chef de la junte pour le Maroc n’est pas le seul avantage que la DGSE perçoit. Rabat a aussi été, dans la seconde moitié des années 2010, un partenaire important des services burkinabés, alors en pleine restructuration après la chute de Blaise Compaoré, au pouvoir de 1987 à 2014. « Nous avions de très bonnes relations avec les Marocains, retrace un ancien responsable sécuritaire, nous échangions beaucoup d’informations, que ce soit en matière de terrorisme ou de lutte contre les trafics de migrants. » En 2016 et 2017, des membres de l’ANR sont envoyés en formation au Maroc. Parmi eux : le capitaine Oumarou Yabré, l’actuel patron de l’agence qui, depuis cette expérience, a gardé des liens avec des homologues marocains. Cette figure de la junte connaît également bien la France : passé par Saint-Cyr, il a été formé par la DGSE.

A la fin du printemps 2024, la direction générale des études et de la documentation (DGED) marocaine est approchée. Un des chefs de la cellule de crise de la DGSE, un temps en poste au Burkina Faso et connaisseur du Maroc, est à la manœuvre. Les Marocains ne ferment pas la porte. Le 30 juillet, à l’occasion de la Fête du trône, qui commémore l’intronisation de Mohammed VI, Emmanuel Macron adresse une lettre au souverain chérifien, dans laquelle il écrit que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Pour Paris et Rabat, c’est la fin de plusieurs années de brouille, et le début de la réconciliation. Entre les « services », un frein est levé, la coopération s’accélère.

Entre septembre et décembre, plusieurs cadres de la DGED se rendent à Ouagadougou. Au cours de la même période, le capitaine Yabré se déplace au moins une fois au Maroc. Idem pour M. Lerner, qui effectue deux fois le déplacement dans le royaume. Fin octobre, lors de sa visite d’Etat à Rabat pour sceller la réconciliation, Emmanuel Macron évoque clairement le cas des otages avec Mohammed VI.

Les semaines suivantes, les contacts noués par les Marocains s’avèrent plutôt positifs, l’espoir renaît à Mortier. Le 18 décembre survient le brusque dénouement, un accord surprise pour une libération. Quelles contreparties le capitaine Traoré a-t-il obtenues en échange de la libération des Français ? « Le Maroc a payé 60 millions d’euros et donné du matériel aux Burkinabés », affirme une source proche de la DGED. Une information que la DGSE, qui « salue » le rôle des différents médiateurs impliqués, dément « formellement ». De retour à Paris, les quatre agents ont retrouvé leurs familles et leurs collègues, lors d’un pot au siège. Après un premier bilan psychologique et un débriefing de leur année de détention, ils sont rentrés chez eux pour les fêtes de fin d’année. Pour les désormais ex-otages, l’heure est venue de se mettre au vert.



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