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vendredi 25 avril 2025

Un projet de réaménagement du marché de Derb Ghallef à Casablanca

À Casablanca, le « marché informel » de Derb Ghallef, emblématique depuis plus d'un siècle, pourrait bientôt changer de visage. La mairie de Casablanca, en collaboration avec l'arrondissement de Maârif, envisage de réhabiliter complètement ce vaste espace en un centre commercial moderne, mieux équipé et conforme aux normes de sécurité actuelles. Un projet ambitieux, qui suscite autant d'espoirs que d'inquiétudes parmi les 20 000 commerçants du site.

Des Marocains achètent des olives et d'autres produits dans un marché souk à Casablanca alors qu'ils se préparent à rompre le jeûne pendant le premier jour du mois sacré du Ramadan à Casablanca, au Maroc, dimanche 3 avril 2021. (Image d'illustration)
Des Marocains achètent des olives et d'autres produits dans un marché souk à Casablanca alors qu'ils se préparent à rompre le jeûne pendant le premier jour du mois sacré du Ramadan à Casablanca, au Maroc, dimanche 3 avril 2021. (Image d'illustration) AP - Abdeljalil Bounhar

« Sur Derb Ghallef, tu vas réparer toutes les choses que tu ne peux pas réparer ailleurs », résume Zakaria sous son microscope, affairé sur un téléphone dernier cri. Fer à souder à la main, il tente de résoudre un problème de reconnaissance faciale. « C'est une passion, réparer quelque chose. C'est à chaque fois un nouveau défi, c'est une passion, c'est comme l'amour. »

Ce matin-là, il tente régler un problème de reconnaissance faciale sur un téléphone de « la marque à la pomme », mais dans l'obscurité, car les générateurs qui fournissent l'électricité aux commerçants n'ont pas encore été mis en route. « Nous avons besoin d'électricité, car nous n'en avons pas ici, et on n'aime pas aussi les gens qui harcèlent les clients », peste-t-il.

Si Zakaria est sensible à l'idée de réhabiliter Derb Ghallef, il redoute une transformation trop brutale. « Si le gouvernement veut en faire un centre commercial, le problème, c'est qu'ils voudront tout savoir sur ce marché », craint celui qui souhaite préserver l'atmosphère unique du lieu, entre entraide et mise en commun des compétences de chacun.

A Derb Ghallef, les clients aiment les prix. Souvent peu ou pas taxés, les produits sont abordables et négociables. Amin a par exemple parcouru 40 km aujourd'hui pour trouver un nouvel objectif pour son appareil photo. « Le marché de Derb Ghallef, c'est une référence pour nous, même un réflexe ! Tout ce qui est électronique, achat d'ordinateur, réparation... Tant qu'il est à Casablanca, on souhaite tout le bien pour ce marché-là. »

Une étape clé du projet a déjà été lancée : l'expropriation d'une parcelle de 55 000 m², sur l'emplacement actuel du marché. Mais d'après certains commerçants, cette réhabilitation, complexe à mettre en œuvre, pourraient être retardée par les échéances électorales à venir au Maroc, à savoir les élections législatives de 2026 et les élections communales de 2027. 

Un enjeu environnemental majeur

Selon un rapport des Nations Unies, le Maroc a produit 177 000 tonnes de déchets électroniques en 2022, un chiffre qui a quasiment doublé depuis 2010. Chaque Marocain en génère près de cinq kilos par an.

Pour Anaïs Audrey Kouassi, doctorante ivoirienne en droit de l'environnement et développement durable à la faculté des sciences juridiques de Salé au Maroc, Derb Ghallef doit être intégré dans les politiques publiques de gestion des déchets.

« Le marché de Derb Ghallef est un lieu très emblématique qui concentre de nombreuses activités liées aux équipements électriques et électroniques usagers, donc on va parler de revente, de réparation, de démontage... Ce sont des pratiques qui restent largement informelles, donc il faudrait mettre en place un cadre légal, c'est-à-dire développer un cadre juridique assez souple mais structurant qui va reconnaitre l'existence de ces marchés informels et proposer des mécanismes d'intégration. Dans un second temps, il faudrait créer des centres agréés de collecte et de pré-traitement à proximité de ces marchés-là. » 

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