Le
comité de soutien aux prisonniers politiques du hirak à Casablanca
lance un appel à la solidarité internationale pour la libération
immédiate de tous les prisonniers politiques du hirak. Voilà pourquoi il
est important de le signer.
Il
y a maintenant un an, le 28 octobre 2016, le décès de Mouhcine Fikri,
broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa
marchandise confisquée par les autorités, avait déclenché une large
vague de contestation dans le Rif, région au nord du Maroc.
Depuis,
les milliers de Marocains qui se sont mobilisés pour revendiquer plus
de justice sociale et de développement économique se sont confrontés à
une répression brutale.
Aujourd’hui, alors que le
hirak s’apprête à célébrer un an de mobilisation, plus de 300
prisonniers politiques sont encore en prison, et les leaders du
mouvement comme Nasser Zefzafi, s’apprêtent à être jugés pour atteinte à
la sûreté de l’État. Inculpés sous de lourdes charges, ils risquent des
peines allant de vingt ans de prison à la peine de mort.
Dans
ce contexte, et alors que les prisonniers politiques du hirak viennent
tout juste de suspendre plus d’un mois de grève de la faim, le comité de
soutien aux prisonniers politiques du hirak à Casablanca lance un appel
à la solidarité internationale pour la libération immédiate de tous les
prisonniers politiques du hirak.
Déjà signé par des
grandes figures intellectuelles et politiques comme Noam Chomsky, Ken
Loach, ou Arundhati Roy, cet appel entend lever le voile sur la cause de
l’emprisonnement politique au Maroc, et mettre les autorités marocaines
face à leurs responsabilités.
En effet, trop souvent
décrit comme le modèle de stabilité et de transition démocratique de la
région, le pouvoir marocain a pourtant montré un bien triste – et à
vrai dire même inquiétant – visage dans la gestion des revendications
sociales de la population du Rif.
Manifestation à Al Hoceima pour réclamer la libération des prisonniers du hirak, le 3 juin 2017 (Reuters/Youssef Boudlal)
C’est
donc pour rendre hommage à cette année de mobilisation populaire que je
voudrais ici prendre le temps de revenir sur la symbolique de la
demande de libération de ceux qui ont osé lever leurs voix pour dénoncer
la corruption qui mine le pays depuis des décennies.
Aujourd’hui,
il est temps d’oser dire que le hirak ne porte pas atteinte à la
stabilité du pays mais qu’au contraire, il constitue un éclat de lumière
que l’État du Maroc doit saisir s’il veut pouvoir entamer la profonde
réforme sociale que tout citoyen marocain attend depuis des décennies.
Alors
certains riposteront que l’État du Maroc a, depuis 2011, entamé une
transition démocratique et qu’avant cela, au début des années 2000, il
avait pris à bras le corps la fameuse « question sociale ». Le roi
Mohammed VI n’avait-il pas été qualifié à ce titre de « roi des
pauvres » ?
La patience, une qualité exigée seulement des classes populaires
Alors
comme toujours, les hommes politiques demanderont d’être patient. Après
tout, comme tout le monde le sait, Rome ne s’est pas faite en un jour .
Mais la patience semble être une injonction facile dans leur bouche.
Érigée en qualité ultime, elle ne semble pourtant être exigée que des
classes populaires, car les hommes politiques eux, ont le droit à
l’impatience.
Impatients face aux revendications du
peuple, impatients face aux « troubles à l’ordre public » que
représentent les rassemblements, les hommes politiques n’hésitent pas à
justifier les arrestations massives de tous les citoyens qui viendraient
perturber la paisible patience à laquelle le peuple est condamné.
Le
roi lui-même semble souvent user de son droit à l’impatience. Et pour
cause, pas plus tard qu’il y a deux jours, après la découverte du
rapport de la Cour des comptes faisant état des innombrables retards du
programme de développement dont devait bénéficier la ville d’Al Hoceima,
le roi a limogé trois ministres, un secrétaire d’État et des hauts
fonctionnaires.
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