Aïn Sbaâ, à Casablanca, est sur des charbons ardents. Et pour cause,
la carrière Wassiti, l’un des plus anciens bidonvilles de la métropole, a
été démolie le week-end du 22 et 23 septembre, au grand dam de ses
habitants qui ont été littéralement jetés à la rue.
Leurs cris, pleurs et lamentations n’ont malheureusement pas trouvé
ouïe, se voyant obligés de passer leurs nuits à la belle étoile. Pour la
plupart, il s’agit d’une injustice flagrante puisqu’ils n’ont pas été
avisés à l’avance de la décision de démolition. «Je n’ai aucune source
de revenus et je n’ai pas de quoi nourrir mes enfants. Que dois-je faire
pour les sauver de la rue ? Que Dieu punisse ces responsables», s’est
écriée une jeune mère, en larmes. Une autre femme, également au chômage,
a assuré qu’aucun habitant n’était au courant de la décision de démolir
la carrière. «Les autorités nous ont maltraité. On dirait la Syrie! On
n’a pas de quoi se nourrir. Il n’y a que les voisins du quartier qui
nous ramènent un peu de pain», a-t-elle déploré.
Même son de cloche pour une femme, âgée d’une quarantaine d’années,
qui a également du mal à réaliser ce qu’il lui arrive. «Je suis
handicapée. Comment pourrais-je m’en sortir ? Il semble que les
responsables ont oublié qu’on est également marocains. Le Maroc est-il
un pays musulman? Je ne le crois pas», a-t-elle confié.
Selon une jeune fille, des centaines de policiers se sont rendus sur
place pour entamer la démolition. «Ils ont même empêché nos enfants
d’aller à l’école ! Pourquoi autant de haine ? Je ne comprends plus
rien. Ils devaient au moins nous en parler avant de passer à l’acte.
Imaginez qu’ils cassaient les portes des maisons et chassaient les
habitants. Je veux que le roi Mohammed VI soit au courant de ce que nous
subissons», s’est-elle insurgée.
«Ces responsables qui prennent la décision de démolir nos maisons ne
doivent pas oublier que c’est grâce à nous qu’ils occupent actuellement
ces postes. Sachez qu’à partir d’aujourd’hui, nous ne sommes plus
Marocains», a-t-elle tranché.
Noura Mounib
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