Un tribunal parisien a de nouveau jugé mardi irrecevable
une action en diffamation du Maroc contre Zakaria Moumni, un boxeur qui
a porté plainte en France pour torture contre le patron du
contre-espionnage marocain, une affaire qui a nourri une brouille
diplomatique entre Paris et Rabat.
Comme dans une précédente procédure, le tribunal
correctionnel de Paris a jugé "irrecevable" la constitution de partie
civile du Maroc, estimant qu'un État souverain ne peut être assimilé à
un particulier.
Le Maroc a immédiatement fait appel, selon l'un de ses
avocats, Me Ralph Boussier, regrettant que la Cour de cassation n'ait
pas été saisie de la question pour avis, comme le parquet l'avait
suggéré.
"Il serait extrêmement dangereux pour la démocratie et
pour la presse si les États, avec leurs moyens démesurés, pouvaient
attaquer systématiquement toute personne qui dénonce leurs pires
turpitudes", a réagi l'avocat de M. Moumni, Me Joseph Bréham.
En cause dans cette procédure, les propos tenus le 12
octobre 2015 par Zakaria Moumni et son épouse sur TV5Monde. Dans
l'émission "64' le monde en français", le boxeur réitérait ses
accusations, contestées par Rabat.
Le 9 juin 2016, le même tribunal avait déjà jugé
irrecevable une précédente action en diffamation engagée par le Maroc.
Le royaume a fait appel de ce jugement. La cour d'appel de Paris doit
réexaminer ce dossier en mai.
Dans un autre dossier encore, Zakaria Moumni a été
condamné le 5 octobre 2016, au civil, à verser 1.000 euros de dommages
et intérêts au secrétaire particulier du roi Mohammed VI, Mounir El
Majidi, qu'il avait désigné comme "commanditaire". Jugement dont M.
Moumni a indiqué avoir fait appel.
La plainte de Zakaria Moumni contre le patron du
contre-espionnage marocain (DGST) Abdellatif Hammouchi avait nourri,
avec d'autres visant aussi ce responsable, une grave crise diplomatique
pendant un an entre Rabat et Paris, entre février 2014 et janvier 2015.
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