Article19.ma, 7/12/2025
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) vient de présenter son rapport annuel portant sur la situation des droits humains en 2024, signalant une multiplication des atteintes aux libertés publiques, des restrictions à la presse et au droit d’organisation, ainsi qu’une dégradation des droits sociaux.
Selon l’AMDH, le document s’appuie sur des observations directes, des plaintes reçues, des données médiatiques et des rapports nationaux et internationaux. L’Association précise qu’il s’agit d’indicateurs partiels et non d’un recensement exhaustif.
+ 2.650 décès en 2024, soit un taux de suicide national de 7,2 pour 100.000 habitants +
L’AMDH a recensé 14 décès en milieu carcéral, 57 décès dans les hôpitaux publics, 57 décès liés aux accidents du travail, 10 décès dus à des morsures ou piqûres d’animaux venimeux, 13 décès par intoxication ou fuite de gaz, et 46 décès par noyade, notamment lors de tentatives de migration clandestine.
Le rapport estime le nombre de suicides à environ 2.650 décès en 2024, sur la base d’un taux national de 7,2 pour 100.000 habitants.
+ Libertés publiques +
L’Association fait également état de poursuites judiciaires visant militants, journalistes ou défenseurs des droits humains. Au total, 105 personnes ont été poursuivies ou détenues, dont des figures de mouvements sociaux et des acteurs associatifs.
L’AMDH signale le maintien en détention de six condamnés du Hirak du Rif, avec des peines allant jusqu’à 20 ans. L’ONG évoque aussi des procédures contre journalistes, blogueurs et étudiants, ainsi que des restrictions visant certaines organisations associatives privées d’autorisation ou de renouvellement légal.
Le rapport relève un usage récurrent de la force lors de manifestations et pointe « l’absence d’enquêtes judiciaires systématiques » à la suite des plaintes.
+ Chômage et précarité +
Le rapport fait état d’un taux officiel de chômage de 13,3 %, porté à 21,3 % selon le recensement 2024, avec une hausse des formes de travail non déclarées et une baisse du taux d’activité.
Environ 60 % des actifs ne bénéficient d’aucune pension, 46 % ne disposent d’aucune couverture médicale, et 800.000 salariés ne sont pas déclarés à la CNSS, selon l’Association.
L’AMDH signale des accidents de transport collectif d’ouvrières agricoles, en l’absence de contrôle de sécurité, et une dégradation des services publics, notamment dans la santé, l’éducation et l’accès au logement.
+ Santé, femmes, enfants, handicap, migration et asile : fragilités structurelles +
Le rapport relève qu’en 2024, il y avait une faible part budgétaire consacrée à la santé, des fermetures de centres médicaux, une pénurie de personnel et des écarts territoriaux d’accès aux soins. L’Association évoque « des retards structurels » dans les services d’urgence, de prévention et de prise en charge.
le faible taux de participation économique des femmes, estimé à 80 % d’inactivité, et une protection insuffisante contre la violence, la précarité et l’exploitation, notamment dans les secteurs agricoles et informels.
En matière de droits de l’enfant, l’AMDH recense des cas élevés d’agressions sexuelles, de mariages précoces, un niveau élevé de décrochage scolaire, et 110.000 enfants travailleurs, dont 88.000 en zones rurales, souvent dans des activités dangereuses.
Pour les personnes en situation de handicap, l’Association relève des difficultés d’accès à l’éducation, à l’emploi, aux soins et à l’inclusion, et appelle à une mise en œuvre effective des normes internationales.
Le rapport décrit aussi une situation difficile pour les migrants irréguliers et les demandeurs d’asile, marquée par une précarité sociale, l’absence d’accès aux services de base, la montée des discours hostiles sur les réseaux sociaux, et des décès liés aux routes migratoires vers l’Europe ou les Canaries. L’AMDH estime que la réponse sécuritaire « ne saurait remplacer un traitement des causes profondes ».
Le document rapporte un faible taux de participation économique des femmes, des cas récurrents de violence et d’exploitation en milieu agricole, ainsi que des difficultés d’accès à la protection sociale.
L’AMDH recense 110.000 enfants travailleurs, majoritairement en milieu rural. L’Association fait également état d’un manque d’infrastructures pour les personnes en situation de handicap et d’un accès inégal à la formation, à l’emploi et aux soins.



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