oufkir rachid
Bien faire et laisser dire…
Chaque année le roi et le peuple « font », en commun, la révolution.
A la télévision, le discours du roi, est un évènement, pour rappeler
cette osmose et attachement indéfectible que nul ne saurait
mettre en défaut. Et le peuple effectif dans tout cela ? Qu’en est
il ? Celui qui subit, celui qui n’est nullement au courant de la
dite révolution ? Qu’en est il de ce peuple qui attend impatiemment
sa propre révolution, celle qui lui tient à cœur, sur l’injustice, pour
la dignité, sur les conditions de vie, de plus en plus dures à
supporter ? La révolution sur les véritables responsables de ce
Maroc, dont on ne parle pas dans les médias officiels ni au
Parlement, éternel espace de la langue de bois.
« La révolution du roi et du peuple » est plus un mythe qu’une
réalité, et sert d’instrument au pouvoir pour étouffer les
révoltes et divertir le mécontentement du peuple vis-à-vis de
l’institution monarchique, pas plus. Le sens profond de la
révolution, ici, est largement dévoyé, galvaudé et utilisé à tort et à
travers. Les faussaires « nationalistes » d’avant
l’ « indépendance » ont bien trouvé l’appellation qui convient pour
tromper la vigilance et l’intelligence du peuple, et faire marier à
vie, et de force, le peuple à la monarchie, aidés en cela par les
intellectuels organiques , les fouqouhas aux ordres, les
mercenaires , qui furent tous courtisans, rien que pour avoir la
bénédiction de sa majesté, et se partager, ainsi, le gâteau qu’est le
Maroc.
Le roi et le « Parti du Maroc »
Le roi, dans son discours du 20 août 2013, s’est positionné en tant
que n’ayant pour parti que le Maroc, autrement dit, qu’il y a un
parti, vertueux, appelé le « Parti du Maroc ». Une telle
formulation dans un discours royal est inédite, ce qui est une stratégie
, de sa part , pour rassembler tout l’échiquier politique sous son
patronage, et dégage un esprit d’entente et d’arbitrage de tous
les partis , cela dit , ce positionnement sous-tend l’idée de
désengagement de toute responsabilité politique ou plutôt , on peut
résumer son propos comme suit : je suis responsable d’une réussite,
mais pas d’un échec , que seul le gouvernement doit en assumer les
conséquences ».
Par ailleurs, le « Parti du Maroc » suppose l’existence de
l’autre bord, son opposé, un pseudo « Parti de non-Maroc » forcement
vicieux, mais qu’en est il ? La question donne matière à
interprétation, mais vraisemblablement, et à l’écoute de son discours,
il apparaît qu’il est celui qui regroupe les « crypto-ennemis de la
nation », les critiques, les « détracteurs » des orientations globales
du palais et de sa politique, menée, tambour battant, depuis une
décennie. L’horizon est celui d’éviter un débat de fond et sérieux. En
gros, il y a les bons d’un côté et les méchants, de l’autre. Avec une
telle vision binaire, je pense qu’on passe à côté des vraies questions
qui sont situées ailleurs, et on maintient la chape de plomb sur des
sujets tabous.
Le centre de pouvoir et la responsabilité politique.
Sachant que toutes les grandes initiatives politiques viennent
directement du cabinet royal et de la personne du roi, en particulier,
car il est le pouvoir effectif dans ce pays, comment est-ce possible
de présumer que le peuple ne doit s’en prendre qu’au gouvernement
en cas de pépins, et il serait nullement juste de mettre en cause la
personne du roi et sa politique dans tout ce qui y arrive de mal !?
Au Maroc, les pouvoirs se confondent, et il n’y a pas de
délimitation claire, possible, si ce n’est dans la théorie et encore.
Tout gouvernement qui se forme, est un gouvernement de sa majesté, qui
décide et donne au gouvernement, les grandes orientations, pour
qu’elles soient exécutées. C’est cela la dynamique du système. Et il
est tout à fait normal de dire qu’un roi, qui gouverne et qui règne à
la fois, est responsable de sa politique, et doit être mis sur la
sellette de la responsabilité, pour qu’il rende des comptes. Ceci une
pure logique, et il n’est pas inintéressant de la rappeler, chaque fois
que possible, pour écarter les doutes à ce sujet.
Tant que le roi gouverne et règne à la fois, il reste le seul
responsable. Pas le gouvernement. Il faut reconnaître cette évidence,
car tout le monde sait où est localisé le pouvoir réel. En tout cas,
pas entre les mains du premier ministre et de son gouvernement, car
ceux-là sont irresponsables, et ils l’ont prouvé à mainte reprise.
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