On
s’interroge bien souvent sur les raisons qui font de notre pays,
l’antre de la triche, de l’escroquerie et de la corruption. Des
comportements indignes qu’on observe bien évidemment dans tous les pays
du monde et qui trouvent leur origine dans la nature même de l’être
humain, lorsqu’il cède aux sirènes de la cupidité et de l’argent
facile. Mais au Maroc, le phénomène s’est fait pandémie. Rien, ni
personne n’y échappe plus ; ni écoles, ni universités, ni hôpitaux, ni
administrations, ni politiques…….
Aux origines du fléau, la méthode Hassan II
Pour
comprendre une grande part du phénomène, il faut remonter aux années
soixante-dix, en ce fameux jour de l’été 1972, lorsque après avoir
échappé au second coup d’Etat, Hassan II réunit ses officiers, pour leur
conseiller « de faire de l’argent, pas de la politique ».
L’homme ne se doutait pas que ce qui relevait jusqu’alors de
l’épiphénomène de la corruption et de l’artisanat de la fraude, allait
se transformer en épidémie. Et pour mieux s’assurer de la docilité des
plus timorés et/ou des moins affairistes de ses collaborateurs qu’ils
furent proches ou lointains, le dictateur les « soumit » par la rente.
« On ne refuse pas un cadeau de Sa Majesté ! » avait l’habitude de
prévenir l’entourage royal. Une menace à peine voilée pour ceux qui
étaient plutôt tentés d’écarter le piège de la corruption.
Dans un livre collectif intitulé « Transmettre », Céline Alvarez, Chrisophe André, Catherine Guéguen, Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir, Ilios Kotsou, Caroline Lesire,
expliquent les mécanismes de la transmission. Celle-ci étant au cœur
même de la condition humaine, elle se fait par un lien; du parent vers
l’enfant, de l’enseignant vers l’élève……... Les auteurs parlent alors
d’une transmission verticale, mais évoquent également une transmission
horizontale.
Au micro de Mathieu Vidard, de France Inter, Ilios Kotsou,
l’un des co-auteurs, s’appuyant sur des études scientifiques, cite
l’exemple de l’élève qui, en voyant un autre tricher, augmente
considérablement ses chances de se transformer, à son tour, en
tricheur. Le premier producteur de la délinquance, poursuit l’auteur,
est le niveau de délinquance de l’entourage. Il appelle cela la
« transmission négative », une sorte de contamination.
Plutôt l’opportunisme, que le Patriotisme, plutôt la rente que la Musique
Ainsi,
l’on entend un peu mieux que lorsque la plus haute autorité du pays,
donne en 1972, le signal de la curée, il faut évidemment s’attendre au
pire, doublé d’une totale impunité. Particulièrement lorsque l’on sait
que le défunt despote ne s’est pas arrêté aux militaires. Il en a fait
de même avec les politiciens, encourageant leur vénalité et leurs
appétits les plus sombres, au détriment du patriotisme le plus
élémentaire. Exilé à Paris, Driss Basri a si bien narré la méthode
Hassan II, le 7 mars 2005, dans l’interview intitulée « L’exil et le Royaume », qu’il avait alors accordée à François Soudan,
de Jeune Afrique. Le Vizir déchu y expliquait comment il avait reçu
une ferme de deux-cent vingt (220) hectares, à six kilomètres de
Mohammedia, au lieu-dit « La Gazelle », des mains mêmes d’Hassan II,
avant qu’une fois dépouillé de tous ses titres, puis déboulonné par
Mohammed VI, il vit son eau potable coupée et la facture réclamée par
les services concernés.
https://salahelayoubi.wordpress.com/2018/01/06/la-monarchie-marocaine-ce-vecteur-de-la-contamination/
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