Jerada. Les manifestants sur la place central de Jerada, baptisée "Place des martyres", samedi 13 janvier 2018.
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Trois semaines après le décès de deux mineurs dans un puits clandestin d’extraction de charbon à Jerada, le mouvement de contestation local persiste et diversifie ses formes de protestation. Ce samedi, les comités des quartiers et de ses environs se sont réunis pour effectuer une marche en direction de la place centrale de la ville.
« Alternatives économiques ». C’est le mot qui
revient le plus souvent lorsque les habitants de Jerada et de sa
province sont interrogés sur le motif de leurs manifestations. Cette
semaine encore, la ville a connu une série de manifestations, dont la
dernière, la plus importante, a été organisée ce samedi. Les
organisateurs évoquent « des milliers de marcheurs » sans qu'il n'ait été possible de vérifier ces assertions de source indépendante.
« Mardi
dernier, les habitants ont éteint les lumières entre 20 heures et 21
heures. Mercredi, nous avons porté des brassards rouges pour montrer
l’attachement à nos revendications. Jeudi, nous avons ouvert des débats
dans les quartiers. Vendredi, Nous avons organisé des marches nocturnes
avec des bougies à la main pour mobiliser les gens pour la marche
provinciale. Samedi, tout le monde s’est réuni à la Place des martyres » énumère Abdessamad Habbachi, 35 ans, habitant de la ville et membre du comité du « Hirak » local.
Aujourd’hui à 16 heures, les habitants de Jerada et de sa province
ont répondu présent à l’appel au rassemblement à la place centrale
baptisée « Place des martyres ». Au même moment, les boutiques et commerces de la ville ont fermé « en guise de soutien à la manifestation » nous indique Habbachi.
S’il reste difficile d’estimer le nombre des participants, les organisateurs parlent de « milliers de marcheurs ». « Des barrages routiers ont été placés à l’entrée de la ville »
nous déclare Mohamed Addadi, membre de l’Association marocaine des
droits humains (AMDH) de Jerada. D’après l’acteur associatif, aucune
arrestation n’a eu lieu, mais « les manifestants qui sont arrivés dans des véhicules ont été pointés dans les barrages ».
Des comités de quartiers pour « encadrer »
En tout, ils sont une soixantaine de
jeunes que les manifestants ont désigné par quartier pour dresser un
cahier revendicatif aux autorités. « Nos demandes sont scindées en deux: celles qui sont urgentes et celles qui nécessitent du temps » nous déclare Habbachi. Parmi les demandes réclamées en urgence on trouve en premier lieu des « offres d’emploi pour les jeunes de la ville et de la province », la « baisse des factures d’eau et d’électricité dans les foyers » ainsi que la l'«urgence de traitement pour les habitants atteints de silicose ».
Lire aussi : Jerada: témoignages au cœur de la "silicose valley"
Pour les mesures publiques que les manifestants veulent inscrire dans
la durée, notre source cite la « remise à niveau des infrastructures
existantes, des écoles, hôpitaux et centres culturels de la ville », la
« mise en place d’une zone industrielle » et la « revalorisation de
l’agriculture dans la province ». « Nous essayons d’encadrer toutes les
formes de manifestation » commente Abdessamad Habbachi.
Parmi les leaders du mouvement, il y a des diplômés chômeurs, des
personnes travaillant dans les mines clandestines ainsi que des anciens
responsables syndicaux. « Tout le monde œuvre pour préserver le caractère pacifique de ce Hirak » relève notre interlocuteur, insistant sur le maintien des marches et sit-in pour « faire valoir les revendications inscrites dans le cahier revendicatif » nous déclare-t-il.
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