"J' ai besoin de l' aide de l' Espagne et de l' Europe pour que mon
fils ne soit pas condamné à 30 ans pour défendre les droits de l' homme"
- le hirak, avec des exigences
en matière de santé, d'éducation et de droits sociaux, a été refoulé
avec trois victimes mortelles, 1.200 détenus, 340 en prison selon des
données officielles et 600, selon des ONG comprenant dix mineurs.
Maria Iglesias 30/01/2018 :Ahmed Zefzafi au parlement d'Andalousie m.i.
L'Association pour les droits de l'homme d'Andalousie (apdha) a
convoqué au parlement andalou le débat sur la situation dans le Rif et
l'Andalousie : mobilisation et droits de l'homme sur la rive-Sud, sur la
répression au Maroc du mouvement populaire du Rif, hirak, qui est née
le vendredi 28 octobre 2016 à la suite de la mort dans un camion
poubelle du vendeur ambulant Mouhcine Fikri essayant de récupérer la
marchandise que la police a saisie. L'activation du mécanisme du camion
n'a jamais été éclaircie.
La journée s'est articulée autour de
deux tables, la politique, avec des représentants de tous les partis, à
l'exception du pp qui a refusé d'y participer et un préalable avec les
experts, le journaliste Ignacio Cembrero, et Jamal El-Khatabi de
l'université de l'île de France , deux membres en Espagne du comité de
soutien au hirak, Saloua Omari et Reda Benzaza et, surtout, Ahmed
Zefzafi, père du leader charismatique des manifestations : Nasser
Zefzafi homme, de 75 ans à la retraite
d'"une maison de bienfaisance, orphelinat" à Boumerdes. (...)
Zefzafi a raconté la situation des détenus et des familles en parfait
espagnol, "pour avoir été élevé dans le protectorat", et la
revendication du hirak de la fin de maltraitance arbitraire de la
région et du décret de 1958 par lequel elle est zone militarisée, face à l'exigence d'investissements sanitaires, éducatifs et productifs.(...)
La délégation berbère avec Ahmed Zefzafi, Omari
et Benzaza ("Hirak existe en réponse au hogra, abus de pouvoir,
quotidien") et une quinzaine de jeunes exilés venus d'Almeria, Malaga et Cadix mais aussi de Barcelone et Madrid s'est sentie, malgré tout satisfaite " de relancer l'attention sur le Rif " et " d'être accueillis
à la maison du peuple andalou ".(...)
Quand il a
démarré l'interview, les réponses sont arrivées entre des silences et
des regards profonds d'un père qui s'exprime sur son fils en
prison.
Avez-vous vu votre fils récemment, à la prison de okasha, comment va-t-il ?
Je l'ai vu mercredi et il a le moral élevé... C'est bon... de santé. Mais il est dans cette prison, à 600 km de Boumerdes, depuis huit
mois. Lui, isolé, contrairement aux autres. (Nasser Zefzani a été arrêté
le lundi 29 mai après avoir interrompu le vendredi à l'imam qui à la
mosquée accusait le hirak de créer un schisme au Maroc).
Il a parlé au nom de toutes les familles et represaliados. Vous avez des contacts ?
Les familles (sur les 53 militants détenus à okasha, dont 40 ont fait
grève de la faim 44 jours, y compris Nassar) nous les rencontrons chaque
mercredi, jour de visite, sur la place de la prison et nous partageons nos préoccupations. Nous sommes ensemble dans cette situation
d'injustice. En entrant, ils sont tous dirigés vers une zone, sauf nous qui sommes conduits là où Nasser est isolé.
Vous avez dénoncé la maltraitance, pouvez-vous me le dire ?
Nos enfants sont maltraités. Nasser a été frappé fort sur le trajet de Boumerdes à la prison de Oukacha, près de Casablanca. Il a été torturé et
il a fallu lui mettre des points sur la tête. Même maintenant, en
prison, à l'isolement, il faut ajouter le manque d'eau chaude,
l'interdiction de contact téléphonique, la restriction des visites à
trois membres de la famille et d'autres mauvais traitements... (Reda
Benzaza, lors de son exposé préalable, a cité des ordres donnés aux prisonniers de se
déshabiller et des sévices sexuels, sinon des abus).
Quand le procès est-il fixé ? Qu'est-ce qui se passe maintenant ?
Nous n'avons aucune information à ce sujet. Nous avons des avocats très
intelligents, de grands professionnels, mais nous manquons de données
sur la procédure et... Je peux parler de tout sauf de la monarchie et de
la justice. Je freine à une ligne rouge.
Nasser a-t-il été détaché avant de lui faire entendre la voix des manifestations ?
Pas du tout.
Je vais vous dire comment tout a commencé. Ce jour-là, le
vendredi 28 octobre 2016, Nasser entra à la maison et sa mère lui dit : "
Fils, il s'est passé quelque chose devant le commissariat ". il a
demandé : " quoi ?" et elle a répondu : " non, je ne sais pas, mais c'est grave ". Il a
couru parce qu'on vit à quelques mètres de là. C'est là qu'il a trouvé la situation,
ce jeune homme, Fikri, qui a essayé de récupérer le poisson et qu'il a
déjà été impossible de sauver. Il y avait beaucoup de gens autour et
Nasser a commencé à parler, oui, il a fait... un discours. Ils sont tous
restés ensemble, la nuit du vendredi à samedi. Et le matin, ils étaient
dans le cortège funèbre à pied jusqu'à Imzouren, à 20 km, où ils
l'enterraient, derrière la voiture qui portait le cercueil.
L'enterrement a eu lieu et ils sont revenus à pied, et ils sont
restés ensemble, sur la place des martyrs, dans une concentration pacifique. C'est comme ça que Nasser a commencé
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