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lundi 5 février 2018

Procès hirak: "Daba nta maghribi ?", cette question du juge qui a embrasé la salle d'audience

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Procès hirak: "Daba nta maghribi ?", cette question du juge qui a embrasé la salle d'audience  

Jeudi 1 février 2018 à 22h17
Procès hirak:

" On essaie de faire pression sur la cour pour une question qui a été comprise hors de son contexte", constate Hakim El Ouardi, substitut du procureur général.

Nous sommes le jeudi 1er février. Il est presque 20h. A la salle 7 de la cour d'appel de Casablanca, le président Ali Torchi interroge Mohamed El Mehdani, un des 54 individus poursuivis dans le cadre des événements d'Al Hoceima. L'accusé doit répondre de "la participation à des rassemblements non déclarés", et à "l'incitation contre l'unité territoriale du Royaume".
L'interrogatoire porte ainsi sur la participation d'El Mehdani aux manifestations, sur les slogans entonnés, les drapeaux brandis etc. L'échange est relativement calme...jusqu'à cette question du juge: "Daba nta maghribi?", que l'on pourrait traduire par "Es-tu donc marocain?" ou "Puisque tu es marocain..."
La question de trop?  Elle a en tous les cas mis la salle en ébullition. Dans leur box, des accusés crient leur indignation. Sur les bancs du public, des proches s'agitent, excédés. Le brouhaha est général, sous le regard désemparé du juge.
Scandalisée, Me Khadija Rougani utilise des mots durs: "La cour n'a pas le droit de poser cette question accusatoire. Je demande à la cour de la retirer et de s'abstenir de la poser au reste des accusés". Son confrère, Mohamed Aghnaj évoque quant à lui "un litige non pas avec l'accusation, mais avec le juge". Ici, c'est "la neutralité de la cour" qu'il remet en cause.
Pour sa part, l'interrogé se dit "gêné par cette question qui lui rappelle "l'interrogatoire de la BNPJ". S'il affirme être "100% marocain", ElMehdhani confie se sentir "comme un invité" dans ce pays. "Monsieur le président, si vous vous dites impartial, comment pouvez-vous me poser une telle question?"
Nasser Zefzafi crie: "Monsieur le président, je ne vous permets pas de mettre en doute mon nationalisme". 


Au juge, il lance un ultimatum: "Soit vous vous excusez, soit nous nous retirons de ce procès". Une requête réitérée par la défense.
Le parquet intervient. "Requérir du président qu'il retire sa question n'a aucun fondement dans la loi". "Je vois qu'on essaie de faire pression sur la cour pour une question qui a été comprise hors de son contexte", constate Hakim El Ouardi, substitut du procureur général.
Le magistrat plaide "le malentendu" qu'il explique par "la tension", palpable, qui règne dans la salle d'audience. Le président, explique-t-il, a posé une question sur le ton de l'affirmation, sans "intention d'obtenir une réponse".
Pas de quoi convaincre Me Rougani, qui reproche à M. El Ouardi de s'ériger en "avocat de la cour".  Pour elle, "accusés, défense, journalistes et toutes les personnes présentes ont entendu la même chose".
Ali Torchi tente de calmer l'assistance. Il demande un moment de silence pour qu'elle puisse entendre ce qu'il a à dire: "La cour ne met, n'a mis et ne mettra point en doute le patriotisme de qui que ce soit. Nous sommes tous marocains et tous patriotes."
Retirer la question ? S'excuser ? Il n'en est pas question. "La cour a décidé de refuser" les demandes en ce sens, tranche M. Torchi. Et comme promis, les accusés quittent la salle. Leurs proches font de même. Agités, certains sont fermement accompagnés vers la sortie. L'audience est alors suspendue. A sa reprise, les accusés sont tous là, dans le box.

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