Une enquête réalisée par l'UNICEF dresse un état des lieux préoccupant sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants du Royaume. Ce triste constat touche plus particulièrement les milieux ruraux. Retour sur cette analyse.
Le rapport "Profil de la pauvreté des enfants au Maroc"
élaboré par l'UNICEF* en novembre 2017, et dont les conclusions n'ont
pas encore été révélées au public, dresse un tableau très sombre de la pauvreté multidimensionnelle (concept qui intègre les critères socioculturels, en plus du critère financier) des enfants au Maroc.
Presque
quatre enfants sur dix au Maroc sont dans une situation de pauvreté,
dont trois vivant dans le milieu rural contre un seul en milieu urbain.
Aussi les tranches d'âge les plus touchées sont celles allant de 0 à 4
ans (notamment pour des raisons de malnutrition et d'accès au soin) et
la catégorie des 15 à 17ans (pour des raisons de déscolarisation
principalement). Ce rapport a été analysé par nos confrères de L'Économiste du 29 janvier. Contactée par notre rédaction, l'UNICEF nous a fourni son analyse.
Dans le tableau ci-dessus, on peut voir
qu'un enfant sur quatre au Maroc subit la privation au niveau de l'eau.
8% n'ont pas de WC, et un tiers des enfants vivent dans des ménages
surpeuplés ou bâtis avec des matériaux insalubres (les deux pouvant
s'accumuler).
L'UNICEF constate aussi que malgré une
progression dans la couverture médicale - notamment grâce à l'Assurance
maladie obligatoire (AMO) et le Régime d'assistance médicale aux
économiquement démunis (RAMED) -, beaucoup d'enfants ne sont pas
couverts. Le taux d'information reste quant à lui bon, les enfants ayant
en très grande majorité accès à au moins un des dispositifs
d'information.
Cette étude montre aussi les liens entre pauvreté
multidimensionnelle et pauvreté monétaire. Ainsi on apprend que 4,4% des
enfants au Maroc vivent dans des ménages avec un niveau de consommation
au-dessous de la ligne de pauvreté monétaire.
Aussi, 14,4% des enfants sont issus de ménages vivant juste au-dessus
du seuil de pauvreté et restent donc vulnérables à la pauvreté
monétaire. De ce fait 18,8% des enfants au Maroc sont soit pauvres, soit
vulnérables dans le domaine monétaire.Le graphique ci-dessous nous montre aussi que 34% des enfants concernés par la pauvreté multidimensionnelle ne sont pas dans un cas de pauvreté monétaire. Ce chiffre démontre que les ressources monétaires ne préservent pas l'enfant d'une pauvreté multidimensionnelle et que les deux formes peuvent se cumuler.
La méthode "MODA", kézako?
Selon
la méthode MODA, on considère pour cette étude qu'un enfant au Maroc
souffre de pauvreté multidimensionnelle s'il privé dans au moins deux
dimensions de son bien-être (voir ci-dessus). On remarque aussi que
cette méthode divise l'enfance en trois âges distincts, analysés
différemment en fonction des besoins qui en découlent. Il ne faut
cependant pas confondre ce type de pauvreté avec la
pauvreté/vulnérabilité monétaire. Ces deux types de pauvreté, bien
qu'ils soient cumulables, sont bel et bien indépendants.
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*La synthèse Profil de la pauvreté des enfants au Maroc est le fruit d'une collaboration entre l'Observatoire national du développement humain (ONDH), le ministère de la Famille, de la Solidarité, de l'Égalité et du Développement social et l'UNICEF (2017). Les données utilisées pour l'analyse proviennent de l'enquête panel des ménages 2015, une enquête conçue et réalisée par l'ONDH. Elle se base sur un échantillon de 8.000 ménages marocains. Des ménages représentatifs au niveau urbain, rural et national.
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