Retour sur les circonstances de la libération des détenus politiques RIFAINS, dans le cadre de la « grâce royale »
Tout d’abord, félicitation appuyée à tous les détenus pour leur liberté retrouvée et méritée. C'est une victoire qu’ils ont remporté sur l’injustice. Une preuve de plus que la mobilisation et l’organisation paient ! C’est la principale leçon à tirer de cette épreuve !”La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien” (Edmun BURKE).
Pour autant, le cap doit être maintenu, la mobilisation ne doit pas faiblir et se poursuivre afin d'arracher la libération des prisonniers politiques RIFAINS encore en détention. Lutter avec force en vue de l'accomplissement de la charte revendicative portée par le mouvement populaire et pacifique dans le RIF. Les RIFAINS attendent du concret ! Ils ne sont pas dupes des grossières ficelles utilisées par le makhzen pour duper l'opinion et tenter d'inverser l'impression terriblement négative pour l'image du Maroc laissée par les lourdes sentences de juin 2018 contre les prévenus des "grands procès" de Casablanca.
Cette libération a une saveur particulière et mérite une prise de recul et une critique pour ne pas se fourvoyer, autant dire il faudra s’interroger sur son sens.
Des préalables à retenir
Face à tous celles et ceux qui se sont montrés très élogieux envers sa majesté, et se sont empressés pour lui adresser leurs vives félicitations, pour ce coup de force, et cette mesure courageuse, et se sont rué sur les réseaux sociaux, et les médias en général, pour lui attribuer cette victoire, il y a lieu de raviver la mémoire, de redresser certains faits et de réhabiliter la vérité !
Il serait bon, au préalable, de clarifier une ambiguïté. La « grâce » « l’amnistie » sont accordés, en général , à des personnes coupables d'un crime, à des malfaiteurs qui ont commis des forfaits graves.
Pour ce qui est des détenus politique, ils ne relèvent en aucun cas de cette catégorie. Ils n'ont ni à remercier ni à s'excuser devant qui que ce soit.
Pour ce qui est des détenus politique, ils ne relèvent en aucun cas de cette catégorie. Ils n'ont ni à remercier ni à s'excuser devant qui que ce soit.
L'Histoire retiendra que les détenus RIFAINS sont des victimes d’une injustice sans précédent, qu’ils n’ont pas à quémander leurs droits et libertés, qu’ils n’ont pas à être privés de leur liberté, à être trainés en prison et traités comme ils l’ont été par les services de police, de justice, et par l’establishment politique, alors qu’ils sont totalement innocents de tout ce qu’on leur a attribué d'accusations dépourvues de tout fondements rationnel.
Il faut se garder d’inverser les rôles . C’est Mohamed VI qui porte une responsabilité particulière dans ce dossier. Le fiasco de sa gestion et son bilan à tous les niveaux sont les raisons principales de cette révolte pendant laquelle ces jeunes sont sortis dans la rue pour clamer leurs droits et dénoncer la corruption qui gangrène l’appareil étatique et les prive de perspectives pour vivre dignement.
MVI a préféré finalement faire (Un peu) machine arrière alors qu'il était engagé dans une impasse inextricable afin de tenter d'en tirer un bénéfice en terme d’image. Avec un inconvénient majeur pour lui cependant. Gracier des prisonniers politiques, c'est rappeler à l'opinion nationale et internationale qu'il y a des prisonniers politiques au Maroc. N'en libérer qu'une partie, c'est aussi encourager la mobilisation populaire pour obtenir la libération de TOUS les prisonniers politiques. C'est légitimer enfin la justesse de notre combat que nous poursuivrons jusqu'à la victoire de TOUTES nos revendications. Sous embargo politique, économique et culturel, sans oublier, plus largement, le contentieux historique et mémoriel avec le passé RIFAIN qui n‘a toujours pas été soldé.
MVI, avec le concours de l’establishment politique qu’il chapeaute, est le commanditaire de la situation déplorable dans laquelle a été maintenu le RIF et cela remonte aussi à ces prédécesseurs, depuis bien avant l’indépendance. Actuellement, l'opinion publique ne doit pas oublier tous les préjudices physiques et moraux subis, et les différents abus de pouvoir, infligés à la population rifaine pendant toute cette épreuve qui a duré 2 ans.
Une opération de “com” pour blanchir MVI
Il est évident que la libération des détenus politiques RIFAINS est, à maints égards, une pure opération de « com » savamment préparée à l’avance, pour MVI et le CNDH. Ces deux dernières institutions doivent se frotter les mains.
MVI est « clément et miséricordieux » et « l’homme providentiel » ! Grâce à sa majesté les RIFAINS sont libres . Il leur a “rendu” la liberté ! En retour, ils lui doivent reconnaissance et obéissance ! Donnant donnant ! Son entourage compte capitaliser sur cette image et le faire figurer comme « celui qui a libéré les RIFAINS » le “sauveteur” et occuper l'espace politico-médiatique de la presse nationale et internationale. Cette affirmation est d'un cynisme sans égal. La monarchie se recycle sur le dos des RIFAINS , et s’en tire à bon compte. C'est au passage oublier un peu vite qui a jeté de façon arbitraire les mêmes RIFAINS dans les geôles royales.
D’autre part, le CNDH avec, à sa tête, M. Driss YAZAMI, afin de faire oublier son inefficacité coutumière, s'est précipitée pour être la première à annoncer la nouvelle . Je relève particulièrement une phrase rapportée par certains journaux, que le CNDH allait « prendre en charge les frais de transport pour raccompagner les détenus chez eux » pour ceux qui sont détenus en dehors d’Al Hoceima. Cette formule, risible et cynique à la fois, est similaire à celle où il est annoncé que « Le roi Mohammed VI prendra en charge les frais de transfert des dépouilles, de leur inhumation et des obsèques, ainsi que les frais de soins des blessés de l’accident » qui fait rire nombre de commentateurs.
Libération surprise
Il y a lieu de se poser un certain nombre de questions. D'abord le timing de cette annonce. Pourquoi maintenant et pas avant ?
Le timing de l’annonce de la grâce des détenus suscite plusieurs interrogations. En politique rien n’est dû au hasard. Toute démarche suppose une préparation minutieuse pour en tirer un bénéfice politique et symbolique.
Par ailleurs, aucune communication sur la libération des détenus du Hirak lors de l’annonce de la grâce, c’est-à-dire le 19 août, quand bien même cette question demeure d'une grande actualité. Aussi, aucune information n’a filtré sur l’intention des détenus de demander leur grâce ce qui pose de nouvelles questions.
Cette grâce est la démonstration , s'il en fallait encore une, de l’arbitraire total qui règne dans le pays , un désaveu pour l'appareil judiciaire marocain. En 2013 MVI a « gracié » Daniel Galvan FINO un pédocriminel violeurs d’enfants marocains, alors qu’il avait été condamné par un tribunal de Kénitra à 30 ans de prison.
Une capitulation appelée « grâce royale »
Au final, il y a lieu de marteler que cette libération est à attribuer à l’ensemble des mobilisations en faveur des détenus et de leurs familles. Elle doit nous encourager à maintenir notre mobilisation jusqu'à la libération de tous les prisonniers politiques rifains et l'aboutissement de nos revendications. C'est cette mobilisation qui a payé, dans le RIF, dans la diaspora, dans les diverses villes marocaines, avec le concours avocats qui était tout aussi prmordial. C'est ce qui a pu infléchir la position du pouvoir dans le dossier de ces détenus !
MVI a préféré finalement faire (un peu) machine arrière alors qu'il était engagé dans une impasse inextricable afin de tenter d'en tirer un bénéfice en terme d’image et se faire remercier. Avec un inconvénient majeur pour lui cependant. Grâcier des prisonniers politiques, c'est rappeler à l'opinion nationale et internationale qu'il y a des prisonniers politiques au Maroc. N'en libérer qu'une partie, c'est aussi encourager la mobilisation populaire pour obtenir la libération de TOUS les prisonniers politiques. C'est légitimer enfin la justesse de notre combat que nous poursuivrons jusqu'à la victoire de TOUTES nos revendications.
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