La
Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen a
adopté, lundi, le rapport de l’eurodéputée controversée Patricia
Lalonde, qui prévoit l’extension de l’accord agricole conclu entre
l’Union européenne (UE) et le Maroc au territoire du Sahara occidental
occupé.
Commentant cette décision inique, le
représentant du Front Polisario pour l’Europe, Mohamed Sidati, a soutenu
hier que c’est «une honte» d’entériner un document dont la rédactrice a
été forcée à démissionner la veille en raison d’un «conflit
d’intérêts».
Réunis à Strasbourg au siège du
Parlement européen, les membres de l’INTA ont adopté le rapport de
l’eurodéputée controversée Patricia Lalonde, qui prévoit l’extension de
l’accord agricole conclu entre l’UE et le Maroc au territoire du Sahara
occidental occupé, alors que la justice européenne avait rejeté dans ses
arrêts cet accord, invoquant l’absence de consentement du peuple
sahraoui.
Réagissant à la décision prise par la Commission, le Front Polisario a
déploré, dans un communiqué, un «vote qui marque un pas de plus dans la
volonté des responsables européens de passer outre les termes précis et
clairs des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)».
S’élevant contre le «contournement» des décisions de la CJUE par des
dirigeants européens, le responsable du Front Polisario a ajouté que
«cet accord est clairement illégal».
Dans ce contexte, M. Sidati a rappelé que le «propre» service
juridique du Parlement européen a conclu récemment qu’il n’était «pas
certain» que le peuple sahraoui ait donné son consentement à cette
extension de l’accord, une «condition-clé» exigée par la CJUE dans son
jugement de décembre 2016. «Le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme
le représentant du peuple du Sahara occidental, pourrait donner son
consentement, ce qui n’a pas été le cas», a tenu à faire savoir
M. Sidati dans le même communiqué.
S’agissant de l’affirmation de la Commission que l’accord pourrait
bénéficier à la population du Sahara occidental, le représentant du
Front Polisario l’a jugée «non pertinente» et qualifiée d’une «insulte»
au peuple sahraoui qui vit aujourd’hui dans des camps de réfugiés, dans
les territoires libérés ou sous occupation marocaine. «La Cour de
justice a jugé que le Sahara occidental est un territoire séparé et
distinct de celui du royaume du Maroc en vertu du principe
d’autodétermination.
Aucun accord avec le Maroc ne peut inclure le territoire, les eaux
adjacentes, ni l’espace aérien du Sahara occidental», a encore souligné
M. Sidati, annonçant le recours devant la CJUE, dont les précédents
jugements basés sur le droit international étaient du côté du Front
Polisario.
Tout en relevant que les conséquences du vote de la Commission
parlementaire européenne s’étendent bien au-delà des questions
commerciales, le responsable sahraoui a affirmé que cette adoption vient
«saper» l’issue des négociations conduites par l’envoyé personnel du
secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, pour le règlement du conflit
sahraoui selon les résolutions onusiennes garantissant le droit à
l’autodétermination du peuple sahraoui.
Pire,
en s’alignant sur les positions du Maroc et en soutenant la
colonisation du Sahara occidental, Bruxelles encourage la reprise de la
guerre au Maghreb.
Dans ce sillage, Mohamed Sidati a
appelé les «partenaires européens à revoir leur politique actuelle et de
recentrer leurs efforts sur les pas positifs que l’UE peut esquisser
pour supporter les efforts de Horst Köhler et pour encourager des
progrès dans les pourparlers».
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