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mercredi 3 juin 2020

Conflit du Sahara Occidental : L’Union européenne jette de l’huile sur le feu

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avec le président français Emmanuel Macron
12 décembre 2018
La Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen a adopté, lundi, le rapport de l’eurodéputée controversée Patricia Lalonde, qui prévoit l’extension de l’accord agricole conclu entre l’Union européenne (UE) et le Maroc au territoire du Sahara occidental occupé.
Commentant cette décision inique, le représentant du Front Polisario pour l’Europe, Mohamed Sidati, a soutenu hier que c’est «une honte» d’entériner un document dont la rédactrice a été forcée à démissionner la veille en raison d’un «conflit d’intérêts».
Réunis à Strasbourg au siège du Parlement européen, les membres de l’INTA ont adopté le rapport de l’eurodéputée controversée Patricia Lalonde, qui prévoit l’extension de l’accord agricole conclu entre l’UE et le Maroc au territoire du Sahara occidental occupé, alors que la justice européenne avait rejeté dans ses arrêts cet accord, invoquant l’absence de consentement du peuple sahraoui.
Réagissant à la décision prise par la Commission, le Front Polisario a déploré, dans un communiqué, un «vote qui marque un pas de plus dans la volonté des responsables européens de passer outre les termes précis et clairs des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)». S’élevant contre le «contournement» des décisions de la CJUE par des dirigeants européens, le responsable du Front Polisario a ajouté que «cet accord est clairement illégal».
Dans ce contexte, M. Sidati a rappelé que le «propre» service juridique du Parlement européen a conclu récemment qu’il n’était «pas certain» que le peuple sahraoui ait donné son consentement à cette extension de l’accord, une «condition-clé» exigée par la CJUE dans son jugement de décembre 2016. «Le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme le représentant du peuple du Sahara occidental, pourrait donner son consentement, ce qui n’a pas été le cas», a tenu à faire savoir M. Sidati dans le même communiqué.
S’agissant de l’affirmation de la Commission que l’accord pourrait bénéficier à la population du Sahara occidental, le représentant du Front Polisario l’a jugée «non pertinente» et qualifiée d’une «insulte» au peuple sahraoui qui vit aujourd’hui dans des camps de réfugiés, dans les territoires libérés ou sous occupation marocaine. «La Cour de justice a jugé que le Sahara occidental est un territoire séparé et distinct de celui du royaume du Maroc en vertu du principe d’autodétermination.
Aucun accord avec le Maroc ne peut inclure le territoire, les eaux adjacentes, ni l’espace aérien du Sahara occidental», a encore souligné M. Sidati, annonçant le recours devant la CJUE, dont les précédents jugements basés sur le droit international étaient du côté du Front Polisario.
Tout en relevant que les conséquences du vote de la Commission parlementaire européenne s’étendent bien au-delà des questions commerciales, le responsable sahraoui a affirmé que cette adoption vient «saper» l’issue des négociations conduites par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, pour le règlement du conflit sahraoui selon les résolutions onusiennes garantissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Pire, en s’alignant sur les positions du Maroc et en soutenant la colonisation du Sahara occidental, Bruxelles encourage la reprise de la guerre au Maghreb.
Dans ce sillage, Mohamed Sidati a appelé les «partenaires européens à revoir leur politique actuelle et de recentrer leurs efforts sur les pas positifs que l’UE peut esquisser pour supporter les efforts de Horst Köhler et pour encourager des progrès dans les pourparlers».

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