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CANBERRA - Kamal Fadel, représentant du Front Polisario en Australie, a indiqué que les Sahraouis en ont assez d’attendre un "mirage" promis par l’ONU en référence au référendum d'autodétermination, alors que la communauté internationale est accusée de n'avoir apporté aucune réponse à la violation du cessez-le-feu par le Maroc à El Guerguarat au sud-ouest du Sahara occidental.
Interrogé par Middle Est Eye (MEE), sur "l'insistance du Maroc à maintenir le statu quo au Sahara occidental", Fadel répond que cela entre dans la "stratégie de Rabat, qui donne également l’impression d’un processus politique en cours et qui mise sur le temps pour enraciner l’occupation, utiliser les ressources et créer des faits sur le terrain".
"Mais les Sahraouis sont bien conscients de cette stratégie et ne vont pas s’y laisser prendre une fois de plus", ajoute Fadel, soulignant que "les Sahraouis en ont assez d’attendre dans le désert un mirage promis par l’ONU qui s’éloigne avec le temps".
Le Polisario, qui réclame l’indépendance du Sahara occidental, a dénoncé une violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu de 1991 en déclarant un retour à la lutte armée, pour la deuxième fois depuis sa création en 1973.
Kamal Fadel relève que l’accord militaire signé entre le deux partis au conflit, le Front Polisario et le Maroc, stipule que "toutes les infractions sont considérées comme une rupture de l’accord lui-même et de l’esprit du plan de paix".
"L’accord militaire n 1 établit une zone tampon de 5 kilomètres de large au sud et à l’est du mur de sable marocain, où l’entrée des troupes ou d’équipement par les deux parties, par voie terrestre ou aérienne, et l’utilisation d’armes dans ou contre ces zones sont interdites en tout temps et constituent une infraction", explique Fadel à MEE, un site d'informations spécialisé dans les questions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
La reprise de la lutte armée par le Polisario a été largement saluée par la population sahraouie. Des décennies d’impasse ont épuisé la population, aucun envoyé spécial de l’ONU n’a pu se rendre au Sahara occidental depuis plus d’un an maintenant, commente Middle East Eye.
Pendant ce temps, le Maroc essaie d’atténuer l’impact des opérations du Polisario le long du mur, en ayant recours à un tapage médiatique, alors que les tensions sont toujours vives une semaine après le lancement de son agression militaire pour tenter de rouvrir une brèche illégale dans la zone tampon.
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Pour Jacob Mundy, assistant professeur à l’université de Colgate et coauteur d’un ouvrage sur le Sahara occidental, cité par MEE, la récente agression militaire du Maroc dans la zone tampon n’est pas la première.
"Le Maroc a commencé à construire une route goudronnée pour relier Guerguerat à la Mauritanie en 2016, ce qui fut l’une des plus significatives infractions au cessez-le-feu de l’ONU constatée en plusieurs décennies, et le Maroc n’a pas été sanctionné par le Conseil de sécurité pour cela".
"Le Maroc a agi plus ou moins en impunité depuis l’invasion du Sahara occidental tenu par les espagnols en 1975 ", relate Jacob Mundy, qui souligne que ces dernières années, le Maroc a stoppé le processus de paix et n'a pas subi la "moindre conséquence pour avoir mis dans l’impasse et empêché le travail des deux précédents envoyés du secrétaire général de l’ONU" .
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental dispose d’importantes réserves de "pétrole offshore" et ressources minérales. Le Maroc n'a pas cessé d’exploiter les ressources naturelles du territoire non autonome, tandis que la moitié de sa population attend un référendum d'autodétermination.
Stephen Zunes, auteur et professeur de sciences politiques à l’université de San Francisco, a déclaré à MEE que la solution au conflit au Sahara occidental est "entre les mains de la France et des Etats-Unis".
Alors que les combats continuent à el Guerguarat, la communauté internationale n’a apporté "aucune véritable réponse pour endiguer la situation née de la violation du cessez-le-feu par le Maroc, qui a lancé une agression militaire contre les civils sahraouis", déplore-t-il.La France, principal soutien du Maroc, s’est contentée, a-t-il dit, de demander un "retour aux pourparlers de paix sans exercer de pression particulière", a-t-il indiqué.
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