Par Narjis Rerhaye (A Rabat)17/1/2018
Latefa, 22 ans, est originaire de Zagora, cette ville du Sud
marocain, réputée pour ses kasbahs anciennes. Il y a un peu moins de
deux ans, elle a été « placée » par son père chez une famille, à
Casablanca. Latefa est domestique comme des milliers de très jeunes
filles qui quittent leurs lointains villages ou villes pour travailler
chez des familles marocaines. Cette très jeune fille est tombée sur la
mauvaise famille. Le couple qui l’employait la torturait, lui infligeant
les pires sévices. Ils avaient, entre autres, l’habitude de la brûler
avec des fourchettes rougies sur le feu
Depuis samedi 13 janvier, Latefa est en réanimation, dans une
clinique casablancaise. Dans un état grave, elle a été hospitalisée par
ses employeurs qui sont également ses bourreaux. A la clinique, c’est la
consternation. Le directeur de l’établissement s’empresse d’alerter la
police. INSAF, une association qui « contribue à l’avènement d’une
société qui garantit à chaque femme et à chaque enfant le respect de
leurs droits dans un environnement digne et responsable », est également
appelée.
« Nous avons découvert une jeune fille entre la vie et la mort.
Complètement terrorisée. Nous n’avons jamais vu de tels sévices. Ce que
Latefa a enduré est absolument inimaginable. Et d’après les éléments que
nous avons pu recueillir, ce n’est pas la première fois qu’elle est
torturée. Elle aurait même été hospitalisée une première fois », a
déclaré à « Atlasinfo » Amina Khalid, membre d’INSAF.
Des brûlures sur le corps, des fractures, une anémie sévère : la
jeune domestique est actuellement en soins intensifs. Son
hospitalisation pourrait durer plus d’un mois. Depuis son admission à la
clinique, ses employeurs sont passés la voir. Lundi, ils ont même
déposé un chèque de caution de 20 000 dhs auprès de l’administration de
la clinique.
Le procureur général s’est saisi du dossier. Une enquête
est ouverte. Dans la journée de mardi 16 janvier, Le secrétaire général
du Conseil national des droits de l’Homme lance à son tour l’alerte et
informe 2M. Quelques heures plus, au JT de 20h15, la chaîne de
télévision casablancaise en fait l’ouverture. Les réseaux sociaux
s’enflamment. L’associatif Ahmed Ghayet publie sur son mur les photos du
corps torturé, brûlé de la jeune Latefa. « Pardonnez-moi pour la
cruauté de ces photos », s’excusera-t-il auprès des internautes
Toute la nuit, la Toile oscille entre indignation et colère. Une
pétition est mise en ligne sur Avaaz, le site mondial des pétitions en
ligne. « À nous tous Marocain(e)s de nous mobiliser pour que ces actes
de barbarie soient punis à la hauteur de leur inhumanité, de leur
horreur. Notre silence ferait de nous des complices, les ‘’sans-voix’’
doivent pouvoir compter sur notre indignation, notre solidarité, notre
mobilisation à nous qui avons ce ‘’pouvoir’’ de nous exprimer. Les
générations actuelles et futures ne comprendraient pas notre inertie et
elles auraient raison, nos consciences non plus ne nous pardonneraient
pas notre indifférence, qu’attendons nous ? Nous sommes en droit, nous
avons le devoir d’exiger un procès exemplaire et une condamnation qui
rende justice à cette jeune fille, qui doit devenir notre cause commune !
», écrivent les auteurs de la pétition publiée sous le titre de « Ni
notre silence, ni notre complicité…la barbarie est en nos murs ».
Quant à INSAF, elle ne lâche pas l’affaire. Amina Khalid,
l’assistante sociale de l’association, se rend tous les jours à la
clinique. Un suivi juridique sera assuré et INSAF entend se porter
partie civile. « Nous allons également assurer une prise en charge de
Latefa après sa sortie de clinique.et œuvrer pour sa réintégration
sociale » a affirmé A. Khalid à Atlasinfo.
Mercredi 17 Janvier 2018 - 14:43
En savoir plus sur https://www.atlasinfo.fr/Une-jeune-domestique-torturee-par-ses-employeurs-provoque-la-colere-des-Marocains_a88735.html#YlByo2MUZ2qt2XSx.99
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