Les "gueules noires" agitent le trône
Par Mardi 13/2/2018
La
presse de l'Hexagone, réputée de ne pas jeter de l'huile sur le feu
lorsque la grogne sociale s'empare du royaume, n'a pu taire les
événements dramatiques qui secouent la ville minière de Jerada.
La
«France médiatique» pose-t-elle un nouveau regard sur ce qui fait
l'actualité tragique au Maroc? La question est posée. La conjoncture
actuelle l'impose en tous les cas. De là à penser que Paris va lâcher
son «ami le roi» il n'y a qu'un pas à franchir. Pays touristique par
excellence, le royaume est une des destinations préférées des touristes
français. Des personnalités et non des moindres y ont un pied à terre.
D'autres à l'instar de l'ex-président français Nicolas Sarkozy sont pris
en charge aux frais de la princesse avec comme contrepartie d'encenser
son bienfaiteur. Surtout lorsqu'il est question de le soutenir dans le
conflit qui l'oppose au Front Polisario. «Vous savez que la position de
la France a toujours été de soutenir la marocanité du Sahara occidental.
J'ai toujours pensé ça. J'étais moi-même pour la première fois à
Laâyoune en 1991. On aurait du mal à me convaincre de la nécessité d'une
République sahraouie dans une région du monde minée par le terrorisme.»
avait déclaré le 13 janvier 2016 celui qui a dirigé la France du 16 mai
2007 au 15 mai 2012. Le Maroc est prisé aussi par certaines stars de
l'Hexagone au point d'être intéressées par la nationalité de ce pays. Ce
ne sont pas des élucubrations. C'est la presse marocaine qui le
rapporte. «Certaines stars auraient contacté Jamel Debbouze et Gad El
Maleh (qui ont la double nationalité, Ndlr) afin de les conseiller, sur
les possibilités d'octroi de la nationalité marocaine.», rapporte le
site yabladi. Alors que la majorité des journalistes français encense le
trône marocain tout comme elle fait état d'une certaine bienveillance à
son égard lorsqu'il s'agit de la violation des droits de l'homme. Tout
comme ils ne se sont jamais émus lorsque l'emblème national a été
profané par un membre des Jeunesses royalistes, le jour où le peuple
algérien célébrait le 59e anniversaire du déclenchement de sa
Révolution. Il faut rappeler qu'ils ont aussi passé sous silence
l'affaire du jeune Islam Khoualed. âgé d'à peine 15 ans, en stage avec
l'Equipe nationale de voile, il avait été injustement condamné par le
tribunal des mineurs d'Agadir, à une peine d'un an de prison ferme, puis
incarcéré dans le centre de détention pour mineurs de la même ville
après une simple altercation avec un jeune Marocain... Que dire de la
question des prisonniers sahraouis injustement condamnés qui croupissent
dans les geôles du royaume qui n'a pas trouvé grâce à leurs yeux. Il faut cependant relever que les choses ont changé depuis que Al Hoceima une ville de la côte nord-est du royaume vit un climat insurrectionnel larvé. Un jeune poissonnier, Mouhcine Fikri, y a été broyé par une benne à ordures, au mois d'octobre 2016, sous le regard de policiers qui lui ont saisi sa marchandise qu'il a vainement tenté de sauver. Ses habitants n'ont pas décoléré. Les manifestations y sont cycliques depuis que les leaders du Hirak, mouvement de contestation sociale du Rif, ont été jetés en prison. La situation est explosive dans cette région rebelle qui porte en elle les séquelles des violences du régime de Hassan II. Depuis plus d'un mois et demi le Maroc s'est enflammé à son flanc nord. Jerada une ancienne ville minière est en ébullition depuis que deux frères piégés dans une galerie désaffectée d'extraction de charbon, ont péri. La presse de l'Hexagone, réputée de ne pas jeter de l'huile sur le feu lorsque la grogne sociale s'empare du royaume, n'a pu taire ces événements dramatiques. Les rédactions des quotidiens parisiens les plus en vue, Le Monde, Le Parisien, Libération... se sont mobilisées pour largement les couvrir. Les plumes ont redoublé d'ardeur au point de faire ressurgir les moments les plus douloureux que vivent les populations des régions déshéritées du royaume. Les «manifestations de la soif» contre des coupures d'eau récurrentes à Zagora, dans le Sud désertique, en octobre 2017 refont surface. Les manifestations de 2007 contre la hausse des prix des produits alimentaires de base ont secoué Sefrou (centre) sont ressuscitées.
Entre 2005 et 2009, Sidi Ifni (sud) et Bouarfa (est) furent le siège de mouvements populaires contre le sous-développement. Sur fond de malaise social, Taza (centre) a connu des manifestations similaires en 2012 peut-on lire sur le site du magazine Le Point. Les «gueules noires» ont incontestablement secoué le cocotier...
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