Finalement,
le projet de construction d’un centre d’accueil à Béni-Nsar, proposé
par le gouvernement local de Mellilia pour y envoyer les clandestins
marocains mineurs non accompagnés, ne semble pas prendre du chemin.
C’est
une information fournie par des sources locales. La ville de Béni-Nsar
ne pourra pas accueillir un centre d’accueil pour des migrants marocains
mineurs en situation irrégulière à Mellilia. Pour répondre aux
problèmes posés par l’arrivée de ces mineurs clandestins, le
gouvernement local de Mellilia a fait cette proposition, en janvier
dernier. L’Espagne s’est dit prête à financer ce projet à hauteur de 8
millions d’euros. Mais aux dernières nouvelles, l’idée ne semble pas
prendre du chemin. Des sources bien informées ont déclaré au Reporter
que ce sujet, qui a été à l’ordre du jour de la session d’avril du
Conseil communal de Béni-Nsar, a été rejeté à l’unanimité.
Cette
décision n’a pas manqué de susciter la satisfaction des associations
locales et des défenseurs des droits des migrants. «C’est une grande
victoire», s’est exclamé Aziz Kattouf, de l’AMDH-Nador. «L’Association
s’est opposée fermement au projet de ce centre dès son annonce par les
autorités espagnoles. On a tout fait pour éviter la construction de ce
centre», a-t-il souligné. Pour l’AMDH-Nador, le projet n’est qu’une
manœuvre de la part des autorités espagnoles pour se débarrasser de ce
dossier et renvoyer ces enfants vers le Maroc, ce qui va à l’encontre
des lois et conventions internationales en vigueur.
A
l’AMDH-Nador, on qualifie la situation de ces mineurs à Nador et à
Béni-Nsar de très inquiétante. Depuis plusieurs années, le phénomène ne
fait qu’empirer dans ces deux villes qui voient arriver des centaines de
clandestins mineurs des quatre coins du pays, pour tenter de passer
clandestinement à l’autre rive de la Méditerranée.
A
Nador, il est fréquent de voir des petits groupes d’enfants errer dans
les rues. On les croise aussi sur la route reliant cette ville à Béni
–Nsar, petite cité limitrophe de l’enclave de Mellilia. Ils essaient de
passer dissimulés dans des camions de marchandises ou dans des autocars à
destination de cette dernière.
«Actuellement,
ils sont des dizaines de mineurs marocains à déambuler dans les rues de
Nador. Ils dorment à même le sol, pratiquent la mendicité et consomment
toutes sortes de drogues. Ils attendent l’occasion de passer
clandestinement en Europe, via Mellilia et Béni-Nsar», a expliqué Aziz
Kattouf, membre de l’AMDH-Nador.
Combien de mineurs clandestins restent-ils bloqués à Nador?
«Plus
de 600 mineurs clandestins marocains attendent, aujourd’hui à Nador, le
moment de passage à l’autre rive. Ils vivent dans les rues de Nador
dans des conditions très difficiles. Les élus et les autorités font
semblant de ne rien voir», a précisé l’associatif Aziz Kattouf, avant
d’ajouter: «Chaque mineur a une histoire derrière lui et un parcours
particulier. Mais le point commun à eux tous, c’est leurs extrêmes
pauvreté et précarité ».
Selon
des associations locales, plusieurs centaines de mineurs marocains sont
déjà arrivés en Europe. Parvenus à Mellilia, Ils sont mis dans un
centre d’accueil qui leur est dédié. A fin décembre 2017, le centre
d’accueil à Mellilia abritait 550 mineurs marocains. Le décès, cette
année, d’un mineur dans ce centre pose beaucoup de questions sur les
conditions de vie de ces mineurs marocains, s’indignent des associations
locales. Ces enfants sont régulièrement reconduits à la frontière de
Mellilia, sans aucune procédure. En 2017, rappelons-le, l’ONU a demandé
au gouvernement espagnol de cesser les refoulements à chaud de mineurs
depuis les deux enclaves.
Naîma Cherii
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