Source : LesInfos.ma
09/07/2018
Pendant que des milliers de sympathisants et militants des libertés individuelles ont battu le pavé ce dimanche 8 juillet à Casablanca pour dénoncer la sévérité des jugements prononcés à l'encontre des membres du Hirak, les condamnés se sont finalement laissés convaincre de faire appel.
La pression ne retombe pas ! Et si le tollé général sur les réseaux
sociaux semble s'être un brin essoufflé, il n'en est rien de la rue qui
continue de gronder ! Ce dimanche à Casablanca, ils étaient des milliers
– familles des détenus, associations, militants des droits de l'homme
et libertés individuelles, et citoyens solidaires - à marcher pour
protester à nouveau contre la sévérité des condamnations prononcées à
l'égard des membres du Hirak du Rif.
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Victimes de la « hogra »
Les lourdes peines, s'échelonnant de un an avec sursis à 20 ans de
prison ferme, étaient comparées dans les rues de la ville blanche à
« des mises à mort » des accusés autant que celle de la justice
marocaine. La société civile fortement mobilisée a rapidement dénoncer
ce procès estimé inique, évoquant les heures sombres de l'histoire
marocaine.
Dans les rues de Casablanca, les manifestants ont scandé et souligné
que les membres du Hirak avaient majoritairement des revendications
économiques et sociales ; que leurs crimes étaient de pointer un doigt
accusateur sur les manquements, les dangers de l'économie de la rente et
la corruption qui gangrènent le Rif. Parmi les milliers de
manifestants, des personnalités de la scène politique ont également pris
part à cette marche pacifique, adhérant aux messages et appels à
libérer les accusés du Hirak. Mustapha Brahma, secrétaire national du
parti Annahj Addimocrati, Abderrahman Benamrou, à la tête du PASDS et
Nabila Mounib, secrétaire général du PSU se trouvaient dans le cortège.
Nabila Mounib y avait par ailleurs revendiqué à nouveau l'annulation du
verdict formulé à l'encontre des détenus du Hirak, précisant que ces
derniers sont, selon elle, victimes de la « hogra » et de la
« prolifération de l'économie de la rente », indiquent nos confrères du
Huffpost.
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Procès en appel et grève de la faim
Ce mouvement de solidarité survient alors même qu'un tournant s'opère
dans ce procès qui déchaîne les passions. Si les familles des détenus se
sont particulièrement mobilisées pour manifester dans la rue, elles ont
également fortement influencés les accusés, les poussant à faire appel
de leur jugement. Ainsi, 52 des 53 condamnés du Hirak, jugés le 26 juin
dernier par la Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Casablanca, se
sont laissés convaincre de faire appel de cette condamnation. Parmi
eux, le leader charismatique du Hirak, Nasser Zefzafi. Un revirement
pour cet homme dont l'entourage avait annoncé au préalable qu'il ne
ferait pas appel ni ne réclamerait de grâce royale. Face à la sévérité
des peines, la défense des accusés à fortement appuyer cette initiative
d'appel, accepté par la majorité des détenus. Seul l'un des accusé,
Rabie El Ablaq, condamné à cinq ans de prison ferme, a refusé cette
option. Contributeur au site Badil.info durant les événements qui ont
secoué le Rif, cet accusé a entamé une nouvelle grève de la faim qui lui
a valu une hospitalisation, précisent des sources judiciaires.
Aux côtés des nombreuses banderoles agitées durant la marche de
dimanche, certaines appelaient à la solidarité avec Rabie El Ablaq, qui
menait d'ores et déjà une grève de la faim depuis 41 jours. Les détenus
et leur entourage ne semblent pas accepter le sort que leur a réservé la
justice ce mardi 26 juin. Une nouvelle marche est d'ores et déjà
annoncée dimanche prochain dans la capitale, à l'appel des accusés,
représentés par leurs proches...
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