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lundi 19 novembre 2018

France-Maroc, une ligne à haute tension




Par et ALI AMAR (LE DESK)
Le roi du Maroc et le président français ont inauguré jeudi 15 novembre le premier TGV d’Afrique qui relie en deux heures Tanger à Casablanca. Derrière cette inauguration, les liens sacrés entre la France et le Maroc qui ne doivent souffrir d’aucune tension sur la ligne.

Onze ans après l’accord franco-marocain conclu sous l'égide de Nicolas Sarkozy, et huit ans après la signature définitive du contrat, le TGV marocain, le premier du genre sur le continent africain, a été inauguré à Tanger jeudi 15 novembre par Mohammed VI et Emmanuel Macron, venu pour une visite de travail de quelques heures. Un projet budgétivore (près de deux milliards d’euros, auquel la France a contribué pour moitié), dont la viabilité économique est contestée, mais voulu avant tout comme une nouvelle vitrine de l’axe Paris-Rabat et un argument pour l'industrie ferroviaire tricolore qui peine à trouver des débouchés à l'export.  
Jusqu'à présent, il fallait près de cinq heures pour rallier en train la pointe nord du pays, Tanger, à la capitale économique au nord-ouest, Casablanca, sans compter les retards occasionnés par un fonctionnement en voie unique et d’incessantes pannes techniques souvent dénoncées par les usagers. Ce temps de parcours va être réduit à 2 h 10 grâce aux 200 kilomètres de ligne à grande vitesse construits entre Tanger et Kenitra, et au triplement des voies entre Kenitra et Casablanca pour améliorer la fluidité du trafic. Il sera désormais possible de faire l'aller-retour en une journée, ce qui n'était auparavant envisageable qu'en avion. La date du démarrage de l'exploitation commerciale est prévue fin novembre. 
Sur la portion de voie dédiée, les douze rames construites par Alstom circuleront à grande vitesse. L’ONCF, l’office des chemins de fer marocain, prévoit une fréquence d'un train par heure, et dans un proche avenir, un train par demi-heure. L'objectif à terme est de 6 millions de passagers par an. Mais les interrogations demeurent autour de ce super TGV, notamment pour ce qui est de son accessibilité tarifaire dans un pays marqué par la pauvreté, les inégalités sociales et territoriales. Ce projet a été largement financé par la France (51 %) : Alstom pour les douze rames Avelia Euroduplex, Cegelec pour les sous-stations électriques, un consortium Colas Rail/Egis Rail pour les voies et les caténaires, la SNCF pour l’assistance à la maîtrise d’ouvrage auprès de l’exploitant ONCF (Office national des chemins de fer marocains), Ansaldo STS France et Ineo pour la signalisation et la télécommunication. 
Le président français, entouré d’une délégation resserrée, est arrivé au pas de course dans la ville du détroit, rebaptisée Tanger Métropole depuis que le roi du Maroc y a lancé de grands projets d’infrastructures pour en faire le second pôle économique du royaume, dont le fleuron industriel est l’usine Renault, une des plus grandes du groupe automobile à l’étranger, adossée à l’imposant port de Tanger-Med.  

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