La 43e Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le
peuple sahraoui (Eucoco 2018), dont les travaux ont pris fin samedi soir
à Madrid, a confirmé une nouvelle fois que la société civile en Europe
se sent très concernée par la cause sahraouie.
Mieux encore, elle est activement engagée dans la défense du droit du
peuple sahraoui à l’autodétermination et dans le soutien du Front
Polisario dans sa lutte pour la liberté. Et la preuve a été donnée
samedi après-midi par l’imposante marche organisée dans les rues de
Madrid par la société civile et la classe politique espagnoles.
La marche, qui s’est ébranlée dans une atmosphère bon enfant non loin
de la Gare d’Atocha, s’est terminée par un gigantesque rassemblement à
la place Mayor où des milliers de personnes (près de 10 000 selon la
police espagnole) ont appelé à la décolonisation et à l’indépendance du
Sahara occidental, et réclamer au gouvernement espagnol «l’annulation»
de la déclaration de Madrid signée en 1975, ayant permis l’invasion par
le Maroc des territoires sahraouis. «Pacte illégal», «Espagne
responsable, le Maroc coupable», étaient certains des slogans scandés
lors de cette manifestation, initiée en marge de la 43e édition de la
Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple
sahraoui.
Cette manifestation a été, en outre, mise à profit pour réclamer le
droit légitime à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et
appeler à la «libération des nombreux militants politiques du groupe
Gdeim Izik embastillés dans les geôles moyenâgeuses du makhzen». Des
geôles où, indiquent les ONG de défense des droits de l’homme, ils sont
régulièrement torturés.
Mobilisation imposante
Cette manifestation qui s’est dispersée dans le calme a, selon des
participants aux travaux de l’Eucoco, «révélé un écart abyssal entre le
regard porté par la société civile européenne sur le conflit du Sahara
occidental et celui de certains pouvoirs européens qui, comme ceux de la
France ou de l’Espagne, n’hésitent pas à cautionner et à encourager
même la colonisation du Sahara occidental et le pillage des ressources
naturelles des Sahraouis».
«Ces deux pays ferment également les yeux sur les violations massives
des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et
empêchent l’application de décisions de la Cour européenne de justice
favorables au Front Polisario», ajoutent-ils. Ce n’est pas du tout faux.
Pas plus tard que vendredi, les autorités espagnoles n’ont pas
hésité, pour plaire au Maroc, à faire annuler une rencontre de
parlementaires favorables à la cause sahraouie prévue dans l’enceinte de
l’Assemblée espagnole.
Un député de Podemos a qualifié l’injonction de l’Exécutif de
«précédent grave» avant de révéler des «tentatives répétées du pouvoir
espagnol de casser le mouvement de solidarité qui s’exprime en faveur
des Sahraouis».
Eu égard à ce constat, les 375 participants à la 43e édition de
l’Eucoco ont réitéré la nécessité de renforcer les liens entre le
mouvement de solidarité et les différents intergroupes parlementaires
afin de défendre la cause du peuple sahraoui et «encourager les
rencontres et les actions internationales pour contrer la tentative
d’inclusion du Sahara occidental dans le champ d’application des accords
commerciaux UE-Maroc».
Ainsi, ont-ils souligné, dans leur résolution finale, l’impérieuse
nécessité «de sensibiliser, tant au niveau européen, national, régional
que local, les élus sur ce qui constitue une violation du droit
international et communautaire».
L’UE viole ses lois et sa justice
C’est le 3 décembre prochain que le Parlement européen doit se
prononcer sur ces accords commerciaux UE-Maroc amendés. Et les
participants à l’Eucoco ont averti que si l’accord proposé par la
Commission est adopté par le Parlement européen, il conviendra de «mener
une campagne de dénonciation, si possible avec des ONG
internationales».
A la même occasion, ils ont déploré une nouvelle fois la volonté du
Conseil européen et de la Commission européenne de contourner et même de
violer gravement le droit européen en voulant inclure le Sahara
occidental occupé dans le champ d’application d’accords commerciaux
signés entre l’UE et le Maroc.
En revanche, ils ont fortement encouragé le Parlement européen à se
ranger du côté du droit international et européen en votant à l’encontre
des amendements proposés par la Commission européenne. Dans tous les
cas, les participants à l’Eucoco 2018 – auxquels ont prêté main forte de
nombreux représentants de pays et d’ONG africains et d’Amérique latine –
ont promis qu’ils ne déposeront les armes que lorsque que le peuple du
Sahara occidental aura recouvré sa liberté et son indépendance.
Le soutien de l’Eucoco aux Sahraouis est important, surtout qu’il
intervient à la veille de la reprise à Genève des négociations entre le
Front Polisario et le Maroc.
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