Ce jeudi 10 janvier 2019, en
l’absence de la justice et du droit, Pierre et Kévin ont été condamnés
pour ASSISTANCE à PERSONNE EN DANGER.
La stupéfaction nous a saisi lorsque le tribunal refuse les demandes
de renvoi des avocats. Dès lors nous avons compris que ce procès
n’était en fait qu’un procès politique pour condamner l’engagement
militant et humaniste de ces deux solidaires. Pourtant les demandes de
renvoi étaient parfaitement justifiées et Maître Chaudon nous confiera
« qu’il n’a jamais vu ça ». Et oui, ici dans les Hautes-Alpes, il se
passe des choses extraordinaires.
Maître
Chaudon, avocat de Pierre, exprime sa difficulté à explorer et analyser
sérieusement le dossier de plusieurs centaines de pages (contenant
entre autre fadaises : relevés gps et tutti quanti…) alors qu’ il ne l’a
reçu que le 27 décembre. Il ajoute qu’il détient des pièces capitales à
joindre au dossier : les rushs du film tourné par les journalistes qui
accompagnait Pierre ce soir là que l’instruction ne s’est même pas
préoccupée de demander.
Pour
Maître Binimelis, avocate de Kévin, la demande de renvoi se justifiait
tout simplement parce qu’elle n’avait pas reçu le dossier de son
client. La procureur d’expliquer que oui ce dossier avait bien été
envoyé par lettre recommandée tardivement parce que le fax du tribunal,
malgré 4 essais, ne marchait pas, et que même par mail, c’était
impossible, “vous savez les moyens de la justice” … Nous ne savons pas
où est passé le soi-disant recommandé puisque Maître Binimélis n’a
jamais reçu…
Qu’à cela ne tienne, le parquet
de Gap a décidé que ce procès devait se tenir, il se tiendra : droit de
la défense bafouée, on se croirait dans un film de Costa Gavras…
Pierre
est appelé à la barre. La juge nous fait la lecture du rapport de la
police qui est en parfaite inadéquation avec les images que nous avons
pu voir sur la 7 ( télé italienne qui était présente ce soir la) vous
pouvez les voir ici http://www.la7.it/piazzapulita/video/bardonecchia-il-viaggio-dei-migranti-nella-neve-11-01-2018-231246
Regardez
ces images, on y voit Pierre à partir de la 6eme minute distribuer du
thé des gâteaux, des gants. La police arrive, contrôle d’identité,
lorsqu’une exilée fait un malaise. Pierre la transporte dans la voiture
de la police et demande aux agents des force de l’ordre d’appeler les
secours.
Pour
justifier interpellation de Pierre, et sa convocation devant le
tribunal, la police ment et l’accuse d’avoir fait fuir deux autres
personnes. Ainsi donc la police mentirait… alors en plus de malmener les
exilés, de les mettre en danger à la frontière, de les frapper, de les
voler, la police est aussi coupable de faux témoignages ?
Et voilà pourquoi Pierre se retrouve à la barre : parce qu’il a porté assistance à une personne en danger !
Fermez le ban et vive la République…
Devant
cette mascarade, Kévin va user de son droit au silence, et son avocat ne
plaidera pas un dossier qu’elle n’a pas pu étudier.
Plusieurs
personnes présentes dans la salle expriment alors leur colère, un
médecin très connu dans le briançonnais part en claquant la porte du
tribunal.
Nous
sommes atterrés, révoltés, nous savons ce qu’il se passe à la
frontière, nous avons signalé à Mr le Procureur de Gap les
maltraitances, les tabassages, les vols, les propos racistes et
xénophobes, les dénis de droit et d’humanité, la mise en danger
quotidienne subis par les exilé-e-s, la traque dans la montagne avec des
chiens…
NOUS SOMMES ATTERRÉS PARCE QUE
NOUS SAVONS QUE PIERRE, KEVIN ET TOUS LES AUTRES MARAUDEURS SAUVENT DES
VIES, ET QUE CES VIES ONT UNE VALEUR INFINIMENT PLUS IMPORTANTE QU’UNE
QUELCONQUE FRONTIÈRE !
Le verdict tombe dans l’après midi.
Pierre est condamné à trois de prison avec sursis.
Kévin est condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Pendant ce
temps là, deux ministres, M. Blanquer et Lecornu se baladaient dans les
Hautes-Alpes en compagnie des élus et du député Joël Giraud , dans la
plus parfaite indifférence du drame qui se joue à Montgenèvre, à la
frontière franco italienne.
Agnès Antoine
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