Les centres de rétention ont été « utilisés à plein régime » l’an
dernier, avec « une détérioration des droits » des étrangers enfermés,
dénoncent six associations dans un rapport.
« La France demeure le pays européen qui a le plus recours à l’enfermement des personnes étrangères en vue de les éloigner. » Les centres de rétention ont ainsi été « utilisés à plein régime » l’an dernier, avec « une détérioration des droits »
des étrangers enfermés dans l’attente de leur éventuelle expulsion,
dénoncent plusieurs associations dans un rapport publié mardi 4 juin.
« L’année
2018 a été marquée par une utilisation importante de l’enfermement des
personnes étrangères en centres de rétention administrative » (CRA), observent, dans leur rapport annuel,
les six associations habilitées à intervenir dans ces CRA. L’an dernier
45 851 personnes ont été placées en rétention (dont 26 614 en
métropole), contre 46 800 en 2017, soulignent-elles, tout en dénonçant
un « usage quasi systématique de la rétention par de nombreuses préfectures ».
Le gouvernement a décidé l’an dernier « d’accroître très fortement la capacité de ces lieux de privation de liberté », avec 480 places supplémentaires en métropole (portées à 1 549). Un tel développement « n’avait plus été constaté depuis plus d’une décennie », déplorent la Cimade, l’Ordre de Malte, France Terre d’Asile, Assfam-Groupe SOS, ForumRéfugiés-Cosi et Solidarité Mayotte.
« Conséquences graves » pour les personnes enfermées
De plus, « les préfets ont reçu pour instruction de remplir davantage les CRA », et
« cet usage intensif de la rétention s’est encore accentué au second
semestre et a généré des conséquences graves pour les personnes
enfermées », selon le rapport.
En effet,
« la grande promiscuité, conjuguée à l’enfermement de personnes en
grande précarité ou affectées de troubles psychologiques pour certaines,
ont abouti à des tensions très fortes », ajoute-t-il.
La durée moyenne de rétention a « sensiblement » augmenté l’an dernier à 14,6 jours. Mais « le nombre de personnes enfermées durant plus de trente jours a explosé, passant de 2 468 en 2016 à 4 432 en 2018 », ajoute le rapport. Les associations redoutent une aggravation de cette tendance en 2019 avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier,
de la loi sur l’asile et l’immigration, qui a doublé de quarante-cinq à
quatre-vingt-dix jours la durée maximale de la rétention.
Par ailleurs, l’année 2018 a été « à nouveau marquée par un nombre élevé de familles avec enfants enfermées en rétention » : 1 221 enfants
à Mayotte, et 114 familles comptant 208 enfants en métropole, ajoute le
rapport. La rétention des mineurs avait créé des tensions jusque dans
la majorité lors de l’examen du controversé projet de loi sur l’asile et
l’immigration.
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