JfD. Protectorat et indépendance
Le
royaume du Maroc est encore sous protectorat de la France. Sa dépendance
s’est même étendue depuis quelques décennies à l’aide israélienne,
notamment militaire et à l’aide des pays du golfe, notamment financière.
Trahison puis allégeance n’étant pas incompatibles aux demandeurs d’une
protection !*
Les anciennes colonies françaises ont combattu
pour acquérir leur indépendance dans des guerres meurtrières. Les
anciens protectorats n’ont pas été aussi loin dans leur lutte et sont
restés plus ou moins attaché à leurs « protecteurs ». Ce protectorat de
fait, mais jamais nommément cité, permet à la France de poursuivre sa
politique « France-Afrique ».
Le pouvoir marocain se satisfait
de cet état au point de proposer depuis des années aux « territoires du
Sud » un plan d’autonomie sous autorité chérifienne, là encore une forme
de protectorat, déclinaison du principe des poupées russes, qui a bien
sûr l’aval de la France. Demeurer protecteur d’un protecteur permet de
garder dans l’ombre une main paternaliste et dirigeante sur la
situation.
C’est pourquoi les Sahraouis souhaitent un référendum
d’autodétermination dont le résultat permettrait une réelle
indépendance. Une indépendance proposée par l’ONU dans le cadre de la
décolonisation. Il ne faut donc pas confondre plan d’autonomie marocain
et référendum d’autodétermination proposé par l’ONU. En tant que membre
permanent du conseil de sécurité la France devrait logiquement soutenir
cette option onusienne. Elle tient en fait un double discours de
confusion : Celui de soutenir le plan d’autonomie marocain et d’autre
part de s’en remettre aux décisions de l’ONU, décisions qu’elle sape à
la fois par un lobbying diplomatique et en s’opposant par veto ou
abstention aux décisions du conseil de sécurité qui ne peuvent
s’appliquer qu’à la majorité absolue.
L’interdépendance de tous
les pays est aujourd’hui plus que jamais une réalité, la mondialisation
l’atteste. L’absence de ressources ou le sacrifice de certaines d’entre
elles dans le deal des accords internationaux met en place une
dépendance économique dont les crises environnementales et sanitaires
montrent les limites. Et la frontière reste ténue entre dépendance
économique et dépendance géostratégique, voire politique.
Les
ressources en matières premières du Sahara Occidental (Phosphate et
pétrole off-shore), ses ressources halieutiques et agricoles, - dont le
pillage condamné par la justice internationale continue malgré tout -,
limite la dépendance marocaine en cas de plan d’autonomisation, pas en
cas de référendum d’autodétermination favorable au peuple sahraoui. Le
makhzen est tiraillé entre deux contradictions qui lui permettraient de
demeurer une puissance, son expansionnisme délirant (l’ayant conduit à
revendiquer la Mauritanie, une partie du Sénégal et de l’Algérie, le
Sahara Occidental) et sa dépendance d’ancien protectorat.
L’objectif
du pouvoir marocain était de passer d’un état de colonialisme occupant
le territoire du Sahara Occidental condamné mais hypocritement admis par
les instances internationales à un état de protectorat lui garantissant
« le timbre et le drapeau » (dixit Hassan II), c’est-à-dire excluant
toute réelle autonomie interne.
L’époque où le Maroc, comme le
disait Hassan II, était dans une position confortable et n’était pas
pressé : « Le Maroc n’est pas assis sur une baïonnette mais sur un
rocking chair » (Hassan II) semble révolue.
Depuis des années le
Maroc, soutenu par la France, fait obstruction au calendrier
international du processus de décolonisation et « grignote » jusqu’aux
accords qu’il a signés. La brèche de Guerguerat aura été, dix années
après Gdeim Izik, l’ultime provocation d’une politique coloniale
actuelle ou d’un protectorat souhaité de la part du Maroc.
La
France ne retrouvera pas sa dignité, depuis longtemps perdue avec son
image effacée de nation défendant les Droits Humains. On peut juste
espérer qu’elle puisse enfin respecter le Droit.
En reprenant
les armes, le peuple sahraoui continue d’affirmer son désir
d’indépendance, sachant pour l’avoir déjà vécu dans sa chair à quels
sacrifices il lui faudra consentir.
Jean-François Debargue
Le 18 novembre 2020
*Trahison d’Hassan II envers la ligue arabe permettant à Israël d’être prévenu de la guerre des 6 jours.
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