Mars, Nestlé ou encore Mondelez figurent parmi les sept multinationales mises en cause par huit ex-travailleurs illégaux pour « complicité de travail forcé » sur des plantations ivoiriennes de cacao.
Le jeune Malien avait 11 ans lorsqu’un homme l’a approché
chez lui, à Kouroussandougou. L’enfant, aujourd’hui un jeune adulte dont
l’identité n’a pas été dévoilée, s’est laissé convaincre de fuir la
misère familiale pour filer dans une plantation de cacao en Côte
d’Ivoire. Les recruteurs
lui promettaient 25 000 francs CFA, soit 38 € par mois. Il n’en a jamais vu la couleur.
Durant deux ans, il a travaillé sans toucher un centime,
affirme International Rights Advocates (IRAdvocates). Vendredi
12 février 2021, l’ONG de défense des droits humains a saisi la justice
américaine au nom de ce gamin et de sept autres Maliens, ex-enfants
esclaves. Ils accusent de complicité présumée de travail forcé
les industriels du chocolat Mars, Nestlé, Cargill, Barry Callebaut, Olam, Hershey et Mondelez.
Du cacao bon marché récolté par des enfants esclaves
Les
plantations ivoiriennes dans lesquelles les plaignants disent avoir été
exploités n’appartiennent pas à ces multinationales. Mais pour Terry
Collingsworth, directeur d’IRAdvocates, elles ont fermé les yeux en y tirant profit de la vente de cacao bon marché récolté par des enfants esclaves
. Et elles continuent de tirer les prix
si bas qu’ils ne permettent pas aux producteurs de verser des salaires à des adultes
.
Au travail quatorze heures par jour et nourris de restes
Les
plaignants racontent avoir trimé gratuitement jusqu’à quatorze heures
par jour, le plus souvent nourris de restes. Leur calvaire a duré deux à
quatre ans, avant qu’ils ne parviennent à s’enfuir. C’est aussi pour
ceux n’ont pas eu cette chance qu’ils veulent un procès. En 2018
et 2019, selon une étude publiée en octobre par l’institut de recherche indépendant NORC (Chicago), 790 000 enfants de 5 à 17 ans ont été employés illégalement pour cette production en Côte d’Ivoire
. Le pays fournit 45 % du cacao mondial.
Selon NORC, 95 % des mineurs ont aussi manié outils tranchants et produits chimiques
. Un des plaignants dit avoir pulvérisé des pesticides, sans protection. Un autre a les bras couverts de cicatrices dues à des accidents de machettes
.
En 2001, les industriels s’étaient pourtant engagés, via le
protocole Harkin-Engel, à éradiquer le travail des enfants d’ici 2005…
Promesse repoussée à 2025 par la Fondation mondiale du cacao, à laquelle
appartiennent les sept groupes mis en cause. Réagissant à la plainte,
tous ont affirmé dans des communiqués, ce week-end, avoir déjà mis en
place des actions contre le travail des mineurs. Nous sommes résolus à y mettre fin
, écrit Nestlé.
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