Francisco Carrión, El Independiente, 26/12/2024
Traduit
par Tafsut Aït Baâmrane,
Tlaxcala
Avec à peine quatre ans d’existence, le « Mouvement Sahraouis pour la paix » cherche à expulser le Front Polisario de l’Internationale socialiste et à obtenir sa propre inclusion dans l’organisation avec le soutien du PSOE et des socialistes marocains de l’USFP. C’est une aspiration que son secrétaire général, Hach Ahmed Bericalla , estime se rapprocher après la dernière réunion de l’Internationale qui s’est tenue le week-end dernier à Rabat.
« Lors de son récent conseil à Rabat, l’Internationale socialiste a fait un pas de plus vers l’incorporation du Mouvement Sahraouis pour la paix (MSP) en tant que membre observateur. La demande formulée en mars 2023 a été examinée par le comité d’éthique de l’IS. A Istanbul aura lieu la première [sic] », indique Ahmed Bericalla sur son compte X, anciennement Twitter.
L’organisation d’Ahmed Bericalla, qui depuis sa naissance en 2020 a organisé des réunions auxquelles ont participé des leaders historiques du PSOE comme José Luis Rodríguez Zapatero et José Bono, est une organisation opposée au Front Polisario, qui prône l’acceptation de l’autonomie promue par le régime marocain et le renoncement au droit à l’autodétermination reconnu par l’ONU.
En juin 2022, une fuite d’un rapport du Centre national de renseignement (CNI) espagnol désignait le Mouvement comme l’une des organisations travaillant avec la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services de renseignement marocains. Ahmed Bericalla a démenti cette accusation à plusieurs reprises. « Je n’ai jamais mis les pieds au Maroc [il vit en Espagne, NdlT]. Les accusations du Polisario sont un cliché qu’ils utilisent toujours contre les dissidents », a-t-il dénoncé dans une interview accordée à notre journal plusieurs mois après la publication du rapport.
Chasser le Polisario
L’objectif avoué de l’organisation est d’évincer le Polisario qui, pour l’instant, continue à figurer sur la liste des partis membres consultatifs de l’Internationale socialiste, mais n’a pas été invité aux dernières réunions qui se sont tenues à Madrid et à Rabat. L’Union socialiste des forces populaires (USFP), les socialistes marocains, travaille sur la stratégie. Ils cherchent à saper la participation du Polisario et à favoriser l’adhésion d’une organisation rivale, le Mouvement Sahraouis pour la paix (MSP), à l’Internationale.
Le parti, qui n’a pas de base réelle, a été créé en avril 2020 par Ahmed Bericalla, un membre historique du Polisario qui s’est dissocié de la formation qui a monopolisé la vie des Sahraouis depuis 1973. Sur son site internet, l’Internationale socialiste continue cependant de reproduire sa position historique de soutien indéfectible au Polisario et à sa demande d’un référendum d’autodétermination pour résoudre le conflit dans l’ancienne colonie espagnole, dernier territoire à décoloniser d’Afrique.
Ainsi, l’Internationale a établi en 2016 son soutien à « une solution pacifique et durable au Sahara occidental, comme demandé par le Conseil de sécurité et les résolutions pertinentes de l’ONU ». « Le Conseil de l’Internationale socialiste appelle le Secrétaire général de l’ONU et son Envoyé spécial à poursuivre leurs efforts pour parvenir à une solution mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple sahraoui », ajoute le communiqué, l’un des dizaines de documents qui exposent depuis des décennies la position de l’Internationale socialiste. Le site ouèbe de l’Internationale socialiste continue de reconnaître les frontières du Sahara occidental et le Polisario comme son interlocuteur.
Le mouvement qui aspire aujourd’hui à rejoindre l’Internationale socialiste a déposé une demande d’adhésion fin février 2023 à travers des lettres envoyées à la secrétaire générale de l’Internationale socialiste de l’époque, Benedicta Lasi, et à l’actuel président de l’Internationale socialiste, Pedro Sánchez. Selon la presse marocaine, qui suit de près les démarches du mouvement, l’organisation considère comme « un objectif stratégique d’adhérer à l’Internationale socialiste car elle est convaincue que ce sont les tendances politiques et idéologiques dans lesquelles la nouvelle force politique sahraouie, formée en avril 2020, est compatible avec la majorité des organisations et des partis politiques regroupés dans l’Internationale socialiste, qui compte plus de 130 organisations ».
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