Malik Ben Salem, Courrier International, 7/8/2025
Après
les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 et à mesure que la guerre
lancée par l’État hébreu dans la bande de Gaza s’éternise, des milliers
d’Israéliens font le choix de partir. Alors que les motivations et les
destinations divergent, le Maroc apparaît pour nombre d’entre eux comme
une option intéressante.
Selon
des statistiques récentes, 60 000 Israéliens ont quitté l’État hébreu
l’année dernière sans envisager d’y revenir, deux fois plus qu’en 2023, rapportait en mai le journal Israélien Ha’Aretz.
Les mêmes statistiques montrent que ce sont les personnes âgées entre
25 et 44 ans qui forment l’essentiel des partants, tandis que près de
40 % des Israéliens restants envisageraient sérieusement l’option du
départ.
Le site d’information israélien Ynet (du groupe Yediot Aharonot), affirme
que de plus en plus d’Israéliens choisissent le Maroc comme nouvelle
destination, particulièrement ceux d’origine marocaine. C’est notamment
le cas de Neta Hazan, 39 ans, qui est allée encore plus loin en devenant
citoyenne marocaine, alors que son père, installé en Israël, avait
quitté le Maroc à l’âge de 4 ans. Selon Ynet,
les profils des exilés sont très variés et le mouvement n’est pas du
tout organisé. Ainsi, ils seraient entrepreneurs, artistes, comédiens ou
universitaires, “issus de milieux sociaux et politiques variés”. Si certains naviguent entre Israël et le Maroc, d’autres s’y établissent définitivement. Ynet rappelle
qu’avant la création de l’État d’Israël en 1948, 270 000 Juifs vivaient
au Maroc, mais qu’aujourd’hui il n’en reste que quelques milliers. La
majorité a émigré vers des pays occidentaux ou Israël.
De son côté, le site d’information marocain Bladi indique que ce retour d’Israéliens d’origine marocaine a commencé “plusieurs années avant les accords d’Abraham, entrés en vigueur en décembre 2020”. La première vague était celle de gens fuyant la justice israélienne, profitant d’une “faille juridique leur permettant d’éviter la prison en raison de leurs origines marocaines”. La promesse d’un avenir meilleur en Israël
Pour le site d’information panarabe Middle East Eye,
si dans les années 1960 les Juifs ont massivement quitté le Maroc, ce
n’est pas par ce qu’ils ne s’y sentaient pas bien, mais parce qu’ils
avaient succombé à la promesse d’un avenir meilleur en Israël. Le Mossad
pilotait alors l’opération Yakhin qui avait pour objectif “d’accroître la population juive dans l’État d’Israël nouvellement proclamé”. Beaucoup
ont toutefois déchanté une fois en Israël et avaient le sentiment
d’être des citoyens de seconde zone dans un pays dominé par les Juifs
Ashkénazes, explique Middle East Eye. Les Juifs d’origine maghrébine étaient rassemblés dans des “quartiers arabes misérables”, et souffraient de pauvreté et de discrimination.
“Les Ashkénazes se considéraient comme supérieurs. Nous ne pouvions être que des citoyens de seconde zone”,
confie Fanny Mergui, 80 ans, une Casablancaise juive qui a quitté le
Maroc en 1961, mais qui est revenue finalement dans son pays d’origine.
Officialisée
en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, la normalisation
entre Israël et le Maroc avait marqué le point de départ d’une
intensification des relations diplomatiques. Mais au sein de la
population marocaine, une majorité est opposée à ces accords et
particulièrement depuis le début de la guerre lancée par Israël à Gaza.
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