Les évènements à Al Hoceima ont entrainé des débats houleux au sein de la
société marocaine, avec parfois des appels à la haine et à la violence. Cette
crispation est symptomatique d'un mal plus profond que nous tentons d'analyser.
Les noms d'oiseaux et les appels à la haine fusent, les drapeaux sont
brandis, les contre-manifestations s'organisent, les procès en traitrise
tombent sur les réseaux sociaux et dans la rue. Une forme de panique s'est
emparée des Marocains qui semblent découvrir que notre pays aussi peut
connaitre des mouvements sociaux et de contestation. Au lieu de prendre ce
phénomène avec appréhension mais aussi lucidité, certains font immédiatement
appel aux réflexes émotionnels les plus profonds pour créer de la réaction
forte, voire violente. Or ce mode de contre-attaque dès qu'un mouvement social
se durcit est une preuve de fébrilité plus que de solidité. Tous les pays
connaissent des flambées de violence sans pour autant tomber dans une
révolution du type Printemps arabe.
Cette perte de repères d'une partie de nos concitoyens entraine in fine des
réactions plus graves pour la stabilité du pays que les manifestations à Al
Hoceima. A trop jouer avec le diable en montant une partie des Marocains contre
les autres, à créer du ressentiment ethnique, à crier au complot dès qu'un
groupe de citoyens réclame des droits, un jour, les blessures seront tellement
profondes qu'il n'y aura plus personne pour cautériser la plaie.
Il y a urgence à retrouver le chemin de la raison. On ne peut balayer un
mouvement social né d'un drame (la mort de Mohcine Fikri) qui dure depuis plus
de 7 mois, en pointant opportunément la main de l'étranger.
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