samedi 2 décembre 2017

Hirak : En défense d’El Mortada Lamrachen, victime de l’impéritie du régime



Par Ali Amar 02.12.2017 le Desk n°244.

El Mortada Lamrachen, figure du Hirak rifain, a été condamné à cinq ans de prison ferme sur des accusations kafkaïennes. Le Desk avait démontré les tenants de cette vengeance d’Etat. Il faut aujourd’hui nous interroger sur cette justice d’abattage et exiger des comptes à nos gouvernants, pour notre bien commun

Résultat de recherche d'images pour "El Mortada Iamrachen"Je peux valablement dire que je connais l’homme, ses principes, son engagement, ses idées et ses valeurs pour l’avoir côtoyé des mois durant.
Oui, il a été salafiste par le passé, comme d’autres ont été gauchistes révolutionnaires et antimonarchistes, so what ? C’est leur passé, voire leur présent de militants pour des causes que la société marocaine et les événements du monde ont forgées dans l’esprit de nos concitoyens. Je ne partage pas certaines de leurs idées, l’islamisme en particulier, mais je salue pour beaucoup leur prise de conscience politique, alors que la majorité d’entre nous se complait dans sa zone de confort, aussi ténue soit-elle. Rasons les murs, abreuvons-nous du conservatisme ambiant, c’est là où réside toute notre défaite d’hommes vertébrés et supposément libres.
El Mortada n’a pas trente ans. Il a grandi à Al Hoceima, dans ce Rif martyrisé, dans un environnement où l’accès à une vie décente et au savoir est un combat de tous les jours, souvent perdu d’avance. Le roi en a constaté les plaies béantes avec le rapport Jettou, mais aussi des années auparavant, ayant pris pleine conscience de ce gâchis à son accession au trône lorsqu’il a entrepris à sa manière de briser l’enfermement de cette région, maudite par son père pour les raisons historiques que l’on sait. Il a cependant donné blanc-seing aux sécuritaires à l’aune de la crise sociale d’Al Hoceima, alors que tout démontre que leur gestion a été aussi pathétique, catastrophique que dangereuse.
J’ai, aux prémisses de la mise au pilori d’El Mortada, démontré que les accusations qui l’accablaient étaient fallacieuses, montées de toutes pièces par les tenants de la vengeance d’Etat et de leurs suppôts médiatiques. Ceux qui malmènent les figures du Hirak, ceux qui se jouent de leur vie, de leur engagement, ceux aussi et surtout qui en font un commerce détestable ont été épargnés, et même plus, ont gagné en galon en fustigeant la contestation.
La veille de son audience et de sa condamnation aussi choquante qu’inattendue pour terrorisme, El Mortada était mon hôte à domicile, affable et courtois comme à son habitude. Moi, le « moderne », mon verre de whisky à la main, lui « le barbu » sirotant son thé, nous avons, cette soirée, brièvement parlé du fracas du monde. Je parle de cette scène, non pas pour débattre de nos choix de vie en particulier, mais pour vous questionner justement sur ce que vous pensez de la modernité. 


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