Rosa Moussaoui, 14/2/2018
Humanite.fr
Me
Olfa Ouled et Me Ingrid Metton, qui défendent les détenus politiques
sahraouis de Gdeim Izik, ont été interpellées lundi à Casablanca, à leur
descente de l’avion.
Le
18 juillet 2017, au terme d’un procès aux allures de mascarade, ils
étaient condamnés par la Cour d’appel de Rabat à de lourdes peines de
prison ferme, exactes répliques des sentences militaires de 2013
pourtant cassées par la justice marocaine. Comme si cela ne suffisait
pas, les 24 détenus politiques sahraouis de Gdeim Izik voient encore
leur défense entravée.
Lundi soir, leurs avocates françaises, Me Ingrid
Metton et Me Olfa Ouled, qui se rendaient au Maroc pour leur rendre
visite en vue d’un pourvoi en cassation, ont été interpellées à leur
descente de l’avion, à Casablanca. « Nos passeports ont été
confisqués. Nous avons été retenues sans motif et sans aucune
notification jusqu'au lendemain 14 heures avant d'être expulsées du
territoire. Pendant plus de 18 heures, nous avons été placées sous
escorte policière au sein de la zone internationale de l'aéroport de
Casablanca et laissées sans information. Cette détention arbitraire n'a
pas pu être contestée par nos confrères marocains, en l'absence de toute
décision écrite. Nous n’avons aucune visite des autorités compétentes,
notamment consulaire », relatent-elles.
Cette expulsion n’est pas une première. Le 6 avril 2016, Me Metton,
qui défend Naâma Asfari, figure de la résistance pacifique dans les
territoires occupés du Sahara occidental, avait déjà été interpellée à
son hôtel, détenue arbitrairement à la préfecture de police de Rabat
puis expulsée. Au total, sept juristes européens dont cinq avocats et
leur accompagnatrice avaient subi le même sort, les autorités les
accusant d’être « entrés au Maroc pour semer le trouble et porter
atteinte à l'ordre public ».
« Toutes les plaintes déposées en France ont, à ce jour, été classées sans suite »
Trois mois plus tard, un arrêt de la Cour de cassation désavouait le
tribunal militaire qui avait jugé en première instance, en 2013, de
façon expéditive, les militants sahraouis arrêtés lors du violent
démantèlement du camp de protestation de Gdeim Izik, en novembre 2010.
Accusés du meurtre d’agents des forces de l’ordre tués lors de ces
évènements, ils ont donc été rejugés, à partir du 25 décembre 2016, par
la Cour d’appel de Rabat, qui n’a su produire en guise de « preuves »
que des procès verbaux consignant des aveux extorqués sous la torture.
Quelques semaines avant l’ouverture du procès, le Comité de l’ONU contre
la torture condamnait d’ailleurs le Maroc suite à la plainte déposée au
nom de Naâma Asfari par l’Action des chrétiens pour l’abolition de la
torture (ACAT).
Lire la suite https://www.humanite.fr/sahara-occidental-deux-avocates-francaises-expulsees-du-mar...
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