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Suite au énième massacre de la population gazaouie par les soldats
israéliens, je souhaite rappeler qu'il est urgent de retirer les
organisations palestiniennes de la liste européenne des organisation
terroristes. Tous les porte-parole sionistes répètent à l'envi que la
population gazaouie est composée de terroristes ou, au minimum, est
manipulée par des organisations terroristes, notamment le Hamas. Et
devant ce tsunami mensonger et haineux, pas mal de supporters de la
cause palestinienne hésitent à soutenir la résistance du peuple
palestinien et le droit de ce peuple à choisir librement ses dirigeants
et ses moyens de combats. Voici les arguments que j'avais développés à
ce sujet à l'occasion de la campagne de 2009 pour le retrait du Hamas de
la liste européenne des organisation terroristes.
Interview de Nadine Rosa-Rosso par Nicolas Lalande à propos de
l’appel au retrait du Hamas de la liste européenne des organisations
terroristes (www.elkalam.com) 1er février 2009
Pourquoi lancer un appel pour le retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes ?
L’appel est la suite de mon intervention le 17 janvier dernier au forum
international de Beyrouth sur le thème « La gauche et l’appui à la
résistance » . L’offensive israélienne contre Gaza était encore en
cours. Le but plus ou moins explicite de cette opération était
d’annihiler autant que possible les forces de résistance à l’occupation
de la Palestine depuis soixante. Il s’agit aujourd’hui en premier lieu
du Hamas. Nous avons assisté à de nombreuses dénonciations des massacres
commis contre la population gazaouie. Par contre, peu de voix se sont
élevées pour dénoncer l’objectif même de l’opération, à savoir la
liquidation du Hamas et de son implantation dans le peuple palestinien.
Une des causes de l’absence de solidarité avec la résistance
palestinienne est que toutes ses organisations se trouvent sur la liste
européenne (et américaine) des organisations terroristes. Dans son
rapport au Conseil de l’Europe de novembre 2007, le rapporteur européen
Dick Marty a conclu que « se trouver sur cette liste équivaut à une
condamnation à mort ». On ne pourrait être plus clair. Suite aux
massacres de décembre 2008 et janvier 2009, et dans la perspective des
élections européennes de juin 2009, il me semblait urgent d’exiger que
ces organisations soient retirées de la liste et d’ouvrir un débat
politique sur la reconnaissance de la résistance.
Quelles raisons ont poussé l’Europe à inscrire le Hamas sur cette liste en 2003 ?
En cette matière comme malheureusement en beaucoup d’autres, l’Union
européenne se contente de suivre la stratégie et le modèle américains.
Les organisations de résistance palestiniennes, dont le Hamas,
figuraient sur la liste américaine des organisations terroristes en
1995, sous la présidence de Clinton. Il s’agissait de mettre fin à
l’alliance entre principalement le Hamas et le FPLP qui s’opposaient aux
accords d’Oslo. Toutes les organisations (huit au total) qui s’y sont
effectivement opposées se sont retrouvées sur la « Specially designated
terrorist list » (SDT), visant spécifiquement les « personnes et
organisations qui voulaient empêcher le processus de paix au
Moyen-Orient ». L’Union européenne a repris les organisations
palestiniennes sur sa propre liste après le lancement de la « Global War
On Terror » qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, bien que
naturellement les organisations palestiniennes n’avaient rien à voir
avec ces attentats.
Vu les pressions politiques exercées sur les députés européens au profit
d’Israël (voir le rehaussement des relations entre l’Europe et Israël),
est-il concevable d’imaginer un tel retrait ?
La pression du lobby sioniste est effectivement très forte. Il existe
même une initiative parlementaire du 12 juin 2008 de députés européens
pour ajouter le Hezbollah sur la liste européenne des organisations
terroristes. Elle a reçu le soutien de 79 parlementaires européens.
D’autre part, avec la guerre contre le Liban en 2006 et l’invasion de
Gaza en 2008, la légitimité de la résistance, y compris armée, commence à
être mieux reconnue dans divers milieux politiques. Tout récemment, une
délégation de parlementaires italiens et grecs a rencontré le chef du
Hamas, Khaled Meshaal. Il devient de plus en plus clair que toute
solution de la question palestinienne se fera avec le Hamas ou ne se
fera pas. Notre appel s’adresse aux futurs parlementaires européens mais
aussi à leurs électeurs : cessez de voter pour des candidats qui
criminalisent la résistance ! Nous poserons la question aux têtes de
liste des partis candidats aux élections dans les 27 pays de l’Union
européenne et nous publierons leur réponse. Nous ne pourrons sans doute
pas obtenir satisfaction au cours de cette campagne mais nous pouvons
imposer un débat politique et faire pression sur les futurs élus. Le 26
janvier 2009, le Conseil de l’Union européenne a retiré les Mujhedin du
Peuple (Iran) de la liste des organisations terroristes. Depuis la
création de la liste européenne, cinq groupes et dix-huit individus en
ont été retirés, au total. Il est aussi encourageant que de plus en plus
de voix s’élèvent, dans les milieux politiques, juridiques et militants
contre l’existence même des législations antiterroristes.
La gauche européenne, que vous représentez, vous soutient-elle dans cette démarche ?
Je ne représente pas la gauche européenne, je suis une militante
communiste indépendante. L’appel a été lancé le 1er février et adressé,
notamment, à tous les députés européens regroupés dans le groupe des
Verts, de la Gauche Unie européenne et dans le groupe socialiste.
Jusqu’à aujourd’hui, à l’exception notable de Giulietto Chiesa (Italie,
groupe socialiste au Parlement européen), qui a immédiatement signé
l’appel, nous n’avons reçu aucune réponse des autres députés. Cependant,
des communistes très célèbres, comme Henri Alleg et Jose Saramago, ont
rejoint l’appel. Nous avons à ce jour récolté, de personne à personne,
plus de mille signatures, dont un quart de personnalités connues et de
nombreux militants de la cause européenne. Les signataires émanent de la
plupart des pays de l’Union européenne. Des signatures nous sont
également parvenues de tous les continents bien que nous n’orientons pas
nos efforts hors de l’Union européenne.
Pourquoi y a-t-il un si grand fossé entre le soutien de la gauche au
peuple palestinien et sa négation d’une partie de la représentation
politique de ce peuple, le Hamas ?
Une grande partie de la gauche et de l’extrême gauche ne peut pas
admettre qu’une résistance nationale soit dirigée par une organisation
qui a un fondement religieux, facteur aggravé quand il s’agit de
l’islam. Elle en arrive à nier la reconnaissance de cette résistance par
le peuple directement concerné, à savoir le peuple palestinien. La
gauche ne fait ainsi que s’écarter davantage des résistances dans le
monde et, en définitive, qu’aggraver son isolement dans les populations
en lutte. Le débat suscité par l’appel pour le retrait du Hamas de la
liste européenne des organisations terroristes devrait permettre, c’est
en tout cas mon espoir, d’avancer dans ce débat et de regrouper les
forces, aussi au sein de la gauche, qui militent en faveur d’un
rassemblement des résistances.
La plupart de ceux qui prônent un maintien du Hamas sur cette liste
considèrent que le retirer sans aucune condition reviendrait à soutenir
et approuver explicitement ses actions contre les civils israéliens.
Qu’en pensez-vous ?
Le peuple palestinien est dans une situation de guerre et d’occupation
depuis plus de soixante ans, face à une force militaire incomparablement
plus puissante et bénéficiant de l’appui inconditionnel des États-Unis
et, de plus en plus ouvertement de l’Union européenne. Les guerres
menées au nom de la lutte contre le terrorisme, tout comme les embargos,
ont fait des millions de morts civils dans le Golfe, en Afghanistan et
au Moyen-Orient. Reconnaître le Hamas et les autres organisations
palestiniennes comme des organisations légitimes de résistance est au
contraire le premier pas à faire, de la part de la communauté
internationale, pour contribuer à une solution juste de la question
palestinienne. Nous ne sommes pas en Palestine occupée, notre rôle n’est
pas de décider comment la résistance doit se battre mais de lui
accorder la place politique qui lui revient. Seule la fin de
l’occupation des terres palestiniennes, par une solution politique
juste, peut mettre fin aux morts des civils, quels qu’ils soient.