Primauté du droit : a-t-elle un sens pour l’État marocain ?
L’Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) est préoccupée par
l’état de santé de Claude Mangin qui mène une grève de la faim depuis le
18 avril dernier dans les locaux de la mairie d’Ivry en région
parisienne. Claude Mangin est l’épouse du défenseur des droits de
l’Homme Naama Asfari, un des prisonniers politiques sahraouis incarcérés
au Maroc suite au démantèlement violent du campement Gdeim Izig en
2010.
Si
Claude Mangin mène cette longue grève de la faim, qui aura certainement
des conséquences néfastes sur sa santé, c’est parce que les autorités
marocaines l’ont privée pour la quatrième fois en l’espace de deux ans
de rendre visite à son mari Naama Asfari, tout en l’expulsant du
territoire marocain.
L’ASDHOM
rappelle à l’État marocain, qui se targue d’être un État de droit, que
visiter un membre de sa famille en prison est un droit inaliénable
inscrit dans toutes les conventions internationales qu’il a ratifiées et
qu’il est même garanti par sa propre loi.
Tout
en déclamant son indignation face à cette privation de droit de visite,
l’ASDHOM rappelle aussi aux autorités marocaines que priver Claude
Mangin de rendre visite à son mari en prison n’est pas inclus dans la
peine à laquelle était condamné ce dernier. Cet acte de privation ne
répond donc à aucune mesure judiciaire concernant les époux Asfari.
L’ASDHOM le considère comme une vengeance tant contre les victimes,
détenues pour leurs opinions, que contre leurs familles.
En
agissant de la sorte, les autorités marocaines ajoutent de la torture
morale à la séparation physique et aux conditions de détention des
victimes de la répression, déjà très difficiles.
L’ASDHOM
demande à l’État marocain de réparer sans plus tarder cette injustice
en permettant à Claude Mangin de jouir de son droit de visiter son mari
Naama Asfari.
Elle
interpelle également le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH)
pour qu’il sorte de son silence assourdissant et qu’il agisse en
adéquation avec ses intentions, affichées tambour battant, de devenir le
cadre qui abritera le Mécanisme National de Protection (MNP) contre la
torture.
Le
bureau exécutif de l’ASDHOM réitère son soutien à Claude Mangin dans
son combat légitime pour le droit de visiter son mari et met en garde
les responsables marocains contre les conséquences dramatiques sur
lesquelles peut déboucher sa grève de la faim.
Paris, le mardi 15 mai 2018
Le Bureau exécutif de l’ASDHOM
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