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jeudi 18 octobre 2018

Asphyxié par le Maroc, le mouvement rifain s'organise en exil

Par Mohamed Siali | Rabat, 18 octobre (EFE) .-

 Le mouvement Hirak, protagoniste des révoltes sociales des deux dernières années dans le Rif, au nord du Maroc, a été étouffé par les autorités marocaines, mais commence à s'organiser en Europe avec le travail de leurs exilés et de la nombreuse communauté rifaine en Europe.
Le Hirak a été décapité à la fin du mois de mai 2017 et, au cours des mois suivants, plus de 800 de ses activistes ont été jugés et condamnés par des tribunaux marocains, dont son leader Nasser Zefzafi, condamné à 20 ans de prison.
Parmi eux, 188 activistes emprisonnés - mais pas les dirigeants - ont été graciés en août dernier par le roi Mohamed VI.
Le comportement de l'État a obligé les militants du hirak qui sont libres à entrer dans la clandestinité et, parallèlement, à faire monter en puissance l'activisme politique du Rif à l'étranger, principalement en Espagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Allemagne.
Cette montée en puissance en Europe ne se limite pas à des actions politiques occasionnelles, elle vise à concrétiser une lutte durable dans le temps, accompagnée d'un soutien politique et financier à la population du Rif qui ont des parents emprisonnés.


Dans ce contexte, plusieurs militants rifains basés aux Pays-Bas ont créé fin octobre 2017 la Fondation pour le développement du Rif (SOR) afin de financer des projets économiques dans la région au moyen de fonds qu'ils collectent auprès de bienfaiteurs rifains du monde entier.
Le président de la fondation, Hassan Buyatui, a indiqué par téléphone à Efe qu'il ne souhaitait pas divulguer le montant total de cette aide.
"Nous faisons partie du Hirak, la répression des manifestations pacifiques dans le Rif et l'arrestation de militants nous ont touchés, tant de rifains ici ont voulu aider (...) et nous avons créé cette fondation pour organiser l'aide", a-t-il déclaré.
L'envoi de ces subventions se poursuivra sans interruption jusqu'à la libération de leurs proches détenus et SOR augmentera le nombre de bénéficiaires à partir de l'année prochaine.
A long terme, la fondation envisage de soutenir financièrement la création de petits projets économiques dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche maritime et de l’éducation dans le Rif, ainsi que des projets sociaux, tels que les maisons de repos.
En France, les militants ont créé la Fédération des comités de soutien au mouvement rifain (FCSMRF). Rachid Oufkir, l'un ses dirigeants [Membre du Conseil Fédéral], a expliqué à Efe que la plus grande réussite des Rifains en Europe est la "culture de l'organisation et de l'efficacité politique".
"Avant, nous n'avions pas de structure d'activisme rifain en France, mais les circonstances de la révolte nous ont aidé à construire la FCSMRF et à fusionner des comités de soutien au mouvement actifs dans différentes villes françaises", a-t-il déclaré.
L’action en Europe inclut la sensibilisation de la communauté rifaine, la tenue de manifestations dans différentes villes européennes, la communication avec les acteurs politiques et civils, la dénonciation de la situation des droits dans le Rif et inciter les institutions étatiques et européennes à se positionner, entre autres, dans la révolte rifaine.
L'un des fruits de cette nouvelle coordination a été de faire en sorte que son dirigeant Zefzafi soit candidat parmi les trois derniers candidats au prestigieux prix Sakharov pour la liberté de conscience, décerné par le Parlement européen.
Pour sa part, l'activiste de l'association socioculturelle rifano-andalouse "Rifanda" Salua Omari estime que la priorité de l'activisme rifain est la consolidation de la conscience de son identité, fondement de toute action politique.
Il a expliqué que son ONG, composée de rifains et d'Espagnols, avait l'intention de fournir aux rifains résidents en Andalousie et aux Andalous les connaissances nécessaires sur la culture et l'histoire du Rif.
À titre provisoire, Rifanda mène des actions d’aide humanitaire et d’orientation juridique en faveur des migrants rifains arrivant illégalement sur la côte andalouse, dans le but spécifique de les guider dans leurs demandes d’asile politique.
Bien que les autorités espagnoles ne distinguent pas les rifains des autres Marocains, on suppose que ce sont les premiers demandeurs d'asile politique et qu'ils sont passés de 531 en 2017 à 756 au cours des 8 premiers mois de cette année. EFE
ms / fjo / mr
https://www.lavanguardia.com/…/asfixiado-por-marruecos-el-m…
https://www.elconfidencial.com/…/asfixiado-por-marruecos-e…/
https://www.diariovasco.com/…/asfixiado-marruecos-movimient…

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