Photo : Reuters
Appel international pour la remise en liberté immédiate de Mimmo Lucano, maire de Riace (Calabre, Italie)
Jeudi, 18 Octobre, 2018
Le
16 octobre, les juges ont levé les arrêts domiciliaires et les ont
remplacé par l’interdiction faite au maire de Riace, suspendu de ses
fonctions, de continuer à résider dans sa ville. La bataille loin de
s’arrêter doit prendre une vigueur nouvelle : d’appui à Mimmo Lucano,
auquel on interdit de circuler librement ; de soutien à celles et ceux
qui sont entrés en lutte aux côtés des migrant.e.s et des pauvres ; de
défense des valeurs fondamentales de démocratie, de justice sociale et
d’égalité, aujourd’hui en danger. Un appel international a été lancé.
Relayé par la Republica en Italie, publié aussi dans d’autres pays comme la Grèce, l’Humanité publie cet appel en France.
« Si vous avez le droit de diviser le monde entre italien.ne.s et étranger.ère.s, alors je dirai que je n’ai pas de Patrie et je réclame le droit de diviser le monde entre déshérité.e.s et opprimé.e.s d’un côté, privilégiés et oppresseurs de l’autre. Les un.e.s sont ma patrie, les autres mes étrangers » (Don Milani, 1965)
Accusé d’avoir « favorisé l’immigration clandestine » le maire de
Riace (Calabre) est aux arrêts domiciliaires depuis le 2 octobre. Il
s’agit d’une arrestation en représailles à l’action courageuse de Mimmo
Lucano, surnommé le « maire de l’accueil », qui s’était mis cet été en
grève de la faim pour protester contre la politique migratoire inhumaine
du gouvernement italien. Sa seule faute : avoir su mettre en place dans
sa commune un système d’accueil qui fonctionne.
Il a non seulement
permis d’offrir à des femmes et des hommes fuyant la guerre et la misère
des conditions de vie et de travail décentes, mais aussi à la
population locale en créant des emplois (médiateurs.trices culturels,
enseignant.e.s etc…), et en promouvant des formation inédites
(laboratoires artisanaux, fermes pédagogiques). Une réussite dans un
territoire connu pour ses mafias et son chômage. C’est cet exemple
courageux que le gouvernement italien veut punir. Mimmo Lucano a pu en
effet faire la preuve que l’accueil des migrant.e.s pouvait se conjuguer
avec le dialogue et le bien être d’une communauté tout entière. Il est
pour cela depuis quelques années sur la liste noire de tous les partis
et mouvements qui entendent faire de la peur de l’autre et de la
répression contre les migrant.e.s leur fonds de commerce politique.
L’Italie vit un moment très grave : les propos particulièrement
choquants que tiennent régulièrement le principal parti de gouvernement,
la Lega et le vice-premier ministre Matteo Salvini lèvent les tabous et
libèrent les venins les plus abominables : le racisme et la haine. Dans
le sud de l’Italie, l’exploitation éhontée des migrant.e.s fait les
affaires d’une poignée de propriétaires terriens, vrais négriers, de
nationalité italienne pour la plupart. En garantissant aux migrant.e.s
des conditions de travail et de vie décentes, Mimmo Lucano prend le
contrepied de cette exploitation. Il les protège des nombreuses
tragédies -mort de douzaines d’immigré.e.s sur les routes durant le
transport du travail aux camps où ils-elles sont entassés- qui ont
marqué l’été. C’est un acte de solidarité.
C’est pourquoi, la décision de justice contre Mimmo Lucano instaure de fait un nouveau délit, le délit de solidarité.
Face à l’offensive déclenchée par le Ministre de l’intérieur italien
Matteo Salvini contre les migrant.e.s, les pauvres et celles et ceux qui
les soutiennent, nous dénonçons cette arrestation et affirmons
publiquement notre solidarité pleine et entière avec celles et ceux
qui, comme Mimmo Lucano, sont entrés en lutte, ou s’apprêtent à le
faire.
Nous apportons notre soutien à Mimmo Lucano, à sa famille et à la
population de sa commune, face à l’acharnement d’un gouvernement de la
haine qui fait de la peur de l’autre son fonds de commerce politique.
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