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samedi 20 octobre 2018

Pour la remise en liberté immédiate de Mimmo Lucano, maire de Riace Calabre, Italie)


Photo : Reuters
Photo : Reuters

Appel international pour la remise en liberté immédiate de Mimmo Lucano, maire de Riace (Calabre, Italie)

Jeudi, 18 Octobre, 2018
Le 16 octobre, les juges ont levé les arrêts domiciliaires et les ont remplacé par l’interdiction faite au maire de Riace, suspendu de ses fonctions, de continuer à résider dans sa ville. La bataille loin de s’arrêter  doit prendre une vigueur nouvelle : d’appui à Mimmo Lucano, auquel on interdit de circuler librement ; de soutien à celles et ceux qui sont entrés en lutte aux côtés des migrant.e.s et des pauvres ; de défense des valeurs fondamentales de démocratie, de justice sociale et d’égalité, aujourd’hui en danger. Un appel international a été lancé. Relayé par la Republica en Italie, publié aussi dans d’autres pays comme la Grèce, l’Humanité publie cet appel en France.
« Si vous avez le droit de diviser le monde entre italien.ne.s et étranger.ère.s, alors je dirai que je n’ai pas de Patrie et je réclame le droit de diviser le monde entre déshérité.e.s et opprimé.e.s d’un côté, privilégiés et oppresseurs de l’autre. Les un.e.s sont ma patrie, les autres mes étrangers » (Don Milani, 1965)
Accusé d’avoir « favorisé l’immigration clandestine » le maire de Riace (Calabre) est aux arrêts domiciliaires depuis le 2 octobre. Il s’agit d’une arrestation en représailles à l’action courageuse de Mimmo Lucano, surnommé le « maire de l’accueil », qui s’était mis cet été en grève de la faim pour protester contre la politique migratoire inhumaine du gouvernement italien. Sa seule faute : avoir su mettre en place dans sa commune un système d’accueil qui fonctionne. 

Il a non seulement permis d’offrir à des femmes et des hommes fuyant la guerre et la misère des conditions de vie et de travail décentes, mais aussi à la population locale en créant des emplois (médiateurs.trices culturels, enseignant.e.s etc…), et en promouvant des formation inédites (laboratoires artisanaux, fermes pédagogiques). Une réussite dans un territoire connu pour ses mafias et son chômage. C’est cet exemple courageux que le gouvernement italien veut punir. Mimmo Lucano a pu en effet faire la preuve que l’accueil des migrant.e.s pouvait se conjuguer avec le dialogue et le bien être d’une communauté tout entière. Il est pour cela depuis quelques années sur la liste noire de tous les partis et mouvements qui entendent faire de la peur de l’autre et de la répression contre les migrant.e.s leur fonds de commerce politique.
L’Italie vit un moment très grave : les propos particulièrement choquants que tiennent régulièrement le principal parti de gouvernement, la Lega et le vice-premier ministre Matteo Salvini lèvent les tabous et libèrent les venins les plus abominables : le racisme et la haine. Dans le sud de l’Italie, l’exploitation éhontée des migrant.e.s fait les affaires d’une poignée de propriétaires terriens, vrais négriers, de nationalité italienne pour la plupart. En garantissant aux migrant.e.s des conditions de travail et de vie décentes, Mimmo Lucano prend le contrepied de cette exploitation. Il les protège des nombreuses tragédies -mort de douzaines d’immigré.e.s sur les routes durant le transport du travail aux camps où ils-elles sont entassés- qui ont marqué l’été. C’est un acte de solidarité.
C’est pourquoi, la décision de justice contre Mimmo Lucano instaure de fait un nouveau délit, le délit de solidarité.
Face à l’offensive déclenchée par le Ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini contre les migrant.e.s, les pauvres et celles et ceux qui les soutiennent, nous  dénonçons cette arrestation  et affirmons  publiquement notre solidarité pleine et entière avec celles et ceux qui, comme Mimmo Lucano, sont entrés en lutte, ou s’apprêtent à le faire.
Nous apportons notre soutien à Mimmo Lucano, à sa famille et à la population de sa commune, face à l’acharnement d’un gouvernement de la haine qui fait de la peur de l’autre son fonds de commerce politique.


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