Né le 16 janvier 1926 à Casablanca Abraham Serfaty est mort le 18
novembre 2010 à Marrakech. Ce huitième anniversaire de sa disparition
est l’occasion de lui rendre hommage.
Indépendantiste et militant politique marocain opposant au régime du
roi Hassan II, il a passé plus de 17 ans en prison où il a subi la
torture, et il a été condamné à 13 ans d'exil pour ses opinions
politiques, notamment pour son opposition à la position du Maroc sur le
Sahara Occidental. Pour cette raison et d’autres analogies, il a été
surnommé « le Mandela marocain
Pendant presque toute sa carrière politique, il aura été une épine
dans le pied des autorités de Rabat, depuis le « protectorat » français
jusqu’au règne d’Hassan II.
Juif marocain, il n'a jamais soutenu le sionisme. Après la guerre de
1967, il a pris ses distances avec Israël et a défendu le mouvement
palestinien. Il a déclaré à cette époque : "Transmettre l'image d'un
Israël démocratique est un fantasme. Vous ne pouvez pas prétendre être
un démocrate tout en opprimant un autre peuple. Le sionisme va à
l'encontre de la démocratie. J'avais 10 ans en 1936, quand mon père m'a
dit à la synagogue : « Le sionisme va à l'encontre de notre religion. » "
Sa forte personnalité lui a permis de briser les tabous et de
développer le concept de « Juif arabe ». Il n’a en effet renoncé à aucun
élément de ses origines culturelles en tant que Juif marocain et Arabe.
Il a aussi fait la preuve qu’on pouvait être à cent pour cent juif et à
cent pour cent antisioniste.
En collaboration avec Abdellatif Laabi, Serfaty a animé un journal
artistique intitulé "Souffles"., édité en arabe et en français. Il
s'agissait d'un espace créatif d'expression politique longtemps réduit
au silence par les autorités politiques coloniales puis par la
monarchie.
En tant que militant progressiste, il s’est associé aux combats de
Che Guevarra, Martin Luther King et Patrice Lumumba, dans le fil du
courant mondial voulant mettre fin aux régimes autoritaires, à la
guerre, à la pauvreté, au racisme et à la menace nucléaire.
Malheureusement, huit ans après la mort d'Abraham Serfaty, le
Moyen-Orient est toujours aux prises avec un grand nombre des problèmes
qui le préoccupaient.
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